Qui est Noor Muhammad Azhar Oozeer ?
J’ai 25 ans et je poursuis actuellement des études dans le secteur de l’informatique. J’ai eu l’opportunité de m’inscrire à de nouveaux cours ayant débuté le lundi 15, avec plus de 230 étudiants internationaux. Je me suis également embarqué dans un nouveau programme développé par l’Université de Maurice, et axé sur des cours de courte durée.
Je suis actuellement une formation « Travailler avec les jeunes ». En parallèle à mes études, j’opère dans un restaurant. Le jeudi, j’enseigne le karaté aux jeunes au stade St-François à Port-Louis. De plus, je serai co-formateur dans le programme National Leadership Engine du Conseil National de la Productivité et de la Compétitivité, où je guide d’autres jeunes dans le développement de projets communautaires. Et j’ai récemment terminé le Gold Award du programme du Duke of Edinburgh.
J’ai fondé le Dodoz Club, une plateforme pour les jeunes axée sur le développement personnel et l’engagement à travers des jeux sociaux et des randonnées. Mes hobbies incluent la randonnée, le football, la natation, les échecs, le sudoku, le slam de poésie et l’apprentissage continu de nouvelles choses.
Mon parcours éducatif a commencé à l’école primaire Abdool Rahman Government School. J’ai ensuite fréquenté l’Islamic Cultural College de Port-Louis pour mon cycle secondaire de la Form 1 à la Form 5, et j’ai complété mes études de Lower et Upper Six à l’Islamic Cultural Collège, à Vallée-des-Prêtres.
Vous avez été au conseil régional de la jeunesse de Port-Louis.
C’était en octobre 2023 pour un mandat de deux ans.
Quels sont les objectifs du Conseil régional de la jeunesse ?
Identifier les problèmes auxquels les jeunes sont confrontés et développer des projets pour répondre à ces défis. Par exemple, en mai 2024, nous avons organisé une campagne de sensibilisation contre la drogue à Roche Bois.
Le Inkerman Youth Club, désormais rebaptisé Inkerman Social Club, est composé de personnes dévouées au bénévolat. En rejoignant ce club, j’ai découvert une mosaïque de perspectives ayant profondément façonné ma maturité et mes compétences en prise de décision.
Je fais également partie de l’association Rays of Hope, où j’ai supervisé le projet Feel at Home. Rays of Hope est dédiée à la lutte contre la pauvreté à travers diverses initiatives, avec un accent particulier sur l’intégration des sans-abri. De nombreux projets dirigés par des jeunes sont en cours, comme une cuisine communautaire à Port-Louis qui sert plus de 78 000 repas chauds par an aux sans-abri et aux familles dans le besoin.
Avec plus de 100 jeunes membres, l’organisation est également un participant enregistré au programme international du Duke of Edinburgh, qui promeut le service communautaire.
Je suis Youth Leader pour le ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, où j’assiste à la mise en œuvre des programmes et recrute des participants pour diverses activités. Ce rôle m’a offert l’opportunité unique d’être arbitre d’E-sport pour l’événement international CJSOI 22.
L’éducation est sans aucun doute un droit fondamental et un pilier essentiel pour le progrès individuel et collectif. Dans mon engagement social et communautaire, j’accorde une importance primordiale à l’éducation. En tant que co-formateur du programme National Leadership Engine du National Productivity and Competitiveness Council, j’ai l’opportunité de former et guider les jeunes dans la réalisation de projets communautaires,
Mon implication dans la création et la gestion du Dodoz Club offre également aux jeunes une plateforme pour développer leurs compétences sociales et intellectuelles à travers des activités telles que les jeux de société et les randonnées éducatives. Ces initiatives leur permettent non seulement d’apprendre de nouvelles choses mais aussi de développer un esprit critique et créatif.
Chaque action et projet auxquels je prends part vise à offrir aux jeunes des opportunités éducatives qui les aideront à progresser et à contribuer positivement à la société.
Vous côtoyez beaucoup de jeunes. Quel est votre constat sur la situation de la drogue à Maurice?
La situation est effectivement alarmante et préoccupante. L’impact de la drogue touche presque toutes les tranches d’âge, y compris les jeunes, dont des écoliers, et même les personnes du troisième âge. Le récent incident d’un jeune de la capitale, victime d’une overdose, illustre tragiquement cette réalité.
Le Drug Survey 2022, réalisé par les autorités, révèle des chiffres inquiétants : environ 111 000 Mauriciens consomment des drogues, et 29 % d’entre eux ont entre 18 et 24 ans. Ces statistiques sont effectivement très préoccupantes et soulignent l’urgence d’une action renforcée.
Il est essentiel de reconnaître que la lutte contre le problème de la drogue nécessite une volonté politique forte, une collaboration interinstitutionnelle et une mobilisation communautaire. Les autorités doivent intensifier leurs efforts pour : Renforcement des Programmes de Prévention et d’Éducation: Sensibiliser les jeunes et les communautés aux dangers de la drogue à travers des campagnes éducatives, des ateliers dans les écoles et des programmes de soutien.
ll faut améliorer l’accès aux services de traitement et de réhabilitation : offrir des services de traitement accessibles et efficaces pour les toxicomanes, y compris des centres de réhabilitation et des programmes de soutien psychologique.
Renforcement de la répression et de la surveillance : intensifier la lutte contre le trafic de drogue en renforçant les mesures de répression, la surveillance des frontières et la coopération internationale.
ll faut accorder un soutien aux Initiatives communautaires : Encourager et soutenir les initiatives locales et les organisations communautaires qui travaillent sur le terrain pour aider les toxicomanes et prévenir la consommation de drogue. Il y a des efforts en cours, mais il est crucial d’intensifier ces actions et de les coordonner de manière plus efficace. La volonté de résoudre ce problème doit être soutenue par des ressources adéquates, une stratégie claire et une collaboration active entre tous les acteurs concernés.
À Maurice, bien que les différents partenaires engagés dans la lutte contre la drogue soient des travailleurs sociaux, ils n’ont pas abandonné la bataille. Cependant, face à un marché de la drogue de plus en plus dynamique et sophistiqué, il est indéniable que la consommation de drogue touche de plus en plus de jeunes.
Le rajeunissement des consommateurs de drogue est un phénomène préoccupant. Les jeunes, souvent vulnérables et influençables, sont particulièrement exposés aux risques associés à la drogue. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation : les drogues sont devenues plus accessibles, notamment avec l’émergence de nouvelles substances et la facilité de distribution grâce aux technologies modernes.
Les jeunes sont souvent confrontés à des pressions sociales, académiques et économiques qui peuvent les pousser à rechercher l’exutoire dans la drogue.
Malgré les efforts, il existe encore un déficit en matière de sensibilisation et d’éducation sur les dangers de la drogue dans les écoles et les communautés.
La glorification de la consommation de drogue dans certains médias et l’influence des pairs peuvent également jouer un rôle significatif.
D’après vous, comment procéder face à ce rajeunissement des consommateurs?
Il est essentiel de renforcer les stratégies de prévention et d’intervention ciblées sur les jeunes: il faut des programmes de prévention dans les écoles primaires, mettre en place des programmes de prévention dès le plus jeune âge pour sensibiliser les élèves aux dangers de la drogue.
Ne faut-il pas impliquer davantage les parents, les enseignants, les leaders communautaires et les jeunes eux-mêmes dans des initiatives locales de prévention?
Effectivement. Il faut revoir notre approche. Il convient de donner un accès facile et non stigmatisant aux services de soutien et de traitement pour les jeunes en difficulté. Utiliser les médias et les réseaux sociaux pour diffuser des messages de prévention adaptés aux jeunes. Promouvoir des activités sportives, culturelles et récréatives pour offrir aux jeunes des alternatives positives et constructives surtout.
À Vallée-Pitot par exemple, nous n’avons pas de centre de jeunesse où les jeunes pratiquent le sport.
En somme, il est crucial de continuer à lutter sans relâche contre ce fléau.
Aujourd’hui la vente de la drogue n’est plus limitée à certains endroits spécifiques ?
La réalité du marché de la drogue est bien plus complexe et omniprésente. Les drogues se vendent et se consomment partout, et ce phénomène a des implications graves pour la société.
Autrefois confinée à des zones spécifiques, la vente de drogues s’est étendue à divers lieux, y compris les quartiers résidentiels, les lieux de divertissement, et même les environnements scolaires.
Peut-on dire que la technologie et l’Internet ont facilité le commerce de drogues ?
Sans aucun doute. Les réseaux sociaux, les applications de messagerie et le dark web permettent des transactions anonymes et difficilement traçables.
L’apparition de nouvelles substances psychoactives, souvent vendues comme des alternatives légales aux drogues classiques, complique davantage le paysage de la consommation de drogues. Les trafiquants utilisent des méthodes sophistiquées pour distribuer les drogues, comme les livraisons à domicile, dans des lieux publics, et l’utilisation de courriers humains.
La décentralisation n’a-t-il pas rendu les drogues plus accessibles à un public plus large, y compris les jeunes et les personnes vulnérables ?
Les forces de l’ordre et les autorités sanitaires font face à des défis accrus pour localiser et démanteler les réseaux de distribution. Les efforts de prévention doivent être redoublés, avec des campagnes de sensibilisation plus larges et mieux ciblées, utilisant également les outils numériques.
Les communautés locales doivent être activement impliquées dans la lutte contre la drogue, à travers des initiatives de voisinage, des programmes de surveillance, et des actions concertées avec les autorités.
La lutte contre le fléau de la drogue ne doit-elle pas évoluer pour répondre à ces nouvelles réalités ?
Les méthodes doivent changer. Il faut une approche intégrée – combinant répression, prévention, éducation, et soutien communautaire – qui est essentielle pour relever ce défi complexe et omniprésent. Il convient de reconnaître que la lutte contre le fléau de la drogue nécessite une volonté politique forte, une collaboration interinstitutionnelle et une mobilisation communautaire.
Les jeunes sont-ils particulièrement sensibles aux questions de justice sociale, de transparence et de responsabilité ?
Beaucoup de jeunes s’engagent activement dans des causes sociales, environnementales et politiques. Leur critique des autorités est souvent accompagnée de propositions constructives et d’actions concrètes pour le changement.
N’est-il pas temps d’offrir plus d’opportunités éducatives et professionnelles aux jeunes pour les aider à réaliser leurs aspirations de manière constructive ?
Vous avez raison : il faut mettre en avant les contributions positives des jeunes à la société en vue de changer les perceptions négatives et inspirer d’autres jeunes à s’engager de manière productive.
Encourageons les jeunes à s’initier et à aller vers l’entrepreneuriat et l’innovation pour canaliser leur énergie et leur créativité vers des initiatives bénéfiques pour la société. En somme, les jeunes d’aujourd’hui ont des aspirations et des défis uniques. Plutôt que de les stigmatiser, il est crucial de comprendre leurs perspectives et de collaborer avec eux pour construire un avenir meilleur.
Avez-vous le sentiment que la jeune génération est désillusionnée par le système politique à Maurice ?
Quand ils s’expriment nous avons le sentiment que leurs voix ne sont pas entendues et que les résultats des élections n’apportent pas de changements significatifs dans leur vie.
Les jeunes peuvent avoir des priorités différentes qui ne sont pas toujours alignées sur les thèmes abordés par les partis politiques. Des préoccupations immédiates comme l’emploi, l’éducation, et le logement peuvent sembler plus pressantes que la participation politique.
Les partis politiques et les organisations civiques peuvent ne pas faire assez pour mobiliser les jeunes électeurs ou pour rendre les campagnes électorales plus attrayantes et pertinentes pour eux.
Faut-il encourager la participation des jeunes dans la politique active à participer à la vie politique ?
Il faut des campagnes de sensibilisation spécifiques pour encourager les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales et à voter. Il est possible d’augmenter la participation des jeunes aux élections et de s’assurer que leurs voix soient entendues dans le processus démocratique. Il arrive aussi que les jeunes ressentent une frustration face à la lenteur et aux complications du processus politique. Ils peuvent percevoir la politique comme un domaine où il est difficile de faire avancer les choses rapidement.
Bien que le bénévolat soit une forme précieuse d’engagement, l’implication politique reste cruciale pour apporter des changements systémiques et durables.
À mon avis, il est important d’encourager et de soutenir les jeunes à se présenter aux élections ou à occuper des postes de responsabilité dans les partis politiques et les organisations civiques.
Quoi faire pour intéresser davantage des jeunes à la politique?
Utiliser des outils et des technologies modernes pour rendre les informations politiques plus accessibles et engageantes pour les jeunes.
Il est essentiel de valoriser et de soutenir les jeunes dans leurs choix d’engagement, qu’ils soient orientés vers le bénévolat ou la politique, tout en leur montrant comment ces deux voies peuvent se compléter pour maximiser leur impact.
Avez-vous l’intention de faire de la politique ?
Je n’ai pas d’intentions ou d’ambitions personnelles en politique, je suis ouvert à l’idée de m’engager si cela peut contribuer à améliorer la société. Mon objectif principal reste de servir et d’apporter des changements positifs, peu importe la forme que cela prend.
Propos recueillis par Jocelyn ROSE