– Ce faisant, le patron de la HRD, Wayne Wood aurait enfreint ses propres « rules of racing »
– La MTCSL signe le contrat de la COIREC mais pas celui de la GRA, jugeant certaines conditions inacceptables
– Exit de la casaque bleu électrique de Ramapatee Gujadhur : « Pas question de s’associer à toute organisation dirigée par JMLS ! »
– 3 autres entraîneurs boudent l’organisation de People’s Turf : Vincent Allet, Preetam Daby et Patrick Merven…
– 40 journées à l’agenda dont 11 doubles journées pour la saison 2022
La décision de la Horse Racing Division (HRD) d’annoncer le coup d’envoi de la saison 2022 pour ce dimanche 5 juin – aussitôt que la People’s Turf PLC (PT) aura décroché sa licence d’opération de la Gambling Regulatory Authority (GRA) après avoir signé celle de l’usage du Champ-de-Mars avec la Côte d’Or International Racecourse & Entertainment Complex (COIREC) – est des plus révélatrices de ce que sera l’industrie hippique de demain.
En effet, la vitesse d’exécution de la GRA jure avec les freins appliqués dans un récent passé pour bloquer les initiatives de la MTCSL. Pire, la HRD du controversé Wayne Wood aurait enfreint ses propres Rules of Racing car ni les noms, les valeurs, les distances et ni les entrées n’ont été rendues officielles dans les délais prescrits pour cette journée de dimanche.
Auparavant, la journée avait été marquée par la volte-face de la MTC Sports and Leisure (MTCSL), qui a signé le contrat proposé par la COIREC alors qu’elle avait annoncé le contraire la veille. Toutefois, elle n’a pas signé sa licence d’opération avec la GRA, car certaines conditions dans le contrat sont jugées inacceptables (voir hors texte).
Dans ce contexte où tout sourit miraculeusement à People’s Turf et Jean-Michel Lee Shim, qui s’est offert les services de personnages controversés aux responsabilités de sa compagnie organisatrice des courses, les entraînements Ramapatee Gujadhur, Vincent Allet, Preetam Daby et Patrick Merven ont décidé pour l’heure de ne pas s’associer au Blue-Eyed Boy du gouvernement Jugnauth. Enfin, la HRD a émis tard dans la soirée d’hier, le calendrier de la saison, comportant 40 journées dont 11 doubles journées échelonnées du 5 juin au 18 décembre.
La MTC Sports and Leisure Limited a signé ces tractations avec une nouvelle volte-face, hier, dans la dernière ligne droite. Alors que les dirigeants de MTC/MTCSL avaient décidé, mardi soir, qu’ils n’allaient pas accepter la proposition de la Côte d’Or International Racecourse & Entertainment Complex de partager alternativement l’utilisation de la piste du Champ-de-Mars avec la People’s Turf PLC, hier matin, sur l’insistance et les explications de leurs conseils légaux, ils ont changé d’avis et ont fini par signer un contrat avec la COIREC et émettre un communiqué.
« Sur avis de nos conseils légaux, la MTCSL a pris la décision de signer ce contrat pour ne pas mettre en péril la possibilité d’organiser des journées de courses dans l’intérêt de nos employés et partenaires. Les membres du MTC seront consultés dans les plus brefs délais pour décider de l’avenir de leur Club », note le communiqué.
Droit dans le mur
Cette ligne de conduite a été prise à la suite d’une réunion urgente tenue le matin où étaient présents au départ Stéphane de Chalain, Nicolas Carosin, Hush Woomchurn et Benoît Halbwachs. Ils avaient été rejoints par la suite par Frantz Merven et Shalini Nagdan. Les quatre hommes de loi de la MTCSL étaient également présents, à savoir Mes Rishi Pursem Senior Counsel, Clarel Benoit SC, Gavin Glover, SC et Yahia Nazroo.
Le président Paul France Tennant, absent du pays, suivait la réunion par téléconférence.
Les hommes de loi ont convaincu les dirigeants de la MTCSL qu’il fallait accepter la proposition de la COIREC en signant le document et ce, en dépit des réserves émises par un des participants. Après que le départ des hommes de loi, trois autres participants ont soulevé d’autres points pertinents, allant même jusqu’à dire qu’il ne fallait pas signer ce contrat et puis en tant que compagnie publique, la MTCSL allait droit dans le mur.
Me Glover a eu alors, à intervenir par téléphone pour apporter des éclaircissements avant qu’un communiqué ne soit rédigé pour être envoyé aux membres du MTC et à la presse.
Même si la MTCSL a signé le contrat avec la COIREC, l’un des directeurs a laissé entendre qu’il n’est pas dit qu’il y aura de ‘partnership’ avec la People’s Turf PLC.
« Loin de là, car nous sommes toujours d’avis que la MTCSL ne peut s’associer à cette nouvelle entité pour plusieurs raisons. Ce sont les membres du MTC qui doivent décider de la marche à suivre et de l’avenir de leur club. Ils seront consultés dans les plus brefs délais. Nos hommes de loi n’ont fait que nous guider pour que justement nous ne soyons pas pointés du doigt lors de notre assemblée générale. Avec cette décision, nous nous sommes mis à couvert. Et puis, nous venons de prendre des engagements avec la banque pour honorer les salaires de nos employés. De ce fait, il était de notre devoir de nous montrer responsables », fait-on comprendre.
La MTCSL était divisée sur la question, mais en fin de compte les directeurs ont préféré écouter les hommes de loi. Cette démarche a été décriée par d’autres membres influents du MTC car disent-ils sans ambages que ce sont les membres qui doivent décider.
« Ce n’est pas une affaire légale, mais il est question de stratégie et non seulement de l’avenir, mais également et surtout de l’honneur et du prestige du club bicentenaire. Signer ce contrat avec la COIREC est une erreur monumentale qui pourrait nuire davantage à la réputation du MTC », s’insurge-t-on.
Débuts des courses le 5 juin
Entre-temps la Horse Racing Division a annoncé officiellement que la journée inaugurale de la saison 2022 sera disputée ce dimanche avec la People’s Turf PLC comme organisateur au Champ-de-Mars. Une fois le contrat avec la COIREC signé, la PTPLC allait régler le paiement de sa licence à la GRA. La HRD allait prendre la balle au bond pour sortir les conditions de courses de la première journée sans crier gare, prenant tout le monde par surprise, y compris certains entraîneurs.
Toutefois, un certain nombre d’entraîneurs, ceux qui ont dans leur box des chevaux de JMLS —en première ligne au sein de SMS Pariaz et le plus gros actionnaire de People’s Turf PLC— étaient au courant depuis le matin que la saison allait prendre son envol le dimanche 5 juin.
Du reste, ils ont fait descendre leurs chevaux du Centre Guy Desmarais dans les délais. En revanche, les autres ont été pris de court et n’ont pas eu le temps de réagir. Mais ce qui est encore plus surprenant c’est qu’après une conversation officielle avec Wayne Wood, le président de l’Association des Entraîneurs, Patrick Merven, a envoyé un message à ses collègues pour leur dire : « Dear all, take note that I had a talk with Mr Wood and we agreed to schedule the first race meeting on Saturday 11th June (condition is that the races organisers have their licences) to allow horses that have to be infiltrated be able to do it on Friday for next Saturday. I need your green light. Thanks ».
S’il avait donné sa parole à Patrick Merven pour le samedi 11 juin, comment se fait-il que Wayne Wood ait pu ramener cette journée inaugurale au dimanche 5 juin ? D’où proviennent les directives et pourquoi ? Et comment la HRD peut-elle être en violation avec ses propres règlements ? En effet, pour être en règle, les conditions de cette journée inaugurale auraient dû être publiées et rendues publiques une semaine avant.
Or, ce n’est que hier après-midi que ces conditions sont sorties. Normalement, au cas où une journée de course se tient le dimanche, les entrées doivent être officielles mardi. Or, elles ne l’ont pas été, ce qui amène à une autre violation de la part de la HRD.
Gujadhur absent de la journée inaugurale
Le Mauricien a appris de sources proches de l’écurie Gujadhur que pour la première fois dans les annales du turf local, la plus vieille écurie n’aura pas de représentant lors de la journée inaugurale, dimanche. Ramapatee Gujadhur n’est pas prêt à déroger à ses principes: « Pas question de faire courir mes chevaux sous une organisation dirigée par Jean-Michel Lee Shim ! » a-t-il dit avant même de prendre l’avion pour l’Inde. Mais il n’est pas le seul à bouder l’organisation de la People’s Turf Club car Vincent Allet, Preetam Daby et Patrick Merven ont aussi décidé de lui emboîter le pas.
Des entraîneurs qui étaient réticents, ont finalement cédé aux alléchants Stakesmoney proposés par People’s Turf qui sont supérieurs à ceux offerts par la MTCSL jusqu’ici. Si les dotations sont alléchantes, ce qui compte finalement, ce n’est pas avoir trop de chevaux dans une course mais d’avoir des épreuves compétitives.
À ce stade, Khulwant Kumar Ubheeram de People’s Turf PLC n’aura besoin de rien de la MTCSL. Ni les infrastructures ni la logistique. People’s Turf PLC a transformé le bâtiment qui abritait le casino de Jean-Michel Lee Shim, sans l’aval du propriétaire, le MTC. SMS Pariaz, qui est le locataire, est en violation de la clause 5 du contrat signé le 19 août 2020 par le CEO d’alors du MTC, Mike Rishworth et Mahendranath Dindyal de SMS Pariaz.
3 nouvelles conditions ajoutées par la GRA aux 25 existantes
Si la MTCSL a signé le contrat avec la COIREC, ce qui a du reste soulevé un tollé parmi certains dirigeants, en revanche elle n’a pas pris sa licence pour l’organisation de courses de la Gambling Regulatory Authority. Certaines conditions du contrat sont jugées tout simplement inacceptables.
Déjà, la MTCSL avait protesté énergiquement contre les conditions 4 et 10 des 25 imposées dans le premier contrat et à cet effet, une action judiciaire a déjà été initiée. Hier, la MTCSL a eu la surprise de voir que trois autres conditions sont venues s’ajouter aux 25 déjà existantes.
Condition 26: The licensee shall at all times during the duration of the licence have at its disposal and lawful possession a functional racetrack duly approved by the Horse Racing Division.
Condition 27: The Licensee shall at all times during the duration of the licence does not cause intentionally or unintentionally any damage to the racing track and related structures.
Condition 28: The licensee shall not restrict hinder or prevent in any manner whatsoever any trainer or stable from fielding any horse to race under the license of any other duly approved and licensed racing organizer.
En prenant connaissance de ces conditions, le représentant de la MTCSL a préféré ne pas apposer sa signature au bas du document, refusant ainsi de prendre la licence d’opération.
PEOPLE’S TURF CLUB SE DÉVOILE
Kamal Taposeea, président
– La première journée dédiée aux palefreniers
L’ex-président du Mauritius Turf Club, Kamal Taposeea, a été nommé président de la People’s Turf PLC. Une nomination qui n’aura surpris personne dans la mesure que cela fait plus de deux ans que le principal concerné fréquente assidûment Jean-Michel Lee Shim, même s’il n’était pas en odeur de sainteté dans ces mêmes milieux. Kamal Taposeea aura pour assistant Henri Leblanc, candidat battu de Jean-Michel Lee Shim aux élections de 2021.
Le chef de la sécurité n’est autre que Nawaz Rawat alors que Kuwar Damadarsingh a été nommé Sample Collector. Nawaz Rawat et Kuwar Damadarsingh ont travaillé pendant de longues années au MTC avant de soumettre leur démission tout récemment.
Le Clerk of the Course de People’s Turf PLC sera Nicolas Dupavillon, qui travaillait chez Ricky Maingard. Au fait, il est l’homme de confiance de Jean-Michel Lee Shim et c’est lui qui a recruté plusieurs éléments du MTC. Il a même tenté d’embaucher Stéphane de Chalain, Sébastien Poupard et même Jean-Marc Halbwachs, mais sans grand succès. Le juge du départ n’est autre que Ravi Rawa qui a fait son apprentissage au MTC, qui l’avait mis sur la touche à la suite d’une faute professionnelle.
Par ailleurs, pour tenter de marquer le coup, la People’s Turf PLC dédiera cette première journée aux palefreniers. Disons que ce n’est pas une première car le MTC célébrait déjà les palefreniers dans le passé. Ainsi, la course principale aura pour nom The People’s Turf PLC Grooms Day Cup. Chaque palefrenier recevra un cadeau de Rs 1 000 dimanche, y compris ceux qui travaillent au Centre Guy Desmarais à Floréal, alors que le palefrenier du Best Turned Out Horse —une autre compétition calquée du MTC— recevra un chèque de Rs 25 000.