La forte abstention signifie le rejet des deux blocs politiques

Ma lecture des résultats des municipales 2012, que j’ai suivis un peu via une radio sur Internet, c’est que la minorité des inscrits (45%) qui a daigné voter a remis d’actualité le duopole pouvoir (Ptr-PMSD) -opposition (MMM-MSM), mais en contraignant les deux camps à travailler ensemble pour le bien commun.
Impossible d’expliquer autrement des résultats aussi serrés, « enn vot panase », a répété un commentateur, voulant dire « un vote panaché ». J’ai pensé plutôt à « un vote panacée » !
Des écarts de quelques voix seulement ont fait la différence dans plusieurs « wards », que des présentateurs, maniant tour à tour un Kreol francisé et un français créolisé, appelaient aussi parfois « arrondissements » ou « circonscriptions », dans ce vocabulaire d’emprunt d’un baroque très mauricien – alors qu’on entendait le « Returning Officier » proclamer des résultats en anglais – le tout entrecoupé de chansons hindi, voire punjabi, du cinéma indien !
La formule 54 élus ou 3 villes pour le Remake-2000 contre 35 élus ou une ville pour l’Alliance gouvernementale cache l’étroite démarcation imprimée par les maigres votants, avec en exergue le dos-à-dos de Curepipe, où c’est le MMSD d’Eric Guimbeau qui détiendra le vote décisif.
Le taux de participation de 45% et des résultats aussi serrés laissent penser que chacun des deux blocs n’a guère récolté plus de 20% des suffrages exprimés par rapport à la totalité des inscrits – en laissant 5% aux tiers candidats, y compris le FSM qui disparaît de la carte. Que nous dit tout cela sur l’état de notre démocratie ? L’expression « vote panacée » prend alors tout son sens!
Ce commentaire appelle un corollaire, et c’est ceci : la majorité des 385.292 inscrits qui n’est pas allée voter (55%) a rejeté les deux camps « en bloc », n’ayant perçu aucune différence valable entre eux – pas de projet de démocratie locale ni de projet propre à améliorer la qualité de la vie des citoyennes et citoyens, rien sauf des vautours de rechange croassant d’impatience pour fondre sur les budgets et d’éventuels contrats favorables à eux-mêmes et à leurs bailleurs de fonds.
Sur le Remake-2000, dan karo kann depuis 2005, la victoire municipale 2012 fait l’effet d’un moribond qui ressuscite. Pour le chef du gouvernement en place depuis sept ans, il n’y a là « aucune correction » ! Il pense avoir ouvert une soupape pour laisser l’opposition écouler son trop-plein de frustrations – et pour l’occuper avec les défis municipaux (les marchands ambulants sont toujours là !) pendant que lui, premier ministre, tiendra la dragée haute aux villes, et préparera à sa guise les prochaines législatives. Il a, pense-t-il, jusqu’à 2015 pour le faire.

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