Lundi dernier, lendemain des législatives, les urnes ont livré un verdict sans appel : le rejet massif du gouvernement de Pravind Jugnauth. Car ne nous leurrons pas, plus que l’adhésion générale à la cause du changement prônée par l’alliance éponyme, il s’agissait avant tout d’un vote sanction envers le régime sortant, comme en témoigne le fort taux de participation des électeurs. Désormais au pouvoir, la coalition Ptr/MMM/ND/ReA se doit désormais de tenir ses engagements, et, surtout, comme ses dirigeants l’ont tant de fois clamé tout au long de la campagne, de reconstruire le pays. Pour autant, au-delà de la reconstruction, il ne faudrait pas que ceux-ci en oublient de « construire ». Et il va sans dire que l’on ne parle pas ici de routes ou de ponts; nous en avons déjà plus que de nécessaire.
S’il y a bien en effet une leçon à retenir des dernières années du régime MSM et de ses partenaires, c’est que le béton ne nourrit pas son homme; que le métro, aussi pratique soit-il, ne remplit pas nos réservoirs; et que l’argent, lui, ne règle pas tous les problèmes, pas plus qu’il n’assure que l’on se sente heureux et épanouis en se levant chaque matin. Alors oui, l’heure de la construction a elle aussi sonné. La construction d’un pays pouvant produire l’essentiel de nos besoins de base; d’une nation où la nature aura aussi ses droits constitutionnels; et, enfin, d’un endroit où il fera bon vivre, et où chaque composante de la nation, quoi qu’aux origines diverses, se sente unie dans un seul destin.
Maurice, en effet, n’échappera pas aux affres des défis planétaires; pire encore, le pays est promis à payer un lourd tribut à la globalisation de notre nonchalance à les affronter. Certes, Maurice ne pèse pas bien lourd face à la politique mondiale du déni, climatique entre autres. Aussi se doit-elle de relever la tête et d’élaborer de véritables plans d’action afin de s’assurer que la nouvelle génération et les suivantes puissent encore simplement y vivre. Pour ce faire, il faudra donc avant toute chose régler deux questions essentielles, à savoir l’accès permanent à l’eau et l’autosuffisance alimentaire. Avec en toile de fond une question : combien de temps dépendrons-nous encore du reste du monde ?
Autant dire que, dans cette optique, Rezistans ek Alternativ voit peser une lourde responsabilité sur ses épaules, d’autant plus que le parti n’avait jusqu’ici jamais été représenté au Parlement. En intégrant l’Alliance du Changement, Ashok Subron avait d’ailleurs pertinemment conscience qu’il avait enfin là l’opportunité d’apporter un « vrai changement » des mentalités. Sa présence dans les rangs du gouvernement est donc de bon augure, en espérant bien sûr que sa voix soit aussi entendue par ses alliés que pendant la campagne, voire que l’on lui confiera un ministère en adéquation avec son combat, comme celui de l’Environnement ou des Utilités publiques.
L’accès pour tous à l’eau et à la nourriture est en effet un droit inaliénable. Il est ainsi impensable que l’on continue de payer plus cher ce qui est produit localement que ce qui est importé. Ou encore de laisser pourrir davantage sous terre des canalisations d’eau aussi vétustes. Les experts sont unanimes à rappeler que les sécheresses s’accentueront, à la fois en termes d’intensité que de périodicité, dans les années et décennies à venir. Rien que la seule question de l’eau doit donc être réglée au plus vite.
Et ce n’est pas tout, car d’autres défis nous guettent. À l’instar du centre d’enfouissement de Mare-Chicose, et qui a été une nouvelle fois la proie des flammes. Mais aussi de la protection de notre écosystème (lagons, wetlands, forêts…). Sans compter évidemment l’accès total à des sources d’énergie propre, qui non seulement ferait baisser nos factures, mais aussi permettrait à Maurice de se positionner sur la carte des pays les plus écoresponsables de la planète. Certes, nous avons du retard en la matière, mais il n’en reste pas moins rattrapable si nous nous en donnons les moyens. Petite parenthèse : peut-être devrions-nous songer à réintroduire le concept « Maurice île durable », et dont le régime MSM s’était fait un malin plaisir de se débarrasser.
Après tout, si les défis sont nombreux, les solutions le sont tout autant. Reste désormais aux meneurs de l’Alliance du Changement de prouver aux Mauriciens qu’ils ont eu raison de leur faire confiance. Au cas contraire, nous serons là, comme nous l’avons toujours fait, pour rappeler à nos dirigeants qu’ils ne sont finalement que nos employés, et qu’en ce sens, ils se doivent d’œuvrer à la création d’une île Maurice où les citoyens pourront continuer de vivre sans crainte de trop douloureux lendemains.
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