Contemporaine ou classique, saviez-vous que la danse comporte des vertus thérapeutiques? C’est ce que l’on apprend dans le livre intitulé Dancing is The Best Medicine de deux neuroscientifiques, J. F. Christensen et D. S. Chang. Selon les auteurs, la science ou plutôt la neuroscience, qui étudie le fonctionnement complexe des cellules nerveuses dans notre cerveau, avance que la danse entretient une relation fascinante avec le cerveau au point d’influencer certaines de nos zones cérébrales. Une étude de chercheurs du Albert Einstein College of Medicine a même démontré que la danse est une activité qui permettait de renforcer la plasticité neuronale, autrement dit, l’aptitude des neurones à se remanier. Une seconde étude, celle de Frontiers of Aging Neuroscience, met en avant la capacité de la danse à ralentir le vieillissement du cerveau. Il n’est donc pas trop tard pour “faire danser notre cerveau”!
Les pictogrammes de danseurs
La danse, “premier-né des arts”, franchit les siècles et s’adapte. Selon les historiens, si les Homo Sapiens faisaient de la musique, ils devaient également danser. En effet, les figures rupestres découvertes par des archéologues dans des grottes de la pré-histoire sont les preuves de l’existence de cette pratique depuis que l’Homme est apparu sur Terre. Le Sorcier Dansant de la Grotte des Trois Frères en Ariège, France, les pictogrammes de danseurs sur des tombes en Égypte ou encore des pétroglyphes – gravures dans la pierre – de Bhimbetka en Inde, sont des témoignages tangibles de cet art millénaire.
Mais c’est bel et bien durant la période de l’Antiquité que le feu de la danse prend de l’ampleur dans certaines sociétés anciennes dont l’Égypte des Pharaons et la Grèce antique. La danse sacrée pratiquée lors des cérémonies religieuses, mariages et rites funéraires est une danse rituelle qui célèbre et glorifie le Pouvoir des Dieux. C’est aussi un moyen d’entrer en communion avec les Divinités. Depuis, cet art universel d’origine ancestrale ne cesse d’évoluer avec des styles différents aux quatre coins de la planète.
Sauvegarder une danse traditionnelle qui “procure un sentiment d’identité” et qui est transmise de génération en génération, c’est préserver notre patrimoine culturel. Héritage des ancêtres venant de l’Inde ou d’Afrique, le Geet Gawai et le Sega tipik élevés au rang de joyaux de patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, font la fierté de notre île Maurice. Il en est de même pour le tango d’Argentine, le flamenco d’Espagne ou encore la danse traditionnelle Ainu du Japon.
Balleto
Mais que dire de la richesse culturelle de la danse classique, cet art séculaire qui se distingue par son raffinement et sa grâce? Le ballet occidental, héritier du balleto, danse italienne de la Renaissance au XVIème siècle, prend de l’essor en France sous le règne de Louis XIV. En effet, la création successive de l’Académie Royale de danse en 1661, puis, en 1713, de l’École française de danse “furent une vague qui déferla sur la danse dans toute l’Europe”. Il va sans dire que le légendaire ballet de Bolchoi de Moscou perpétue la belle tradition du ballet en Russie tandis que le prestigieux bal de l’Opéra de Vienne en Autriche est une pure tradition viennoise qui remonte au 18ème siècle.
À chaque danse son histoire. En Inde, berceau de pas moins de huit formes de danse classique traditionnelle ancrées dans la mythologie hindoue et les textes sacrés, le Bharatnatyam et le Kathak puisent leurs origines dans le Natya Shastra, ouvrage de référence en sanskrit sur la danse et l’art dramatique composé par le Sage, Bharata Muni, il y a plus de 2000 ans. Originaire du Sud de l’Inde, plus particulièrement du Tamil Nadu, le Bharatnatyam, autrefois appelé sadir, est inspiré du Tandava, la danse de félicité de Shiva Nataraja, Le Roi de la danse cosmique, une des formes divines du Dieu Shiva. Au 19ème siècle, ce sont les quatre frères Tanjavur, musiciens et chorégraphes, connus comme le Quatuor de Tanjore, qui contribuent au développement de cet art ancestral. Jusqu’aux années 1930, le Bharatnatyam est la danse des devadasis, ces danseuses exécutant des rituels dans des temples en pratiquant la danse liturgique. Mais avec l’avènement du Raj britannique durant la période de la colonisation anglaise, les devadasis sont déconsidérées et discréditées. La danse sacrée ainsi interdite dans les temples, la tradition chorégraphique du Bharatnatyam a failli disparaître.
Bharatnatyam
Mais grâce aux visionnaires qui s’engagent à réhabiliter et ainsi à sauvegarder cette belle danse traditionnelle, le Bharatnatyam ne tombera pas en désuétude. Parmi eux figure Rukmini Devi Arundale, une jeune indienne brahmane, dont le riche parcours est retracé dans le livre éponyme du Docteur Avanthi Meduri. En 1936, aidée d’éminents artistes, Rukmini Devi institutionnalisera le Bharatnatyam en fondant l’International Academy for the Arts dans le Sud de l’Inde. Ce Temple de l’Art de renommée mondiale, connu comme le Kalakshetra, est une source d’inspiration inépuisable pour les chorégraphes contemporains.
Par contre, à l’extrémité de la Péninsule, un autre style de danse traditionnelle y prend naissance et traversera les âges. C’est le Kathak, dont le terme dérive du mot kathaa, qui signifie l’art de raconter une histoire à travers la danse. Le Kathak remonte à d’anciennes traditions de conteurs brahmanes, les Kathakars, qui allaient de temple en temple accompagnant leurs récits de musique, notamment ceux liés à l’adoration de Shri Krishna, et les illustrant par les danses. À partir du 13ème siècle, l’art des Kathakas passe des temples aux palais. À la fois expressif et virtuose, le Kathak est représenté sur de nombreuses scènes internationales et dans les films cultes de Bollywood, tels Devdas, Umrao Jaan et bien d’autres.
On dit que “la vie est une danse avec laquelle nous devons apprendre à valser pour en comprendre le sens.” Alors, esquissons quelques pas de danse rien que pour notre plaisir simple de la vie.