Ce 5 novembre, les Américains se rendront aux urnes pour élire le prochain locataire de la Maison Blanche. Trump ou Harris, difficile pour l’heure de le dire, tant les sondages n’auront que rarement été aussi serrés. Et si, tout comme l’immense majorité du monde, nous ne comprenons pas qu’une joute présidentielle propose une alternative aussi peu crédible que le premier nommé, en fin de compte, l’un comme l’autre s’inscriront de toute manière dans la logique de la continuité d’une politique axée sur la recherche de profits. Ce qui nous ramène d’ailleurs à nos propres élections, qui se tiendront, elles, une semaine plus tard, et qui verront principalement s’affronter deux grands blocs, composés de partis traditionnels, et dont, dans l’ensemble, la stratégie de gouvernance n’est finalement pas si éloignée que ça de la direction américaine.
Comme nous ne cessons de le répéter dans cette chronique, le principal défi de notre temps reste de se défaire d’un système axé sur la recherche permanente de capitaux, et donc d’une croissance que l’on aime s’imaginer éternelle. Système qui soustend de poursuivre notre développement sur la même trajectoire que celle entamée depuis l’ère préindustrielle, ce qui ne peut se faire qu’en continuant d’exploiter nos ressources naturelles. Or, non seulement nos ressources s’épuisent, mais, du fait de leur transformation, nous causons chaque jour des dégâts plus considérables à l’environnement. Comprenant cela, la voie la plus rationnelle consisterait donc à opter pour des politiques plus en adéquation avec ces valeurs, et par ricochet avec notre propre survie.
Pour ce faire, dans le traditionnel schéma démocratique, nous pouvons bien sûr opter, lorsqu’arrive le moment de passer aux urnes, pour des candidats ou partis ayant à cœur la question environnementale. Sauf que… tous, ou quasiment, l’ont aujourd’hui inscrite dans leur manifeste, l’item ne pouvant en effet aucunement être occulté, à la fois du fait de nos « engagements », mais aussi parce que le sujet reste cher à une grande masse de concitoyens. En d’autres termes, il s’agit d’une forme de capitalisation politique. Ensuite, quand bien même les intentions écologiques affichées seraient authentiques, les mesures qui découleraient d’un tel choix politique seraient de toute manière vaines, car devant avant tout rester cohérentes avec notre dogme capitaliste.
Ainsi, si le monde moderne (dans le sens civilisationnel) court à sa perte, les principaux responsables sont à chercher dans les hautes sphères des États, et, par extension, dans les organisations internationales les soutenant. Du moins, c’est ce qui nous vient généralement à l’esprit. Sauf que, à y regarder de plus près, nous sommes tous logés à la même enseigne. En effet, soyons honnêtes !, personne ne voudrait aujourd’hui d’un monde dont les ressources viendraient à être rationalisées. Et ce, même en sachant que ce moment fatidique finira bien par arriver. Ainsi, qui voterait pour un parti prônant ne serait-ce que la décroissance – politique qui arriverait de toute manière bien trop tard que pour inverser la vapeur ? Là encore, personne. À l’inverse, nous sommes tous prêts à accorder notre voix à ceux et celles qui nous promettent « toujours plus ».
Le principal problème est d’ailleurs là, cette notion du « toujours plus » avec laquelle nous avons grandi et dont il semble impossible de se défaire. Dès lors, pas question de transiger lorsque la question des acquis est en jeu, ce qui serait alors interprété comme une atteinte à nos libertés. Ce faisant, nous oublions inconsciemment la liberté la plus fondamentale : celle de simplement « exister ». D’ailleurs, pour en revenir un instant à la « chose politique », cette vérité est tout autant vérifiable dans les partis prétendument « écologiques », et qui, dans leurs programmes, tout en distillant c’est vrai des mesures environnementales, ne peuvent se soustraire de la logique capitaliste.
Changer n’a jamais été simple, c’est vrai, mais cela signifie-t-il que cela soit pour autant impossible ? Certes non ! En fait, nous l’avons déjà fait de nombreuses fois dans l’histoire de l’humanité, même si, le plus souvent, les nouveaux chemins empruntés nous auront été imposés par des enjeux conjoncturels plus que par la raison. Le fait est qu’aujourd’hui, nous avons choisi la voie de la facilité, du statu quo, du « toujours plus ». Et tant pis si, à force de tirer sur la corde, elle finit par casser. Le souci, c’est que nous n’en avons pas d’autre en stock. Pas plus que de planète d’ailleurs !
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