Au cours d’une énième opération expulsions à gogo, lors des travaux parlementaires du 28 novembre, laissant les rangs de l’opposition (of course !) clairsemés, d’aucuns observaient que, cette année encore, Sooroojdev Phokeer a égratigné (déshonoré ?) toujours un peu plus le noble titre de Speaker de l’Assemblée nationale. Mais c’était sans compter sur la maladresse légendaire de Pravind Jugnauth !
Son numéro de strip-tease verbal, le mardi 5, lors du PMQT, détaillant avec une délectation (nous nous garderons d’utiliser un synonyme trop péjoratif dans ce contexte précis par respect pour le statut de Premier ministre) sans pareil les frais en boissons alcoolisées entre 2010 et 2014, était tout simplement infect, indécent et peu ragoûtant ! Quel Premier ministre accepte de tomber aussi bas ? Frapper en dessous de la ceinture est l’arme des faibles. De ceux qui ne savent pas attaquer. Qui doivent s’appuyer sur la médiocrité pour se justifier. Très probablement dans un pur esprit vindicatif contre les récentes déclarations du Rouge Eshan Juman, s’agissant des coûts des boissons alcoolisées encourus par le ministère de la Santé, Pravind Jugnauth a choisi cette (dégoûtante) méthode de “retaliation”.
Ce triste épisode clôt une année parlementaire ponctuée de (trop) de grossièretés, d’inélégances et de manque de décorum. La preuve ? Les « aaah » des rangs de la majorité qui ponctuaient la diatribe de Jugnauth. Indécent ! Tant à Sooroojdev Phokeer qu’à Pravind Jugnauth, et nombre de backbenchers davantage animés de sombres desseins autres que de servir sincèrement le peuple, les médailles de la médiocrité se distribuent à la pelle. Un chef de gouvernement se distingue en se plaçant au-dessus de la mêlée.
Heureusement que du côté de la plateforme bleu-rouge-mauve, ce type de bassesse n’est pas prôné. Mieux encore, l’opposition extraparlementaire, avec Linion Moris en pôle position, Rezistans ek Alternativ (ReA) et Lalit se font respecter par leurs prises de positions, débats et thématiques qui concernent le peuple et son avenir. Préférant largement débattre des questions touchant à la cherté de la vie, aux injustices dont sont victimes certains, aux impacts du climat, à l’environnement, la cause palestinienne et celle d’autres peuples dont les droits sont bafoués. Discuter et débattre plutôt que médire. Cette attitude rend davantage justice aux Mauriciens et à leur intelligence.
Il faut arrêter de croire/penser que l’électorat, des villes comme des villages, ne réfléchit pas et boit, tels des automates, tout ce que leur débitent les politiques. Ce n’est qu’une poignée d’aveugles et de sourds, communément appelés “chatwas”, qui correspondent à ces critères. Il faut arrêter de prendre les votants pour des ploucs. Aux quatre coins de Maurice, chacun fait sa propre réflexion, a sa lecture des choses et tire ses conclusions.
Qui veut d’une île Maurice où l’on suffoque parce que dirigée par des dictateurs ? Qui veut d’un pays à la dérive, par la faute de dirigeants trop permissifs ? Nous n’avons heureusement pas ces extrêmes. Mais cela pourrait un jour nous tomber dessus si nous n’y prenons pas garde.
L’annulation du concert Afrovibes le week-end dernier reste une énigme entière. Selon certaines sources, des soupçons de blanchiment d’argent seraient à l’origine de l’affaire. En revanche, ce que l’on n’arrive pas à comprendre, c’est l’interdiction qui a frappé la tenue d’un showcase de deux grosses pointures locales, à savoir Blakkayo et The Prophecy, qui devait se tenir dans un complexe commercial flambant neuf et organisé par une franchise de fast-food internationale. Motus et bouche cousue ici. Étrange, non ?
C’est ainsi totalement justifié de la part des tourneurs de spectacles et des organisateurs d’événementiels de tirer la sonnette d’alarme. Si jusqu’ici, certaines autorités n’ont pas sévi contre certains bandits qui se sont servis de ce tremplin pour blanchir leurs sous mal gagnés, il ne faut pas pour autant mettre tout le monde dans le même panier (à crabes) !
Ces interdictions de concerts ressemblent à s’y méprendre à la tentative de tout contrôler avec le projet de réenregistrement des cartes SIM. Et que dire du Financial Crime Commission Bill, qui suscite tant de polémiques ? De graves dangers menacent notre liberté. Nous devons rester vigilants et réagir.
Un élan de solidarité et de soutien s’impose avec nos frères des Seychelles dans ce moment difficile qu’ils traversent. Vivement que des mobilisations populaires émergent à cet égard !