Le Guide - Législatives 2024

Joyeux Noël les Bisounours !

Alors que Maurice se porte mal, très mal, avec ce virus qui tue de plus en plus, les scandales qui se succèdent à un rythme effarant et ces occupants du pouvoir qui nous serinent, à chaque occasion qui leur est présentée, le refrain que « tout va bien Madame la marquise », nous ne sommes pas sortis de l’auberge.

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Quant à la question environnementale, n’en parlons pas. Ou plutôt si, tiens, parlons-en au contraire, car le pays, après tout, s’est engagé aux côtés du reste du monde pour la cause climatique.

Nous ne reviendrons pas sur l’intervention du Premier ministre à la dernière COP qui, tout en serinant à qui voulait l’entendre que Maurice honore non seulement ses engagements, mais ambitionne aussi de remplir plus tôt que prévu son cahier des charges environnemental, s’est évidemment bien caché de dire que, quelques jours plus tard, il défendrait bec et ongles l’Offshore Petroleum Bill. Histoire de voir s’il n’y aurait pas quelque part dans nos eaux turquoise moyen d’en extraire de précieuses gouttes noires.
En revanche, ce qui est plus amusant – quoi que ce soit en vérité plus consternant qu’amusant –, c’est de constater la légèreté, pour ne pas dire l’amateurisme, de certains lorsque la question du climat est abordée. Ainsi, et comme il faut bien faire bonne figure face au reste du monde, la députée du gouvernement Joanne Tour a cru bon de présenter une motion le 17 décembre dernier, lors de la dernière séance de l’Assemblée nationale, sur les efforts consentis actuellement en vue d’encourager l’utilisation de véhicules électriques chez nous.

D’un prime abord, on pourrait se dire que cette motion est « pleine de bon sens », tant il paraît évident pour le commun des mortels qu’il est « bien plus écologique » de brancher sa voiture sur une borne électrique que de faire le plein d’essence à la station-service du coin. D’ailleurs, la députée ne s’en cache pas : le véhicule électrique, elle en est certaine, « est notre avenir ».
Mais de quel avenir parle-t-elle au juste ? Celui de Maurice ou celui du reste du monde ? Ben de Maurice évidemment, sachant que, comme d’habitude, notre pays suivra de toute façon le reste du monde.

Et puisque le monde a augmenté la production de véhicules électriques, eh bien cela signifie « obligatoirement » que c’est là la voie à suivre.

Le problème, ici, c’est que la députée concernée ne s’est visiblement pas suffisamment documentée sur la question. Ainsi, en assimilant la voiture électrique à un véhicule « zéro émission » et en sous-entendant que c’est là « la » solution à nos problèmes, elle se fourvoie lourdement. En premier lieu, il faut lui rappeler que les batteries de ces mêmes véhicules, « en hausse à travers le monde », sont en vérité loin d’être “eco-friendly”. Il faut en effet savoir que celles-ci contiennent des métaux rares, comme le lithium, dont les opérations d’extraction et de raffinage sont très énergivores (en carburant fossile). Ensuite, il y a la fabrication même de ce type de véhicule, qui demande plus de matériaux et de temps d’usinage, et donc plus d’énergie fossile, puisque ces mêmes usines, elles, ne sont pas électriques.

Par ailleurs, la même députée rappelle que pour développer le parc de véhicules électriques chez nous, des bornes de recharge seront indispensables. Bien vu ! Eh oui, il faudra des bornes. Mais avec quoi les alimenterons-nous ? La députée s’est-elle seulement posé la question ? Croit-elle que ce sera avec des panneaux solaires ou des éoliennes, alors que le pays en est encore au stade embryonnaire en ce qui concerne le développement de ces énergies renouvelables (par ailleurs pas si propres que cela, elles aussi), et ce, rien que pour alimenter en électricité nos foyers ? Franchement, cela ne fait pas sérieux, mais alors pas sérieux du tout. Surtout sachant que, malgré les promesses, le charbon, comme source d’énergie, est encore largement utilisé chez nous.

Bien sûr, il est bon qu’une jeune députée, qui plus est visiblement pleine d’enthousiasme, vienne nous faire part de ses préoccupations écologiques et de ses ambitions « vertes » pour le pays. Encore faut-il que la solution proposée ne vienne pas en fin de compte aggraver le problème. Ce qui ne veut aucunement dire que Maurice doive se désintéresser des véhicules électriques, mais qu’il y a, avant d’en arriver là, encore un long chemin à parcourir afin d’éliminer toute trace de carbone de notre écosystème sociétal. En résumé, non, chère députée, harmoniser nos besoins énergétiques avec les réalités climatiques n’est vraiment pas une mince affaire !

Michel Jourdan

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