Le médecin de PTP en charge du document de certification de l’équipement de mesure de l’alcoolémie des jockeys n’a consigné une déposition à la police qu’hier
Du coup, le jockey Fayd’herbe— qui n’en est pas à sa première incartade — peut monter librement lors des deux prochaines journées, alors que son alcootest était positif
Décidément on n’est pas au bout des surprises avec les courses organisées par la People’s Turf PLC (PTP). Après les divers scandales qui ont marqué sa première année en tant qu’organisateur de courses – résultat provisoire d’une course affiche avant même son déroulement, jockey surpris au téléphone près de la Jockey’s Room, le Chief Executive Officer (CEO), Khulwant Kumar Ubheeram, intervenant dans une enquête des commissaires de la HRD, etc..) la nouvelle saison démarre avec déjà le premier gros scandale de l’année.
En effet, l’enquête, qui devait statuer sur la sentence à être infligée au jockey Fayd’herbe pour un taux d’alcool positif au Breathalyser— au point qu’il n’avait pas été autorisé à monter en course toute la journée— a été renvoyée à deux reprises déjà. Celle initialement programmée pour mercredi et reportée à hier, jeudi, a dû être annulée parce que le médecin de PTP n’a pu produire le certificat de calibration de l’appareil de l’alcootest du jockey.
Cette fois le responsable de l’équipement en question a confirmé la mystérieuse disparition du document recherché avec une attestation de déposition à la police. Cette nouvelle donne a contraint la HRD à reprogrammer l’enquête des stipes à jeudi prochain, ce qui devrait permettre à Fayd’herbe de monter impunément lors des deux prochaines journées alors que le taux d’alcoolémie excessif était confirmé positivement samedi dernier.
L’absence de ce Certificate of Calibration, apparemment égaré, entraîne dans le concret que la HRD n’a pas les moyens de confirmer l’évidence matérielle obtenue le jour des courses. Elle s’en était pourtant appuyée pour décider du Standing Down du jockey pour le reste de la journée et diligenter cette enquête.
Bref, le résultat de l’alcootest obtenu le jour des courses n’est plus valable s’il n’y a pas de confirmation de l’étalonnage de l’appareil de mesure. Ainsi la HRD n’a d’autre choix que d’ajourner l’enquête au 6 avril à 14h, donnant au médecin une semaine supplémentaire pour faire le nécessaire. L’affaire a pris une tournure plus grave quand le même médecin a déclaré qu’une déposition avait été consignée à la police, hier. Il a produit à cet effet une copie du Statement.
Complot, oubli ou incompétence ?
De deux choses : soit les préposés de la PTP font preuve d’incompétence, soit ils prennent les Mauriciens et le public turfiste pour des imbéciles. Ainsi donc, on veut faire croire que depuis que cette affaire avait éclaté samedi matin, ce n’est qu’hier, qu’il a été constaté que le Certificate of Calibration a été égaré et une déposition a été consignée à cet effet. La conséquence est que l’enquête a été maintenant fixée à mercredi prochain pour ce fâcheux et mystérieux contretemps.
Depuis cette annonce de la HRD, des interrogations fusent. Le certificat s’était-il égaré avant mercredi ? Si oui, pourquoi n’avoir pas informé la HRD aussitôt ? La question de savoir si une certification a été réellement faite se pose aussi. De même, il faut se demander si cette disparition n’est pas intentionnelle pour rendre toute action contre le jockey impossible. Y-a-t-il eu complot pour sauver le récidiviste Bernard Fay’d’herbe avec des taux d’alcoolémie positifs ?
Comme l’a fait ressortir Turf Magazine dans son édition d’hier, c’était déjà inadmissible que la HRD n’avait pas procédé au bouclage de cette enquête dès samedi comme cela se fait dans des juridictions hippiques qui se respectent, Hong Kong demeurant l’exemple en la matière. Maintenant, avec une pièce à conviction qui s’égare, comme s’étonner de la perte de confiance des turfistes dans l’organisation des courses hippiques, une confiance que n’arrive toujours pas à gagner la PTP malgré toutes les astuces déployées pour attirer le public vers l’hippodrome?
En tout cas, cette histoire ressemble fort à un complot bien orchestré afin que le Sud-Africain, que le PTP a employé comme Club Jockey, puisse être en selle ce samedi et samedi prochain, en évitant une lourde suspension, voire une expulsion du pays, vu son passif sur la question. D’autant que la HRD a modifié, cette année, les Rules of Racing pour augmenter le nombre d’années maximum qu’un jockey étranger peut travailler à Maurice. Ce qui a permis à Bernard Fayd’herbe de revenir monter cette saison encore.
En tout cas, en parcourant le programme de la troisième journée de ce samedi, les plus avisés disent que Fayd’herbe a au moins deux bonnes chances de l’emporter sur Courtroom Magic dans la course principale et Noble Trip dans l’épreuve suivante sans oublier l’outsider Trojan Quest dans la deuxième, ne partant pas battu d’avance. Quelle prime à la crédibilité à l’hippisme mauricien?
« …it could also put other jockeys’ lives at risk.»
Il faut savoir que le fait qu’un jockey ayant voulu monter, malgré le fait qu’il ait été sous influence de l’alcool —ou tout autre produit comme le cannabis ou la cocaïne – est fortement sanctionné dans des pays étrangers. À Maurice, ils s’en sortent jusqu’ici sortis qu’avec de maigres sanctions.
La politique de la British Horse Authority (BHA) est un exemple: « the emphasis in racing is on testing jockeys for any product that is performance impairing (e.g. alcohol, cocaine and cannabis). Unlike some sports where the use of a proprietary nasal decongestant could result in a lengthy suspension, the focus is on providing a safe arena for competition in the most dangerous of all professional sports. Any impairment of performance could not only pose a serious risk to the safety of the jockey concerned but it could also put other jockeys’ lives at risk…Anyone failing the test twice will be stood down from riding for the day. Further disciplinary action will depend on the levels of alcohol found. Once the Panel has decided upon the level of culpability, they will then decide upon sanction».
Pour les cas d’alcoolémie sévère, les sanctions varient de 28 à 60 jours pour une première offense, de 90 à 120 jours pour une récidive dans les deux ans à un alcootest plus marqué et de 60 à 180 jours pour un troisième délit dans les trois ans sans limite du taux d’alcool. Il serait intéressant que la HRD rende publiques ses recommandations en la matière.