Laisser des gosses vivre sous des tentes, dont certains qui coulent et prennent l’eau, par un hiver qui a été des plus rudes chez nous, cette année, avec des pics de froid et de longs épisodes pluvieux tandis que d’autres sont contraints de dormir dans des cases rafistolées de plusieurs feuilles de tôles, rouillées et trouées. Est-ce juste ? Est-ce humain ? Est-ce acceptable à Maurice, en 2020, de laisser nos enfants, des êtres innocents et vulnérables, être (mal)traités de cette façon ? Uniquement parce qu’ils sont des enfants de squatters, donc, ils sont logés à une enseigne qui leur interdit le droit à un toit décent !
Cela fera bientôt trois mois que ces enfants de Maurice ont été abandonnés par les autorités locales. Quel ministère a daigné lever le petit doigt pour essayer de soulager leur calvaire, ne serait-ce que s’enquérir de leur état physique et mental ? Toute tentative a surtout eu pour effet de les menacer de les enlever à leurs familles, et ainsi, leur faire subir un double traumatisme. N’est-ce pas là de l’irresponsabilité de la part du gouvernement ? De la part de son Premier ministre que de son ministre du Bien-être de la Famille, en passant par ceux du Logement, de l’Éducation, de l’Intégration sociale…?
S’il estime qu’il n’a pas d’excuses à présenter au peuple mauricien pour ce qui est de la gestion en amateur, lamentable, approximative, de l’échouement du MV Wakashio et de la catastrophe écologique qui en résulte, en revanche, Pravind Jugnauth aura à se faire pardonner des enfants de squatters qu’il a abandonnés à eux-mêmes, à voir comment, avec le soutien de leurs parents et de quelques bénévoles, ils vont se sortir de ce guêpier, afin de ne pas grandir en portant les cicatrices et des blessures d’un aussi grand traumatisme !
Car, oui, ces enfants, des plus petits aux plus jeunes, sont affectés surtout psychologiquement par les violences psychique, verbale et morale, qu’ils vivent depuis fin mai dernier. Des études menées par des bénévoles qui les encadrent au mieux de leurs possibilités le prouvent, d’ailleurs. Les 95 enfants qui se retrouvent à Pointe-aux-Sables, Riambel et Malherbes n’ont pas demandé à être traités comme cela. C’est inhumain et révoltant de traiter ainsi des enfants de la République. Le gouvernement ne peut pas s’en sortir aussi facilement, en détournant le regard, ou en feignant l’indifférence.
Tout aussi irresponsable, la gestion de la catastrophe écologique causée par le MV Wakashio, pour y revenir. Un total manque de professionnalisme, une lenteur inexpliquée et injustifiée, une politique approximative font, qu’au final, outre de voir notre lagon souillé pour des années, des hommes et des femmes perdre leur emploi déjà précaire, les Mauriciens pourraient se retrouver aussi avec des poissons toxiques dans leur plat ! Alors qu’on se frottait les mains de pouvoir, pour une fois, se permettre d’avoir du bon poisson dans nos cuisines, le quota habituel n’étant pas dirigé vers les établissements hôteliers, la plupart étant encore fermés, le manque de réaction du gouvernement a pour effet que les eaux des lagons sont empoisonnées par les huiles et autres liquides toxiques émanant du MV Wakashio pour nous priver d’un grand volume de nourriture saine ! D’ailleurs, le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, a lui-même confirmé à l’Assemblée nationale un fort taux de toxicité, ainsi que l’a rapporté Le Mauricien.
Et que dire de la gestion de ceux qui se trouvent en quarantaine dans les différents centres autour de l’île ? Malgré plusieurs cas, un autre patient s’est permis de jouer la fille de l’air, cette semaine, allant rencontrer ses proches sur la plage ! Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de cas dans l’ensemble de la population qu’il faut baisser la garde : la COVID-19 demeure bel et bien une menace immense !
Et c’est encore et toujours l’irresponsabilité qui fait que, on ne cessera de le répéter, on ne sait toujours pas comment sont morts plusieurs détenus en prison, cette année…
Ce gouvernement peut, s’il arrête de jouer à l’autruche et se fourrer la tête dans le sable, ou encore envoyer des satellites dans l’espace, se racheter. Pour cela, il lui faudra déjà avoir l’humilité de reconnaître ses torts, et réparer ses erreurs.