INSPIRATIONS – Un instant, en symbiose avec la bienveillance

PRAVINA NALLATAMBY

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Dans la présente crise sanitaire, les jours passent et se ressemblent. Quelque chose nous a échappé ? Qui n’a pas pleuré la perte brutale d’un proche ces derniers temps ? Le nombre de gens noyés dans un profond désarroi s’accroit. Dépossédées d’un lien avec un être cher, les familles endeuillées luttent pour se libérer du joug de leur impuissance. Les disparus s’éloignent avec une part de notre vie… Nous vivons un traumatisme planétaire  innommable avec chaque déchirement quotidien ! Que sommes-nous face à la mort ? On ne sait comment se défaire des pensées de révolte face à l’injustice ni comment se libérer de cette angoisse qui nous étreint le cœur à l’idée des deuils à venir. Le calcul froid des données avec des chiffres reflétant prévisions et estimations nous permettrait, parait-il, de sortir de cette impasse. Un savoir vain… !  Habitées par une indignation sourde, les familles endeuillées cherchent encore le comment et le pourquoi ? Où trouver la bienveillante sollicitude qui allègerait le poids de la douleur, qui les aiderait à combler le vide après avoir pleuré toutes les larmes de leurs corps ? Il faudra beaucoup de temps pour se réconcilier avec les étranges contradictions de la pandémie.

« Vanité du savoir », Huile sur toile, Alonso Guttierez, Château de Villandry, France

Faisons silence un instant. Face à la cacophonie ambiante et aux troublantes dissonances, pourquoi ne pas faire taire les paroles qui divisent et dire halte aux pensées vaines qui déstabilisent ? Qui sait, peut-être, dans ce silence, trouverait-on une réponse inattendue. On décèlerait une piste pour réapprendre à vivre dans ce monde ébranlé. On forgerait un nouvel équilibre avec d’autres paramètres pour modeler nos vies. Quand les repères tombent, changer de perspective permet de poser d’autres jalons pour tracer un nouveau chemin. Juste un instant, on pourrait ranger nos livres de comptes et de philosophie, oublier les bilans et les courbes pour contempler enfin ce qui nous fait vraiment respirer, ce qui nous porte et nous maintient. Laissons nos savoirs dans nos tiroirs. Mettons en mode veille nos connaissances livresques, parfois trop encombrantes. Changeons de mode d’écoute et activons d’autres antennes pour capter la bienveillance qui nous entoure, même dans les lieux les plus insolites. Et si, pour ne pas souffrir de l’absence d’un être cher, on se mettait en symbiose avec la légèreté de la libellule, avec l’arbre bien ancré dans ses racines, avec la montagne solide et immuable ?

Et si on apprenait tout simplement à repérer la générosité qui résonne dans chaque onde qui vibre autour de nous ? La nuit tombe vite à l’approche du solstice d’hiver. Les étoiles qui assistent à la ronde ouatée de la lune sont fidèles au rendez-vous nocturne et miroitent gaiement dans le ciel, renvoyant leurs ondes lumineuses dans nos nuits sombres. Avec des trésors bien cachés, la terre a mille secrets à nous révéler et ne cesse de nous éblouir. Il suffirait de faire les choses en toute simplicité en ouvrant notre cœur pour accueillir la plénitude de la nature : tendre la main et laisser y poser délicatement une coccinelle ou voir s’épanouir une rose à l’aube dans son jardin ; lever le regard vers le ciel, s’imprégner de la clarté de la lune gibbeuse merveilleusement éclatante dans la voûte étoilée ; marcher pieds nus sur la plage, sentir le sol sous ses pieds et surtout, exprimer, à notre tour, de la gratitude. Parfois la canicule nous pèse, mais sans soleil, pas de lumière ni d’énergie ! Les cascades et les ruisseaux sont en danger. Et pourtant… Connait-on la générosité des épines ? Pour lutter contre l’assèchement des nappes phréatiques, les cactus se dressent fièrement dans le désert. Saluons leur ténacité ! Sous nos pieds, un illustre réseau filamenteux travaille avec une grande intelligence pour dépolluer le sol et le recycler afin de nourrir les plantes. En effet, invisible à l’œil nu, le mycélium veille à sa façon sur le système immunitaire de la planète.

Après l’instant de silence, si on choisissait d’agir et de faire un geste de générosité en pleine conscience en harmonie avec la terre qui nous porte et nous nourrit ? Pourquoi ne pas contribuer à sa manière au respect de la biodiversité et entendre de nouveau vibrer la mélodie des arbres ? Pourquoi ne pas apprécier les épines des cactus et des roses à leur juste valeur ? La détresse intérieure pourrait s’atténuer si on accueillait du fond du cœur les ondes de bon augure comme cette imploration faite aux entités spirituelles et extraite du Mandukya Upanishad. Cette prière nous invite à nous mettre à l’écoute de la bienveillance.

Om Bhadram Karnebhih Shrunuyaama Devaa

Bhadram Pashyemaakshabhih Yajathraah !

Que la lumière de la nouvelle année 2022 rayonne pour élargir notre horizon actuellement voilé par la brume et qu’elle éclaire notre chemin en toute sérénité !

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