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Inspiration : Aux pays des Jeux Olympiques, jouons à la philatélie*

Pravina Nallatamby et Jyoti Nallatamby**

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À l’heure où Paris se mobilise pour l’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été, la ville lumière est en émoi pour rendre les JO plus attractifs en dépit d’un climat particulièrement tendu. Le charme d’un si grand événement réside aussi dans la faculté de s’adapter avec son temps tout en conservant une part de tradition.

Comment éveiller la curiosité des gens et mesurer leur véritable intérêt pour ce grand événement mondial ? Mille idées fusent de partout. Marjane Satrapi, célèbre artiste récemment élue membre de l’Académie des Beaux-Arts, a pour sa part, fait réaliser une tapisserie olympique par l’atelier des Gobelins. Ce chef-d’œuvre artistique de neuf mètres de long, sera exposé à l’hôtel de la Marine, place de la Concorde à partir du 21 juin. Elle met en lumière les deux sports introduits aux JO de Paris 2024, le skateboard et le breakdance, et souligne la parité homme-femme tout en faisant un clin d’œil aux JO de 1924 à Paris avec la représentation d’une lanceuse de javelot. Dans cette même veine, l’art de la philatélie des JO pourrait également susciter l’intérêt des jeunes…

La philatélie au service des Jeux Olympiques

L’essor d’Internet avec la révolution des médias suivie de la flambée des communications électroniques a eu un impact sur l’utilisation des timbres-poste. À l’occasion des JO de Paris, ceux-ci pourraient retrouver une nouvelle vie grâce à des jeux ludo-éducatifs permettant aux jeunes de se réconcilier avec l’histoire du monde…

Témoin de l’histoire et du patrimoine mondial, le timbre-poste peut nous émerveiller à plusieurs titres grâce à la variété de ses mentions et de ses illustrations. Depuis sa création en Grande Bretagne en 1840 au moment de la réforme postale réglementant le paiement de l’affranchissement par l’expéditeur, le timbre-poste a beaucoup évolué. Après le premier « Penny Black » représentant le profil de la Reine Victoria, il s’est décliné en plusieurs teintes et en diverses catégories. En cette période d’effervescence précédant le grand rassemblement sportif dans la capitale française, on pourrait revisiter les richesses insoupçonnées de ces petites vignettes devenues de véritables objets d’art. Avec la thématique des JO, en associant les pays de tous les continents, la philatélie nous fait vivre des émotions très fortes au fil du temps, nous racontant mille et une histoires !

Plongeons dans ce bel univers artistique pour suivre quelques grands moments historiques qui ont jalonné des JO à travers une modeste collection de timbres. Commençons ce parcours avec le flambeau olympique, symbole de paix, rayonnant sur un timbre français en faveur des JO d’hiver de Grenoble en 1968. Puis, revenons un peu en arrière avec un timbre grec très ancien daté de 1896 représentant deux lutteurs nous rappelant la renaissance des premiers JO en Grèce par Pierre de Coubertin. En 1963, le centenaire de sa naissance sera mis en valeur par un timbre monégasque. Exactement un siècle de cela, en 1924, la France est à l’honneur avec les premiers JO d’hiver à Chamonix et les jeux d’été à Paris ! Sur un timbre de la ville d’Ajman, une photo en noir et blanc indique la ligne d’ « arrivée » sur une piste de bobsleigh. Quelques timbres français émis en 1924 reflètent la dimension féminine des JO avec une femme tenant une Victoire ailée ainsi que la noblesse du sport avec le serment solennel d’un athlète et la représentation d’un grand champion olympique de l’Antiquité, Milon de Crotone. Qui réalise ces magnifiques objets d’art, riches d’enseignement ? Le talent des artistes graveurs et dessinateurs de timbres ne saurait passer inaperçu. Par exemple, pour les JO de 1952 à Helsinki marqué par l’exploit du grand athlète tchécoslovaque Emil Zatopek, on peut se rappeler également André Jacquemin, célèbre artiste et Académicien, qui signe une très belle série de timbres français représentant six disciplines sportives : la natation, l’athlétisme, l’escrime, le canoë, l’hippisme et l’aviron. En 1964, Tokyo, accueillant les JO pour la première fois dans le continent asiatique, est vivement encouragé par l’émission des timbres à travers le monde : on peut noter, par exemple, le Nicaragua, le Yémen, les Emirats Arabes Unis, la Pologne, La Roumanie, la Hongrie et Monaco, représentant les différentes disciplines sportives d’été. On retrouve un soutien analogue lorsque les pays comme la Hongrie, le Nicaragua, le Paraguay, le Sao Tomé-et-Principe, le Tchad, la Guinée équatoriale, le Cambodge et la Russie soutiennent le patinage artistique, le saut à ski, le ski alpin et le bobsleigh pour les JO d’hiver en 1984 à Sarajevo avant que la ville vive son tragique destin. On peut noter que la « Magyar Posta », célèbre et incontournable opérateur de poste de la Hongrie, propose de très beaux timbres ! Dans notre collection, l’île Maurice, avec trois autres pays, la Hongrie, le Sao Tomé-et-Principe et la Guyane anglaise, affichent un soutien très coloré à la Corée du Sud, un pays d’Asie en pleine voie de démocratisation au moment des JO de Séoul en 1988.

Les timbres de chaque pays dévoilent leurs couleurs politiques et leurs visions du monde à travers leur créativité. Pour les JO de Rome en 1960, alors que la France nous rappelle l’histoire d’un grand athlète marseillais, Jean Bouin, médaillé de bronze pour les 5000 mètres aux JO de 1912 à Stockholm, la Magyar Posta émet une série de sept timbres représentant des silhouettes d’athlètes romains gracieusement vêtus de leurs costumes d’époque. En Asie, trois timbres de la Mongolie mettent en valeur trois anciens sports olympiques : la lutte, la gymnastique et la course. Pour les JO de Munich 1972 marqués par des événements tragiques, un timbre français « sobre » représentant un athlète en train de franchir une haie semble nous suggérer le deuil à venir. Les timbres émis par la Magyar Posta et la Guinée équatoriale, en revanche, présentent un contraste impressionnant. Sources d’inspiration, ces petites vignettes arborent les prouesses des athlètes du monde entier dans leurs disciplines en glorifiant les champions dans l’auréole de leurs médailles d’or.

Le timbre olympique,  un outil pédagogique en classe de FLE

La philatélie permet de souligner la solidarité entre les pays et de comprendre l’enjeu international des Jeux Olympiques. À l’occasion des JO 2024 à Paris, l’exploitation pédagogique des timbres pourrait être une véritable valeur ajoutée dans les classes de FLE (Français Langue étrangère) en général. On peut créer des jeux ludo-éducatifs pour les apprenants comme le mime, l’identification des drapeaux, le jeu de memory ou un quiz pour étudier le champ lexical des JO.

D’abord, il faut introduire le thème philatélique avec une présentation Powerpoint en employant un vocabulaire simple pour expliquer les différentes mentions comme la date des JO, le pays d’accueil, le nom des JO dans la langue du pays émetteur, telle ou telle discipline sportive. De cette manière, les élèves verront le lien amical entre les pays et comprendront que le pays d’accueil n’est pas le seul concerné par cet événement de grande ampleur. Les apprenants pratiquant un sport vont aussi se reconnaitre dans les valeurs transmises par les JO car les JO reflètent celles du sport en général comme l’esprit d’équipe, la discipline, la persévérance et la tolérance. Pour approfondir, on peut montrer que le timbre émis à l’occasion de ce grand événement sportif fait redécouvrir l’histoire des différents pays. On peut expliquer les valeurs et les symboles olympiques, le choix d’un emblème ou d’une représentation artistique sur un timbre. Par exemple, une série de timbres yéménites représentant cinq tableaux de Raphaël à l’occasion des JO de Mexico 68 peut faire l’objet d’une exploitation pédagogique aussi bien sur la peinture italienne que sur les JO de 1968 et le Yémen. Lors des JO de Munich 72, la Guinée équatoriale propose sept timbres très intéressants pour un cours de FLE en Allemagne ! Sur fond de grands monuments bavarois tels que la Marienplatz et la Maison de l’Art de Munich, on découvre, par exemple, des champions olympiques afro-américains au premier plan comme Jesse Owens, quadruple médaillé d’or aux JO de Berlin en 1936 et Joseph Frazier, médaillé d’or de boxe à Tokyo en 1964.

La trêve olympique, une leçon de vie ?

Avec de telles illustrations, véritables sources d’inspiration, ces timbres semblent remplir une double fonction pédagogique : ils apportent non seulement un nouvel éclairage sur les événements historiques mais ils soulignent aussi l’importance de la trêve olympique. Lors des JO d’hiver d’Innsbruck en 1976, quatre ans après le drame munichois, la Guinée équatoriale rappelle les JO de Saint Moritz en 1928 et 1948 respectivement avec deux timbres ayant pour emblèmes le drapeau suisse, les anneaux olympiques et un soleil éblouissant…

Ravivons la flamme philatélique capable de promouvoir l’idéal olympique en proposant des outils pédagogiques…

* Nous tenons à remercier vivement M. Gilles Pilatte, expert en philatélie à Paris, pour ses conseils très judicieux.

** Titulaire d’une licence en LEA anglais-allemand à l’Université de la Sorbonne Nouvelle, Jyoti Nallatamby travaille actuellement comme assistante de langue française à Berlin.

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