Indice Mo Ibrahim : sérieux revers pour Maurice

La République de Maurice a connu un sérieux revers pour son image sur le plan africain après avoir été détrônée de la première place qu’elle a occupée au niveau de l’indice Mo Ibrahim depuis sa création, en 2007. Elle a été dépassée par les Dallons des Seychelles, qui occupent désormais la première place, et de belle manière.
L’indice Mo Ibrahim, publié annuellement, mesure la performance en termes de gouvernance dans les pays africains sur une durée de dix ans. La Mo Ibrahim Foundation, qui est à l’origine de cet indice, définit la gouvernance « comme la fourniture des biens publics politiques, sociaux, économiques et environnementaux que chaque citoyen est en droit d’attendre de son gouvernement, et que chaque gouvernement a la responsabilité de fournir à ses citoyens ».
Le pays se retrouve dans cette catégorie aux côtés de dix autres pays, à savoir le Botswana, le Burkina Faso, l’Eswatini, la Guinée, le Mozambique, le Nigeria, le Sénégal, le Soudan, la Tunisie et l’Ouganda.

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À l’exception des infrastructures où Maurice a connu une amélioration, elle a connu une détérioration dans plusieurs secteurs clés, notamment l’administration publique, le développement humain (-2,6), la gouvernance globale (-4), la participation, des droits et l’exclusion (-7,7), la sécurité et la sûreté (-5,5), ou encore l’état de droit (-4,9).
Maurice a toujours été fière de son classement au niveau de l’indice Mo Ibrahim, qui nous présentait comme un exemple en matière de gouvernance en Afrique. Cet indice est également pris en compte par les étrangers intéressés à investir à Maurice. Or, le rapport de Mo Ibrahim cette année constitue un coup de rotin bazar magistral à Maurice. Il semble que la sonnette d’alarme tirée par le rapport annuel depuis quelques années soit tombée jusqu’ici dans l’oreille de sourds.

Le rapport pointe du doigt la plupart des éléments qui ont été évoqués à Maurice, notamment la mauvaise administration publique, l’État de droit, la transparence et la redevabilité, ou la lutte contre la corruption. On se demande ce qu’aurait été notre classement si l’indice de Mo Ibrahim devait prendre en compte les Missie Moustass Leaks, qui ont suscité un dégoût au sein de la population, avec cette idée que Maurice est un pays sous surveillance. L’image du commissaire de police est sérieusement écornée. Le comportement du même commissaire de police qui remet actuellement en cause les pouvoirs du DPP et sur les épaules duquel repose la sécurité donne froid dans le dos. Les enregistrements diffusés montrent qu’il n’a aucun respect pour les religions et les valeurs, qui constituent pourtant le fondement de la société mauricienne, poussant politiciens, religieux et membres du public à réclamer sa démission.

Par ailleurs, les révélations de Missie Moustass mettent à rude épreuve la réputation de Maurice à l’international. D’ailleurs, le député Nigel Farage n’a pas raté l’occasion de demander au Parlement britannique si, tenant compte du fait que les appels téléphoniques de la haute commissaire étaient placés sous écoute, l’accord politique conclu entre Maurice et la Grande-Bretagne valait le papier sur lequel il était écrit.
Pire : il a placé le chef de l’Église catholique dans l’embarras, au point que ce dernier s’est vu obliger de demander pardon dans un communiqué diffusé hier. Mgr Durhône a renouvelé sa demande concernant l’institution d’une instance indépendante et crédible pour enquêter sur les allégations faites sur les bandes sonores. « Ce n’est qu’à travers cela que sera rétablie la confiance dans nos institutions, fondement de notre démocratie », fait-il comprendre. Il a par la même occasion lancé un appel aux citoyens et aux hommes politiques de tout mettre en œuvre pour que les élections, prévues dans 15 jours, se déroulent dans la paix, « afin que nous puissions vivre dans un pays où règnent la justice, la solidarité et la paix ».
Il est heureux que le Nomination Day se soit déroulé dans le calme. Tout le monde souhaite que les élections se passent dans la même atmosphère. Pour le moment, les yeux sont tournés vers le commissaire de police. Personne ne sait combien de temps il sera encore en fonction.

Jean Marc Poché

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