La présidente de l’Ukrainian Association of Mauritius, Tetiana Palamarchuk, et ses membres ont animé un atelier de “pysankas”, soit l’art de la décoration des œufs de Pâques, à l’Institut français de Maurice (IFM), le samedi 24 août, dans le cadre de la célébration de la fête nationale ukrainienne. Un art traditionnel que les enfants et les adultes ont pris beaucoup de plaisir à découvrir. D’autant que la décoration se faisait avec de la cire.
Assis autour des trois tables installées dans une des salles de l’IFM, les participants à l’atelier prennent connaissance du matériel : un crayon à papier, une bougie, des coques d’œufs dans une boîte à œufs, une fine plaque de cire d’abeille et … un instrument ressemblant à un entonnoir fixé à un manche en bois. Tetiana Palamarchuk ne tardera pas à expliquer de quoi il s’agit : c’est un «kistka », ou « ryl’tse ».
D’abord, chaque participant prend une coque d’œuf, soit avec des motifs déjà dessinés, soit il les fait au crayon à papier, selon son choix : une série de dessins traditionnels, soit des formes géométriques, des animaux ou des végétaux avec des explications succinctes, est distribuée. Il faut faire attention car les coques sont fragiles. Elles sont toutes blanches et ont été spécialement apportées par Mme Palamarchuk de l’Ukraine. « Les coques à Maurice sont plutôt de couleur marron », fait-elle ressortir. Or la couleur de la coque est utilisée pour donner un effet recherché à l’objet décoré.
On se passe une flamme pour allumer les bougies. Tetiana Palamarchuk invite chacun à se saisir de son kistka et à le chauffer sur la flamme. « Jusqu’à ce qu’il devienne noir », dit-elle. « Et c’est normal ! ». Attention, cependant à ne pas brûler le manche fait de bois.
Ensuite, tenant la cire d’abeille dans l’autre main, on passe délicatement la partie supérieure du kistka sur le bord pour en prendre un peu. Elle fond et coule dans la réserve de l’instrument avant de descendre par le tube. Petit test sur du papier pour prendre la pleine mesure de la manière et de la quantité de cire qui coule avant de l’appliquer précautionneusement sur les motifs déjà tracés sur la coque de l’œuf. La tâche est minutieuse. La concentration de mise. On ne couvre que les parties qu’on souhaite voir rester blanches. « Il faut aussi couvrir le petit trou par lequel on a vidé l’œuf avec de la cire liquide pour que la couleur ne pénètre pas à l’intérieur de la coque », souligne Mme Palamarchuk en faisant une démonstration.
Une fois la tâche terminée, un à un, les participants se dirigent vers la table basse sur laquelle sont disposés des pots avec du colorant liquide : du rouge, du bleu, du jaune et du vert. On choisit sa couleur. On plonge son œuf dans le pot et le pèse avec une cuillère à bouche pour l’empêcher de remonter à la surface. On attend quelques secondes avant de le retirer. Le temps d’attente dépend de l’intensité de la couleur qu’on souhaite avoir, souligne l’intervenante. On tamponne la coque pour absorber le surplus de liquide coloré. Tetiana Palamarchuk invite ceux qui souhaitent le teindre d’une autre couleur à faire des pois ou autres motifs avec de la cire. Et de revenir le plonger dans la couleur de son choix.
La dernière étape consiste à enlever la cire. Avec prudence, on tient la coque sur le côté de la flamme : juste un peu de chaleur pour faire fondre la cire qu’on essuie avec du papier. « Si la coque est trop chaude, faites une pause ! » Les enfants sont assistés par des adultes. Le résultat est bluffant ! Chacun est fier de sa création.
« On devrait avoir plus d’ateliers de ce genre pour découvrir d’autres cultures », fait ressortir au Mauricien Noveena, membre actif d’une organisation non gouvernementale engagée dans la préservation de la faune et de la flore locales. Noveena a appris la tenue de cette journée par des amis et a souhaité s’y joindre pour découvrir la culture ukrainienne. Son amie, Johanne venant du secteur textile, quant à elle, apprécie la fierté des Ukrainiens, leurs cultures et traditions. « Je recommanderai chaudement des ateliers similaires. Et autour du patrimoine mauricien ! » fait-elle ressortir. Les enfants sont tous aussi joyeux de leur expérience et de leurs créations. En petit groupe, ils quittent la salle pour se diriger vers l’amphithéâtre pour voir le film au programme, emmenant avec eux leurs pysankas, finement décorés.
En Ukraine, la technique du pysanka se transmet de génération en génération. À l’origine, il était peint par des femmes et des jeunes filles. De nombreuses significations lui sont attachées. Le pysanka était même considéré comme un talisman pour se protéger contre les forces du mal.
Moment solennel
La journée de l’Ukraine à l’IFM a été marquée par un moment solennel avec la diffusion de l’hymne national de pays, « L’Ukraine n’est pas encore morte » qui a précédé à la partie musicale. L’occasion pour les invités présents de découvrir la musique traditionnelle ukrainienne ou de se remémorer les souvenirs du temps vécu en Ukraine.
La matinée a été marquée par une cérémonie officielle à laquelle ont assisté, entre autres, les membres du corps diplomatique de France, d’Australie, du Royaume-Uni, des États-Unis, de l’Union européenne et de Maurice. Tetiana Palamarchuk a ensuite animé un atelier de création du “vinok”, la couronne florale traditionnelle ukrainienne. Et à l’heure du déjeuner, les personnes présentes ont pu déguster de nombreuses préparations ukrainiennes. Les membres de l’association nouvellement créée, l’Ukrainian Association of Mauritius, avaient également mis en exposition-vente des produits d’art et d’artisanat traditionnel.
Les célébrations ont pris fin avec la diffusion du film Mes pensées sont silencieuses, du réalisateur ukrainien Antonion Lukich. Par ailleurs, pendant toute la journée, le public a pu apprécier le travail artistique de Maria Prymachenko, artiste ukrainienne mondialement reconnue pour ses peintures de style « naïf », dans le cadre d’une exposition intitulée « Safari Ukrainien » et rendue possible grâce au soutien de l’ambassade d’Ukraine en Afrique du Sud et de la Fondation familiale Maria Prymachenko.