House of Digital Art : des mythes ou des condensés de savoirs scientifiques anciens

La House of Digital Art, qui a ouvert ses portes fin juin, à la galerie du génie au 6 rue Edith Cavel, offre une expérience immersive dans un univers où se croisent science et technologie, art, sociologie, philosophie et mythologie.
L’occasion pour Le Mauricien d’ouvrir une fenêtre sur le coin Reboot consacré à « l’interprétation du monde vue par les sociétés et les philosophes de 1500 à ce jour », selon une scénographie du plasticien Ashveen Khemraz, passionné de mythologie, de science et de géologie.

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« L’idée du projet était de présenter un croisement entre la réflexion sociologique, les sciences, l’art et la technologie et d’essayer d’ouvrir des perspectives sur ces différents aspects. D’où la proposition de venir le compléter avec une dimension mythologique qui est un sujet d’intérêt personnel en ce qui me concerne », fait ressortir M. Khemraz au Mauricien.
Ainsi, cette exposition est présentée sous forme de cartes anciennes y compris celles de Maurice, d’artefacts et d’affiches relevant certains aspects mythologiques. « J’ai fait une investigation des champs des mythes d’anciennes civilisations. Les mythes sont des condensés ou des expressions de savoirs scientifiques anciens. » Ashvin Khemraz a bénéficié de l’expertise du géologue Prem Saddul et de Patrice Huet de la société des Volcans de l’île de la Réunion pour monter cette exposition.
Le visiteur peut donc se renseigner sur la formation des volcans et la création des lieux avec du visuel-affiche et vidéo – ; il peut s’informer à partir des artefacts et lire des cartes avec des explications sur les croyances des différentes civilisations : la séparation des eaux ou les chroniques de Nuremberg, le lotus du monde, les mondes perdus, le Yi Qing ou Le livre des changements, Le monde Dogon, du Mali, la Carte en forme de trèfle de Bunting, l’archéomètre, le Mandala de Jnanadakini, Utopia d’une Angleterre de 1516, La Cité perdue d’Atlantis, Terra Incognita, La Cité idéale, Terra Finitus, Géants, de Malcolm de Chazal, 1951, La Ville ronde de Baghdad, Mauritia le continent caché, Les gardiens du temps et Le Cosmos hindou. Tous ces titres, à part quelques-uns peut-être, sembleraient étrangers à bon nombre d’entre nous.
Ashwin Khemraz a précisément souhaité faire resurgir « ces morceaux de mythes anciens comme la Lémurie, l’Atlantis… » parce que, observe-t-il, « nous avons oublié que nos représentations du monde sont des accumulations de savoir qui se fondent sur des centaines d’années et qui sont motivées par des intérêts bien spécifiques d’une société à un moment donné ».
Les artefacts ont été collectés « un peu partout sur l’île » sous la direction de Prem Saddul pour le volet géologique.
Selon Ashvin Khemraz, la partie de l’exposition réservée à Lisley Geoffroy montre « comment notre représentation de l’espace océan Indien a été développée ». Il s’agit, a-t-il poursuivi, d’une « représentation bien spécifique qui repose principalement sur la quête du pouvoir et des ressources naturelles qui ont donné la configuration de notre cité moderne ».
En quoi est-ce important ? « Il y a un réseau de relations entre ces différents éléments : les astres, les planètes, les divinités. À un certain moment, on a été déconnecté et on a choisi de se focaliser sur les aspects physiques au détriment des autres éléments. C’est une relation qui a disparu au profit d’une société globalisée qu’est la nôtre. »
La section Reboot prend fin avec une représentation photo de la Terre vue du ciel, photo prise par la mission Apollo 8 en 1968. Celle-ci donne une autre perspective de la Terre qu’on n’avait pas auparavant. « C’est la première fois qu’on a une telle représentation de la Terre comme un espace clos, en contraste avec les différentes cosmologies anciennes avec une représentation de l’homme et son milieu beaucoup plus large, presque infini. » L’objectif premier d’Ashwin Khemraz est de toucher les enfants. « C’est pour cela que la mythologie et les fables sont importantes », conclut-il.

Croyances, mythologies et philosophie

« Et Dieu nomma la lumière, jour ; et les ténèbres, nuit. Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin ; [ce fut] le premier jour. » Une image illustre ces paroles : l’index et le majeur pointent vers un cercle bicolore. On est sur le document des Chroniques de Nuremberg qui raconte l’histoire du monde, à travers « des récits historiques et des réécritures bibliques ». L’exposition nous plonge dans les mythes anciens.
Le visiteur apprend ainsi que Le Lotus du monde trouve son origine dans la mythologie hindoue : « Le monde aurait jailli du nombril du dieu Vishnu sous la forme d’un lotus. » Le texte est centré sur l’intégration quasi-totale du nombre d’or à tous les éléments terrestres et spaciaux, dont les galaxies.
Aucun passionné de littérature tamoule ou indianocéanien ayant touché Malcolm de Chazal de près ou de loin ne peut rester insensible au mythe du continent perdu, l’Atlantide. En l’absence de preuve de son existence, il tient sa richesse dans la fascination exercée sur la conscience collective depuis longtemps. Le Yi Qing ou le livre des changements est un autre document important ayant marqué l’histoire du monde dont l’existence est communiquée à travers cette exposition.
L’on découvre ensuite le monde Dojon du Mali qui englobait « son propre système d’astronomie et de mesures calendaires, des méthodes de calcul avancées ainsi qu’une connaissance approfondie de l’anatomie et de la physiologie, sans oublier une pharmacopée bien établie. Leur religion fait état d’une synergie entre le monde spirituel et la nature, le royaume vivant des plantes, des animaux, et des êtres humains ».
Autant de culture, de croyances, de philosophies ou de mythes à découvrir jusqu’en juin prochain à la House of Digital Art de mardi à dimanche de 10h à 17h30 à l’exception du vendredi et samedi, où elle ferme à 23h.
L’entrée est payante : adultes locaux, Rs 250 ; enfants et adolescents, Rs 150 ; étudiants et personnes âgées, Rs 200 ; et ceux portant un handicap, Rs 200.
Ceux qui souhaitent bénéficier d’une visite guidée doivent compter Rs 150 additionnelles.

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