Comment le secteur privé s’engage-t-il pour une île Maurice propre ?
Le document que nous avons présenté est un engagement fort des opérateurs du secteur privé par rapport aux défis que représentent les déchets plastiques. La Chambre de Commerce et d’Industrie a mené une étude approfondie avec tous ses membres par rapport au sujet du réchauffement climatique et à toute la gestion du plastique.
Nous avons entrepris un long travail. Des réunions se sont tenues pendant plusieurs mois pour voir comment diminuer le plastique dans le pays. Ce n’est pas une tâche facile car le consommateur choisit ses produits et ses coûts. Parfois, les produits alternatifs coûtent cher et ne répondent pas aux besoins du consommateur. Nous savons tous à quelles difficultés nous faisons face. Et elles sont croissantes. Cela est déjà un souci.
D’autre part, des améliorations technologiques doivent être apportées car les usines ont déjà investi dans plusieurs produits. Si leurs techniques de production doivent être modifiées, il y aura un coût. Ce coût a aussi été aggravé par la pandémie de Covid-19, et maintenant la guerre et les difficultés de voyager à l’étranger.
Mais notre feuille de route va plus loin. Nous nous disons qu’il faut que les opérateurs contribuent largement à une meilleure gestion des déchets plastiques sur le territoire. Cela passe par une consommation moindre, mais également par le développement d’une économie circulaire, de manière à récupérer certains déchets. Les déchets sont considérés comme une matière première pour certains alors que pour d’autres, ce ne sont que des déchets.
Nous constatons que le secteur privé s’est engagé depuis longtemps dans la réduction du plastique à Maurice. Quels sont les changements qui sont notables à ce sujet ?
Oui, nous nous sommes engagés. Mais notre engagement doit sans cesse être revigoré. Quelques lois ont été votées en 2020 et nous ont poussés à la réflexion, même si nous sommes en discussions avec le gouvernement pour affiner certains aspects de ces lois. Nous remercions le gouvernement d’avoir mis l’enjeu du plastique au cœur du débat pour que tout le monde puisse s’engager. Et qu’il n’y ait pas de déchet plastique dans l’environnement.
Il y a aussi une partie importante qui concerne l’éducation des Mauriciens. Une des questions à laquelle nous n’arrivons pas à répondre est de savoir pourquoi les Mauriciens jettent autant de déchets. Nous savons tous les méfaits des déchets dans l’environnement. Nous voyons des gens qui jettent toujours leurs déchets par les fenêtres. Je n’ai vraiment pas de réponse à cette question. Peut-être que la solution viendrait avec plus de facilités à disposer de ces déchets.
Dans le domaine du tri des déchets, le secteur privé et les ONG ont mis des bennes partout pour inciter le tri domestique. Je crois que c’est aussi une solution. Le vrai défi est de continuer cette transformation de notre manière de vivre.
Plusieurs entreprises sont dans la fabrication de bouteilles en PET. Malgré les campagnes visant à réduire l’utilisation de ce type de bouteille, il semblerait que la production est restée inchangée. Quelle en est la raison ?
D’abord, il y a de plus en plus de produits plastiques qui font leur entrée dans le pays. Et cela est un défi. De l’autre côté, la récupération et le recyclage ont un coût. Nous avons eu plusieurs discussions avec le ministère de l’Environnement. Il y a un modèle qui a été proposé par le secteur privé au gouvernement pour mettre en place la régulation autour de ce sujet.
Je crois que tout le monde est bien aligné. Je pense que cela se réalisera bientôt. L’objectif est de récupérer 90% des bouteilles PET sur le territoire. Je crois que c’est tout à fait faisable et possible. Il faut continuer à s’engager et trouver les solutions qu’il faut. Mais une grande partie se trouve autour de la collecte. Nous devons trouver les moyens appropriés par rapport à la collecte.
La nécessite de se tourner vers une économie circulaire devient de plus en plus pressante pour une économie comme la nôtre. Pourquoi cette tâche est-elle compliquée ?
Je crois que cela ne se réalise pas du jour au lendemain. Il y a toute une prise de conscience. En deuxième lieu, il faut s’appuyer sur la technologie, sur tout ce qui est réalisable et ce qui existe. Une des approches consiste à s’appuyer sur des définitions claires. Notamment, pour s’approprier les matières premières qui entrent dans la production. Il faut être clair sur ce qui est compostable et biodégradable. Il y a des termes très précis.
Nous recommandons qu’on s’inspire de ce qui a été proposé par les Nations unies. Il y a une feuille de route très claire. Nous proposons que nous y adhérions, car cela permet à tous les pays de parler le même langage. C’est absolument fondamental.