Guerre commerciale : quel impact sur Maurice ?

Si l’annonce du sursis de trois mois sur les nouvelles surtaxes douanières a été accueillie avec un brin de soulagement, ce qui est désormais un duel commercial entre les États-Unis et la Chine, sera-t-il pour autant sans répercussion sur Maurice ? Quid de la fin de cette période de trois mois ? Comment s’y préparer pour minimiser les impacts ?

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Amit Bakhirta, analyste financier, est catégorique : il est essentiel pour Maurice de diversifier les exportations. Il invite à miser sur l’Afrique, l’Inde et la Chine. « Ces pays représentent un marché combiné d’environ 4 milliards de consommateurs, la moitié de la planète, contre 350 millions pour les États-Unis ! » Il qualifie l’Afrique de « baleine économique qui compte 1,3 milliard de consommateurs. Le PIB de Maurice, d’environ 11 milliards de dollars, représente moins de 0,2 % de cette production économique ! Le potentiel est tout simplement gigantesque. » Il importe, dit-il, de définir un plan d’exportation africain pour nos industries. Mais, ce que le Chief Executive Officer d’Anneau craint le plus, c’est une crise du dollar américain et exhorte à une dédollarisation de nos actifs et du secteur bancaire. « Nous courrons aujourd’hui le risque d’un tsunami financier qu’il convient d’éviter à tout prix. »

Ayant étudié le commerce international en Chine et y ayant vécu sept ans, Elvin Sunathree fondateur de Smart Nest et directeur de la Startup Grind Ebene, est d’avis que c’est l’occasion rêvée pour Maurice de se réinventer. Il met en garde le pays à ne pas rester spectateur. « Une taxe de 40 % sur nos exportations reste une menace potentielle. Si les tensions sino-américaines sont un défi mondial, nuance-t-il, elles peuvent devenir le point de départ d’un nouveau positionnement économique », croit-il.

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Il estime que Maurice peut se positionner comme un terrain neutre et attractif pour les entreprises des deux géants : « Si les USA souhaitent diversifier leurs chaînes d’approvisionnement hors de Chine, Maurice peut devenir une solution alternative crédible. Les entreprises chinoises, elles, cherchent des relais stables pour maintenir leur présence sur les marchés internationaux. Maurice peut devenir un hub technologique et logistique pour ces acteurs. »

Aaron Kwang Poon, Chairperson du Global Business Council, anciennement Africa Asia Europe Business Council, déclare que « le risque d’une récession mondiale n’est pas à écarter. Dans une telle éventualité, Maurice devra se préparer à un impact plus conséquent car elle dépend beaucoup de l’importation. De même, une économie mondiale qui tournerait au ralenti aura sans doute des répercussions sur le tourisme. ».

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Il est d’opinion que les pourparlers entre Port-Louis et Washington ne pourront éviter le brûlant dossier des Chagos et que « Maurice doit donc jouer sa carte géostratégique pour faire avancer son agenda économique. » Comme Amit Bakhirta, il estime que Maurice doit travailler sur la diversification de ses marchés d’exportations. « Le développement de l’Afrique continentale représente une opportunité à nos portes qu’il faut pouvoir saisir. Les différents accords de libre-échange ne sont peut-être pas exploités à fond. »

AMIT BAKHIRTA (analyste financier) :« Risque d’un tsunami financier qu’il convient d’éviter à tout prix »

Le monde ne peut qu’accueillir favorablement le revirement de Trump sur les tarifs douaniers avec notamment la suspension des surtaxes imposées aux partenaires commerciaux des États-Unis. Pour la Chine, par contre, le taux est porté à 125%. Maurice peut-elle pousser un ouf de soulagement alors qu’une augmentation de droits de douane de 40% avait été décrétée sur les exportations mauriciennes vers les USA ?

En effet, pour un pays exportateur, des tarifs douaniers plus bas sont préférables à des tarifs plus élevés. Néanmoins, il est essentiel d’améliorer la diversification de nos exportations, d’accroître la chaîne de valeur et de renforcer la coopération et l’intégration des blocs économiques régionaux, notamment dans le cadre des différents accords commerciaux.
En ce qui concerne les marchés d’exportation, le continent africain devrait être au cœur des préoccupations, et non un pays lointain comme les États-Unis !

Vous voulez dire qu’il faut exploiter davantage l’Afrique comme marché d’exportation ?

Oui, invariablement. L’Afrique est une baleine économique voisine, avec une production économique d’environ 4 500 milliards de dollars, et vraisemblablement trois fois plus en termes d’économies parallèles ! Elle compte 1,3 milliard de consommateurs et est, sur le plan socioculturel, plus proche de nous, les Mauriciens !
Le PIB de l’île Maurice, d’environ 11 milliards de dollars, représente moins de 0,2 % de cette production économique ! Le potentiel est tout simplement gigantesque. D’où l’importance pour nos dirigeants de définir un plan d’exportation africain pour nos industries afin de se diversifier davantage et plus profondément sur ces marchés.
Il s’agit clairement de marchés robustes et importants, non seulement pour nos modestes exportations nationales, mais surtout, ils devraient donner une impulsion suffisante à notre expansion économique régionale.

Ce duel entre les deux plus grandes économies du monde est-il susceptible d’impacter les Mauriciens ?

Oui, dans une certaine mesure globale.

Comment ?

Premièrement, dans l’histoire du monde, chaque fois qu’une superpuissance militaire et monétaire de réserve, ou un empire (les USA), a été détrônée par une puissance émergente (la Chine), le monde entier a ressenti cette onde de choc, que ce soit sur le plan géopolitique, socioculturel et/ou économique. Pour Maurice, les principaux effets secondaires sont susceptibles d’être liés à la sensibilité de nos relations géopolitiques et bilatérales régionales et mondiales avec les deux pays, leurs alliés et d’autres pays.
Le commerce international, l’aide et le financement de projets nationaux et les prix mondiaux des matières premières, en particulier les produits finis, massivement importés de Chine par Maurice, pourraient connaître une volatilité accrue ; et donc des pressions inflationnistes.

Quels sont les secteurs qui sont les plus susceptibles de connaître des répercussions indirectes ?

Tous les secteurs d’importation et de production devraient en subir les conséquences. Mais ce qui nous préoccupe le plus, chez Anneau, c’est une crise du dollar américain, qui sera probablement la mère de toutes les crises.
C’est pourquoi nous implorons notre Banque Centrale et l’ensemble de l’économie de commencer à dédollariser nos actifs et le secteur bancaire.

Comment envisager les choses pour Maurice après ces 90 jours ? Que craindre si Trump décidait après ces 90 jours d’appliquer des droits de douane de 40% sur les exportations mauriciennes ?

Nous exportons à peine 10 % de nos exportations totales vers les États-Unis, et nos diverses industries exportatrices attendaient depuis longtemps des réformes en matière de compétitivité, de marché et de produits/services. Il faut donc plutôt considérer ces réformes comme une bénédiction.
Il nous faut à nouveau prendre conscience que, en tant que pays, nous sommes soumis à des droits de douane effectifs (et non réciproques), dans certains cas, de 100 %, par exemple pour les voitures importées, bien plus élevés que ceux que les États-Unis auraient imposés sur nos maigres exportations.

Comment le pays peut-il se préparer à minimiser les éventuels impacts ?

Déjà, en entretenant des relations de travail très étroites avec l’ambassade des États-Unis à Maurice, afin de comprendre les réalités socio-économiques et politiques nationales ; cela devrait être d’une aide précieuse. Il est également essentiel que nous améliorions la diversification de nos exportations, que nous augmentions la chaîne de valeur et que nous renforcions la coopération et l’intégration des blocs économiques régionaux, notamment en ce qui concerne divers accords commerciaux.

Est-ce l’occasion d’exploiter de nouvelles opportunités de commerce avec d’autres pays ?

Surtout, en effet. Et c’est là qu’il serait judicieux de se concentrer sur l’Afrique, l’Inde et la Chine. Ces pays représentent un marché combiné d’environ 4 milliards de consommateurs (la moitié de la planète), contre 350 millions pour les États-Unis ! Le calcul est simple !
L’Asie et l’Europe sont avides de produits de la pêche et nous possédons l’un des plus grands atouts marins du monde, mais l’industrie de la pêche reste extrêmement sous-développée et l’industrie est en proie à l’obsolescence et à une politisation excessive, au détriment de son progrès et de son expansion ; celles-ci doivent être révisées et rajeunies.

En conclusion ?
À notre humble avis, l’île Maurice devrait actuellement se concentrer sur la consolidation budgétaire, et tout le reste devrait passer au second plan. Il faut comprendre que Moody’s et le FMI attendent de nous une consolidation et l’élaboration d’un plan rigoureux pour assurer le redressement budgétaire et la viabilité de nos finances publiques et souveraines.
Nous courons aujourd’hui le risque d’un tsunami financier qu’il convient d’éviter à tout prix. En termes économiques, the elephant in the room est que notre pays est toujours surtaxé sur les prix de l’essence alors que le baril de pétrole vient d’atteindre 60 dollars à l’échelle mondiale cette semaine !

ELVIN SUNATHREE (Entrepreneur) :« Tensions sino-américaines : une opportunité stratégique pour Maurice ! »

Le monde ne peut qu’accueillir favorablement le revirement de Trump sur les tarifs douaniers, précisément, la suspension des surtaxes imposées aux partenaires commerciaux des États-Unis. Pour la Chine, cependant, le taux est porté à 125% pour la Chine. Maurice peut-elle pousser un ouf de soulagement alors qu’une augmentation de droits de douane de 40% avait été décrétée sur les exportations mauriciennes vers les USA ?

La suspension des surtaxes douanières américaines est un signal encourageant, mais elle ne doit pas nous endormir. Une taxe de 40 % sur nos exportations reste une menace potentielle. Pour un pays comme Maurice, dont l’économie repose sur les échanges internationaux, il est vital de ne pas rester spectateur.
Au contraire, nous devons saisir cette période pour renforcer notre position en tant que plateforme stratégique. Si les États-Unis souhaitent diversifier leurs chaînes d’approvisionnement hors de Chine, Maurice peut devenir une solution alternative crédible.
Nos accords commerciaux, notre stabilité politique et notre proximité avec l’Afrique font de nous un candidat idéal pour accueillir des investissements américains, notamment dans les secteurs innovants.

En tant qu’entrepreneur ayant travaillé avec la Chine, comment vivez-vous ces tensions ? Y a-t-il un risque pour les entrepreneurs mauriciens ?
Les tensions actuelles compliquent certains flux logistiques et augmentent les incertitudes commerciales. Pour les entrepreneurs mauriciens, cela peut devenir un défi… mais c’est aussi une opportunité de redéfinir nos partenariats.
Ayant étudié le commerce international en Chine et y ayant vécu pendant sept ans, je connais bien la mentalité des entreprises chinoises. Les entreprises chinoises, aujourd’hui, cherchent des relais stables pour maintenir leur présence sur les marchés internationaux.
Maurice peut devenir un hub technologique et logistique pour ces acteurs, surtout si nous leur offrons un environnement propice à l’innovation. Je suis convaincu que la résilience passera par la collaboration. D’un côté, attirer les investissements américains à forte valeur ajoutée ; de l’autre, canaliser l’expertise industrielle et technologique chinoise vers l’Afrique en passant par Maurice.

Ce duel entre les deux plus grandes économies du monde est-il tout de même susceptible d’impacter les Mauriciens ? Quels sont les secteurs les plus susceptibles de connaître des répercussions indirectes ?
Les tensions sino-américaines peuvent avoir des répercussions indirectes importantes. Le secteur textile, l’agroalimentaire, la logistique et les technologies sont les plus exposés. Mais plutôt que de voir cela comme une fatalité, nous devons y répondre par une stratégie proactive.
Maurice peut se positionner comme un terrain neutre et attractif pour les entreprises des deux géants. Par exemple, une entreprise américaine souhaitant accéder à l’Afrique peut installer à Maurice un centre d’innovation ou de fabrication. Ou encore, une entreprise chinoise cherchant à contourner les tensions géopolitiques peut utiliser Maurice comme base exportatrice vers l’Europe ou les marchés francophones. Nous avons les infrastructures, une main-d’œuvre qualifiée, et un réseau commercial solide. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est une politique d’ouverture ciblée sur l’innovation et la collaboration internationale.

Et après les 90 jours ? Que faire si Trump applique finalement des droits de douane de 40 % ?
Ce serait un coup dur pour nos exportateurs, mais pas une fatalité si nous avons anticipé. Si les entreprises américaines installent des unités de production ou de transformation à Maurice, elles peuvent bénéficier de nos accords préférentiels avec l’Afrique, l’Europe et certaines régions d’Asie.
Cette stratégie aurait un triple avantage : créer de l’emploi localement, favoriser le transfert de technologies, et ancrer Maurice dans la chaîne de valeur mondiale au lieu de rester à la périphérie. Nous devons aussi intensifier les relations diplomatiques économiques, non seulement au niveau gouvernemental, mais aussi entre entrepreneurs, innovateurs et investisseurs.
C’est justement l’objectif de la Startup Grind Ebene, que je suis en train de lancer dont le rôle est de connecter les entrepreneurs mauriciens à la communauté internationale, en particulier aux États-Unis.

Comment Maurice peut-elle se préparer ? Est-ce le moment d’ouvrir de nouveaux axes commerciaux ?
C’est non seulement le moment, mais c’est l’occasion rêvée de nous réinventer. Concrètement, il s’agit d’inviter les entreprises américaines et chinoises à s’implanter à Maurice, dans des secteurs à forte intensité technologique : greentech, fintech, IA, cybersécurité…
Par ailleurs, créer des zones d’innovation collaboratives où startups locales et multinationales pourraient codévelopper des solutions exportables. Ensuite, favoriser l’éducation entrepreneuriale et orienter les incubateurs vers les marchés internationaux. Il faut faire de Maurice un pont entre la Silicon Valley, la Chine et l’Afrique, en accueillant des forums, des bootcamps, et des hubs internationaux. C’est d’ailleurs l’esprit de Startup Grind Ebene : connecter nos jeunes entreprises à des réseaux de mentors, d’investisseurs et de fondateurs dans les plus grands écosystèmes du monde.

Pour conclure ?
Ne pas choisir entre la Chine et les États-Unis, mais collaborer avec les deux. Le monde change, et les anciennes alliances commerciales sont en redéfinition. Maurice ne doit pas choisir un camp, mais plutôt offrir une plateforme de collaboration mutuellement bénéfique.
Nous devons devenir un corridor d’innovation, un laboratoire d’idées, et une passerelle entre les géants. Les tensions sino-américaines sont un défi mondial, mais pour nous, elles peuvent devenir le point de départ d’un nouveau positionnement économique, plus audacieux, plus connecté, plus tourné vers l’avenir.

Aaron Kwang POON (Global Business Council) : « Maurice doit diversifier ses marchés d’exportation »

Le monde ne peut qu’accueillir favorablement le revirement de Trump sur les tarifs douaniers avec notamment la suspension des surtaxes imposées aux partenaires commerciaux des États-Unis. Pour la Chine, cependant, le taux est porté à 125%. Maurice peut-elle pousser un ouf de soulagement alors qu’une augmentation de droits de douane de 40% avait été décrétée sur les exportations mauriciennes vers les USA ?

Suite à l’augmentation des tarifs sur les produits chinois et une suspension des tarifs sur d’autres pays, il est clair que la politique tarifaire de Trump visait principalement la Chine. Depuis quelques années, les États-Unis sont sous pression avec la montée fulgurante de la Chine – qui est en passe de les dépasser tant dans le domaine économique que dans les industries du futur, notamment avec les voitures électriques et l’intelligence artificielle.
Depuis quelques années, la Chine a changé sa posture diplomatique. De la politique ‘cacher ses talents en attendant son heure’ de Deng Xiaoping, la Chine est maintenant passée à l’ère Xi Jinping, avec une diplomatie beaucoup plus affirmative, que certains qualifient parfois de Wolf Warrior Diplomacy.
En ce moment, nous sommes témoins de ce duel G2 sans merci qui se joue entre les deux plus grandes puissances mondiales.

Ce duel entre les deux plus grandes économies du monde est-il tout de même susceptible d’impacter les Mauriciens ? Comment ? Et quels sont les secteurs qui sont les plus susceptibles de connaître des répercussions indirectes ?
Comme dit le proverbe : « Quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre », et je me permets d’ajouter que de petites fourmis sont écrasées sous leurs pieds dans l’intensité du combat !
Maurice importe beaucoup de la Chine et peu des États-Unis, alors que nous exportons un peu vers les États-Unis, mais très peu vers la Chine.
Les secteurs clés pour le marché américain sont la joaillerie, les primates, les ressources halieutiques, le sucre et le textile.
Si Maurice était un élève modèle en Afrique ayant grandement bénéficié de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), l’accès préférentiel vers le marché américain ne semble plus d’actualité avec la tendance tarifaire de Trump. L’Inde voudrait conclure un accord de libre-échange avec les États-Unis, et Maurice pourrait aussi contempler cette voie.

Selon certaines estimations, une intensification de la guerre commerciale entre les deux géants pourrait évoluer vers une fragmentation du monde et enlever près de 7% au PIB mondial. Le risque d’une récession mondiale n’est donc pas à écarter.
Si cela s’avère et la situation se détériore, Maurice devra se préparer à un impact plus conséquent car elle dépend beaucoup de l’importation pour sa sécurité alimentaire, énergétique et sanitaire. De même, une économie mondiale qui tournerait au ralenti aura sans doute des répercussions sur le tourisme.

Comment envisager les choses pour Maurice après ces 90 jours ? Que craindre si Trump décidait après ces 90 jours d’appliquer des droits de douane de 40% sur les exportations mauriciennes ?

Le président américain Trump a heureusement laissé la porte ouverte à des négociations et Maurice doit saisir cette occasion pour entamer des discussions. Je crois comprendre que le Premier ministre a déjà initié des contacts avec la Maison-Blanche.
À ce sujet, les pourparlers entre Port-Louis et Washington ne pourront éviter le brûlant dossier des Chagos qui semble se diriger vers un dénouement. Maurice doit donc jouer sa carte géostratégique pour faire avancer son agenda économique.
Il serait bon de rappeler que durant les négociations sur le Chagos, nous avons vu comment certains détracteurs, tant du côté américain que du côté anglais, ont tenté de mettre en avant la Chine comme épouvantail afin de faire capoter le deal.

Est-ce l’occasion d’exploiter de nouvelles opportunités de commerce avec d’autres pays ?

Maurice doit travailler sur la diversification de ses marchés d’exportations. Le développement de l’Afrique continentale représente une opportunité à nos portes qu’il faut pouvoir saisir.

De même, les différents accords de libre-échange ne sont peut-être pas exploités à fond et une réévaluation à ce niveau serait peut-être utile pour cerner de nouveaux créneaux.
L’étroitesse du marché mauricien, de même que les limites de nos capacités de production, nous prédispose vers des marchés niches plutôt que des marchés de masse.
Il faudrait donc développer des secteurs à haute valeur ajoutée avec une certaine barrière d’entrée. Prenons le sucre comme exemple, Maurice a su évoluer son savoir-faire du simple sucre blanc vers les sucres spéciaux. En sus, Maurice est en train de mettre en œuvre l’appellation d’origine contrôlée pour sauvegarder jalousement son Branding. D’autres secteurs peuvent aussi emboîter le pas afin de se faire une place au soleil.

En conclusion ?

Le monde évolue du modèle unipolaire à la fin de la Seconde Guerre mondiale vers un modèle multipolaire ou plusieurs nouveaux pays émergent, en tournant la page sur le chapitre de la Pax Americana.
Étant un petit état insulaire en développement (PEID), Maurice se doit de rester ami avec tous les pays du monde avec une bonne dose de realpolitik.
Peu après la visite du Premier ministre indien Narendra Modi, nous avons la chance d’accueillir bientôt la visite du président français Macron. Alors que Narendra Modi avait annoncé l’élévation de la relation Inde-Maurice vers un Enhanced Strategic Partnership, avec notamment le surclassement du SAGAR vers le MAHASAGAR, nous pourrions espérer un renforcement de nos liens avec la France, voire même avec l’Union européenne.
Dans le passé, j’avais déjà fait mention de quelques pistes de réflexion qui iraient dans le sens de la Finance durable et l’évolution du centre financier international de Maurice vers un Green Finance Gateway. De même, je crois comprendre que le programme phare de l’UE, le Global Gateway, serait sur la table des négociations avec l’océan Indien et l’Afrique en ligne de mire. À nous de savoir tirer notre épingle du jeu géopolitique. Pour terminer, je dirais qu’il vaut mieux être à la table des négociations plutôt que d’être au menu de discussion.

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