Le Guide - Législatives 2024

GRNO/Port-Louis-Ouest (NO 1) : David, Navarre-Marie, Parapen et les autres

Comme partout ailleurs, les trois candidats de l’Alliance du Changement ont remporté une victoire sans bavures dans la circonscription Grande-Rivière-Nord-Ouest/Port-Louis Ouest (No 1) avec une moyenne combinée de 61,98% des votes exprimés contre seulement une moyenne de 22,12% à leurs adversaires directs de L’Alliance Lepep. La tendance s’est dessinée très tôt même s’il aura fallu attendre aux alentours de 14h30 pour un premier pointage avec la proclamation dans la soirée.

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Au centre de dépouillement du collège d’État Frank-Richard de La-Tour-Koenig, lundi, à 10h30, les officiers de l’Electoral Commissioner’s Office procédaient encore au partage des bulletins de vote en lots de 100 pour les besoins du dépouillement. À cette heure de la matinée, Bruneau Laurette et le candidat de l’Alliance du Changement, Kugan Parapen, étaient déjà sur place. Ce dernier s’assurait que tout était en place pour que les Counting Agents de cette alliance de l’opposition parlementaire sortante puissent suivre le déroulement dans les meilleures conditions.
La ministre sortante, Dorine Chukowry, candidate de L’Alliance Lepep était arrivée au centre de dépouillement peu avant 11h, heure à laquelle les Counting Agents des différents partis ont été appelés à prendre leur place dans les salles de dépouillement avant que ne commence l’exercice. Ariane Navarre-Marie (Alliance du Changement) et Jean-Claude Barbier (Linion Reform) devaient arriver tout juste après.

Une demi-heure plus tard, dans une première déclaration post-scrutin à Le Mauricien, Dorine Chukowry concédait qu’à la fermeture des bureaux de vote la veille, la situation dans la circonscription No 1 ne paraissait plus aussi favorable à l’alliance gouvernementale sortante que durant la première partie de la journée de vote. Ce n’est qu’aux alentours de 11h45 que les bulletins de vote divisés en lots de 100 seront acheminés vers les salles de dépouillement.

Arrivé entre-temps, le candidat de l’Alliance du Changement, Fabrice David, devait alors se faire un devoir de suivre personnellement cet exercice avant que ne démarre officiellement l’exercice de dépouillement vers 12h05. Une demi-heure seulement après le début du décompte, Dorine Chukowry allait quitter discrètement le centre de dépouillement après une rapide tournée des salles de dépouillement au cours de laquelle elle a dû prendre la mesure des premières tendances de vote.

Dans le même temps, Navarre-Marie arborait un large sourire et confirmait à Le-Mauricien que la tendance était tout à fait favorable à l’Alliance du Changement. Un point de vue que son colistier David allait confirmer dans la foulée. « Dès le début de la campagne, il y avait un désir profond de l’électorat de sanctionner le gouvernement sortant. Hormis le fait que le PTr et le MMM ont leurs assises dans cette circonscription, il semble évident que la masse des indécis ont, au final, choisi de voter utile », a confié, pour sa part, le candidat Parapen de l’Alliance du Changement.

Ce candidat de Rezistans ek Alternativ (ReA) concède que dans l’idéal, le mieux pour la démocratie c’est qu’un gouvernement ait en face de lui une bonne opposition. « Mais cette fois, l’électorat a choisi comme en 1995 de donner à l’équipe victorieuse une majorité de trois quarts plus que limpide », a-t-il dit. Il a déclaré être conscient que les attentes de la population sont grandes pour ce qui est notamment des promesses faites dont le fameux 14e mois. Mais Kugan Parapen a concédé qu’il faudra bien trouver quelque part les moyens pour honorer ces promesses. « À ReA, nous espérons un certain rééquilibrage du fardeau fiscal que porte la population », dit-il.

Aux alentours de 14h30, alors qu’un premier pointage des votes dépouillés n’avait toujours pas été publié; même s’il était déjà évident que l’Alliance du Changement courait vers un 3- 0 au No 1, à l’extérieur du centre de dépouillement, des partisans se préparaient déjà à fêter la victoire à coups de klaxons. Et quand ce premier pointage était affiché, cela confirmait une victoire sans appel des trois candidats de l’opposition parlementaire sortante. Sur un premier lot de 3 000 bulletins dépouillés, Fabrice David menait largement en tête avec 2 088 votes contre seulement 664 votes pour la ministre sortante, Dorine Chukowry classée en quatrième position après les deux autres colistiers de Fabrice David.

« Nous exprimons notre satisfaction et notre reconnaissance à l’électorat », devait dire ainsi le candidat David qui n’a pas manqué de relever que la tendance sur le plan national laissait voir une volonté de changement de la population. Au fur et à mesure que le temps s’écoulait, l’attroupement des partisans de l’Alliance du changement s’intensifiait devant le centre de dépouillement de La-Tour-Koenig. Après la fin officielle de l’exercice de dépouillement vers 16h15, prudents, les officiels de la Commission électorale, sous la direction du Returning Officer, Me Hemant Varma Adeen, prendront un temps interminable pour compiler les données avant que les bulletins dépouillés ne commencent à être sécurisés avant leur transfert en lieu sûr au quartier général de la Special Mobile Force.

Et quand les résultats finaux étaient proclamés, c’est le candidat David qui est arrivé en tête de lice avec un total de 17 756 votes à son nom, soit 69,75% des 25 456 suffrages exprimés. Il est suivi de sa colistière Navarre-Marie avec 14 988 votes (58,87%) et du candidat Parapen, candidat avec 14 598 votes (57,34%).

Arianne Navarre-Marie : « Mon 3e raz-de-marée de 60-0 »

Un phénomène qui intervient pour la troisième fois dans l’histoire politique post-indépendance à Maurice. Aux côtés de son leader, Paul Bérenger, Arianne Navarre-Marie est entrée dans le panthéon politique local comme faisant partie des deux seuls députés à avoir remporté une troisième victoire soulignée par un spectaculaire 60-0 aux législatives. Après un baptême du feu fulgurant pour le sans-faute de 1982 au No 1, suivi d’un deuxième mandat similaire au même endroit en 2005, voilà la passe de trois pour la députée de GRNO/Port-Louis Ouest dans ce troisième raz-de-marée 2024.
Mauve dans les veines et dans l’âme, celle qui a 21 ans seulement avait savouré sa première députation en 1982 dans la circonscription de Savanne/Rivière-Noire (No 14), a depuis enchaîné les victoires, entre 1995 et 2010, puis en 2019, et maintenant en 2024 au No 1, devenu son bastion. « Il y a eu un faux pas en 2014, quand j’ai été priée d’aller voir ailleurs, au No 4, Port-Louis Nord/Montagne-Longue, pour faire de la place à un candidat travailliste », regrette Arianne Navarre-Marie.
Ce phénomène de la politique, aujourd’hui âgée de 63 ans, n’avait que 15 ans en 1976 quand le MMM participait pour la première fois aux législatives nationales. « C’était là mon éveil politique … », précise-t-elle. « J’ai toujours fait du social et j’étais très active dans les mouvements. Encore au collège, j’ai fait de l’encadrement scolaire avec les enfants des Dockers Flats, et les enfants chagossiens et mauriciens. Journaliste au journal Le Militant puis chez Business Magazine en 1994 et 1995, j’ai aussi exercé en 2006 comme éducatrice au collège Bhujoharry, où j’ai fait mes études. Mais je peux dire que je reste une politicienne à plein-temps. »
Arianne Navarre-Marie qualifie ce troisième 60-0 de « ras-le-bol général » de la population. « C’est aussi la première fois, dans ma longue carrière, que je constate cette adhésion de la jeunesse dans ce processus national. Les jeunes ont compris les enjeux. Ils sont dégoûtés par la manière de faire du gouvernement sortant, de cette absence de méritocratie, de politique de petits copains, de cette tentative de museler la liberté d’expression et l’accès à l’information. »
Dans la configuration 2024, la députée de GRNO/Port-Louis Ouest veut aussi « accorder plus de confiance à ces jeunes en leur laissant libre cours à leur créativité pour qu’ils puissent contribuer au développement » du pays. « Du sportif, au musicien/artiste en passant par les travailleurs manuels, les professionnels et autres intellectuels, il y a beaucoup de talents à faire découvrir et à aider à accroître l’économie mauricienne. »

Jean-Claude Barbier (Linion Moris) : « La Money politics a primé »
« Nous avons noté une dégradation dans le comportement de l’électorat. Le combat politique est aujourd’hui plus tourné vers l’argent. Les idées, les valeurs et le programme disparaissent graduellement, et la gestion du pays passe au second plan. Les élections sont dictées par les moyens, la logistique et les mass media, qui jouent un rôle prépondérant. Il faut désormais accepter les réalités de la Money Politics. Après avoir longtemps travaillé pour la circonscription No 1, mes mandants et mon pays, il est temps, à 66 ans, de me consacrer un peu plus à ma vie de famille et à mon entreprise. »

Stephan Buckland (Mouvement Bruneau Laurette) : « C’est triste, il y a trop de laissés pour compte »
« C’est mon premier scrutin national après deux municipales, en 2005 et 2010. La campagne a été courte, mais stratégique et bien calculée. Elle a été riche en enseignements. J’ai pris du plaisir à faire du porte-à-porte dans une circonscription qui a été une découverte pour moi. Ce qui me rend triste au No 1, c’est que malgré les nombreux développements que certains disent depuis 56 ans, la précarité s’est installée durablement. C’est inimaginable en 2024. Ce scrutin était un début d’aventure pour moi au No 1 pour servir le sport, la politique et le social, et éloigner ces jeunes du fléau de la drogue, qui les détruisent, qui nous détruisent. »

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