Pour sa dernière journée de monte sur le sol britannique, Lanfranco Dettori a été tout simplement brillant avec ses deux victoires lors de la Journée des Champions. La course de King Of Steel devant ses sept adversaires dans les Champion Stakes restera gravée à jamais dans la mémoire des 30 000 spectateurs qui l’ont acclamé. La victoire de Trawlerman dans la course d’ouverture était tout aussi impressionnante à sa manière, car Dettori a refusé de se laisser entraîner dans un duel avec le leader fugitif, a mesuré sa vitesse de déplacement au millième de seconde près, tout en étant clairement en avance sur le reste du peloton en deuxième position, et avait encore assez d’énergie pour l’emporter dans les dernières foulées, alors que Kyprios, le favori, semblait l’avoir battu. Un article paru dans un journal à la fin des années 1980, désignant le jeune adolescent comme une étoile montante, commençait par cette affirmation simple : « Les chevaux courent pour Frankie Dettori. » Cela reste aussi vrai en 2023 qu’il y a plus de 30 ans.
Les compétences remarquables de Dettori en tant que jockey ont été transmises par son père, Gianfranco, un cavalier classique, qui a monté pour le grandissime Henry Cecil en Grande-Bretagne et un jockey multiple fois champion en Italie. Cependant, le jeune Frankie avait besoin d’affiner son talent naturel, et c’est son père qui a pris la difficile décision de l’envoyer à Newmarket à l’âge de 14 ans, pour travailler comme employé d’écurie et apprenti chez Luca Cumani, l’un des établissements les plus influents du pays à l’époque. Dettori a non seulement accompli le vœu de son père, mais il lui a aussi fait honneur en devenant le premier jeune jockey depuis Lester Piggott à monter 100 vainqueurs en une seule saison en 1990.
Le 28 septembre 1996, il a inscrit son nom dans l’histoire en remportant les sept courses de la journée à Ascot. En 2007, il a réalisé un exploit inédit en remportant le Derby d’Epsom, le Prix du Jockey Club et le Prix de Diane. En août 2016, il est devenu le sixième jockey à remporter plus de 3 000 victoires en Angleterre, rejoignant ainsi les rangs prestigieux de Sir Gordon Richards, Pat Eddery, Lester Piggott, Willie Carson et Doug Smith. En 2017, Frankie Dettori a atteint un autre sommet en remportant le Prix de l’Arc de Triomphe avec la championne Enable, devenant ainsi le jockey avec le plus grand nombre de victoires dans cette prestigieuse course, avec six succès à son actif (Lammtarra en 1995, Sakhee en 2001, Marienbard en 2002, Golden Horn en 2015, Enable en 2017 et 2018).
Cependant, une constante tout au long de sa carrière a été sa capacité à affronter l’adversité et à en sortir plus fort. Son parcours n’a en effet pas été sans obstacle, comme le terrible accident d’un avion léger en 2000, auquel son pilote, Patrick Mackey, n’a pas survécu. Plus tard, il avait été suspendu pendant six mois en France à la suite d’un contrôle positif à la cocaïne. Pourtant, la détermination et la résilience de Dettori ont toujours prévalu, façonnant sa remarquable carrière.
Dettori avait initialement annoncé sa retraite à la fin de la saison 2023. Cependant, après une tournée d’adieux triomphale, il a surpris tout son monde en annonçant voulant poursuivre sa carrière aux États-Unis au moins jusqu’à décembre de cette année. Au point où les bookmakers britanniques affichent une cote de 1 contre 8 qu’il pourrait remonter en Angleterre l’année prochaine. Qui vivra verra !
Cet hommage à ce jockey hors norme qui a accompagné notre carrière de journaliste hippique est une vraie thérapie de positivisme a contrario de la situation des courses mauriciennes déprimantes et dont il faut le dire sans ambages continue sa descente aux enfers…
Le jockey Roberto Perez sera en selle ce samedi. Pourtant, son appel à sa suspension de six semaines infligée par la HRD a été rejeté par le board d’appel de la Gambling Regulatory Authority (GRA), confirmant ainsi la décision des Stipes de la Horse Racing Division (HRD) « The Appeal Committee after having heard the Appellant and the Respondent and after having considered the evidence placed before it together with the respective submission of the parties, has reached the conclusion that the appeal shows no merit and it is set aside. »
Ce qui veut dire clairement que sa sanction initiale de ne pouvoir monter en course pour les six prochaines semaines prend effet immédiatement selon l’article 78.3.2, d’autant que ce qui lui est reproché n’est pas du tout bénin comme une simple interférence en course, mais gravissime puisqu’il avait été sanctionné pour une faute grave libellée ainsi : « Not taking all reasonable and permissible measures throughout the running of the race in order to ensure that his horse is given full opportunity to win or obtain the best possible placing in the race. »
Malgré cela, il aurait usé de la règle 78.3.4 qui stipule qu’il peut choisir de différer cette suspension d’une semaine s’il a informé le Chairman des Racing Stewards en écrit deux jours avant la date à laquelle la sanction prendrait effet. Or, dans le cas concerné, aucune communication officielle et publique n’a été émise par le board d’appel de la GRA jusqu’ici. On se demande alors comment le jockey a-t-il pu se prémunir de ce droit, à moins qu’il ait été prévenu de la sanction avant qu’elle ne soit rendue publique. En tout cas, on ne s’étonne plus de rien de la GRA aujourd’hui qui, en d’autres temps, serait déjà intervenue pour empêcher le jockey de monter, pour référer l’affaire à une Police des Jeux, inexistante, et enfin émettre une interdiction to departure jusqu’à ce le jockey explique les motivations ou raisons derrière sa monte suspecte qui relève plus d’un acte manqué d’un pro que d’une erreur de débutant… Chacun sait qu’aujourd’hui au Champ de Mars il y a deux catégories de professionnels de courses, ceux qui sont dans le bon wagon protégé par les autorités où tout est permis et les autres qui sont toujours sur le pied de la gare et quoi qu’ils fassent subiront les foudres des princes du jour.
Dans ce contexte, le Chief Stipe suppléant Riyaz Khan, qui remplace Deanthan Moodley, mis à pied, et qui fonctionne uniquement en binôme au lieu de l’habituelle équipe de trois — notons que les nouveaux règlements permettent de fonctionner avec un seul Stipe !!! — a changé radicalement la manière de faire de son prédécesseur puisqu’il semble privilégier le laisser-aller, car toutes les enquêtes en cours de son prédécesseur ont eu pour conclusion « no action taken » ou « they have decided not to proceed any further ». Autant dire qu’il n’y a plus de sheriff in town et que pour le reste de la saison un free licence pour les vols à main armée est en cours. Faut-il alors s’étonner que des nervis ou punters qui se sont fait berner par des jockeys peu scrupuleux viennent manifester leur colère d’avoir été trompés lorsque les victoires promises ne se sont pas concrétisées ? Cette fin de saison ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices, surtout dans l’environnement tendu qui anime la capitale ces jours-ci…
La GRA et Dev Beekhary, qui doit se demander dans quelle galère il s’est empêtré, ne sont pas au bout de leur peine d’avoir viré manu militari Deanthan Moodley, l’ex-Chief Stipe. Ce dernier a toutes les cartes en main pour estimer que son limogeage est arbitraire et pas en conformité avec les lois du travail de notre pays et les conditions inhérentes à son contrat. Soutenu par ses collaborateurs de la HRD pour le combat qu’il a tenté de mener contre une mafia protégée par les autorités et les dirigeants de PTP pour ses outrances, il s’attend à être compensé à la hauteur de son contrat, d’autant que le légiste qu’il est connaît sur le bout des doigts ses droits et les devoirs de son ex-employeur, alors que son juteux contrat n’expirait qu’en novembre 2024. Comme quoi, pour venir à la rescousse de son maître, la GRA et son principal animateur sont prêts à tous les sacrifices financiers, qui ne sortent pas de leur poche, mais de celle de tous les contribuables de ce pays qui souffrent lourdement des difficultés de la vie chère qui perdure au lendemain du Covid-19, où l’on apprend du ministre des Finances que la caisse de la CSG nouvellement implantée est déjà vide…
Cette fin de saison hippique chaotique est aussi marquée par les deux visages affichés par les actuels organisateurs et parrains des courses depuis que le président du MTC a évoqué une volonté réelle de revenir aux affaires dès la prochaine saison. Comme à son habitude, Jean Michel Lee Shim souffle le froid et le chaud. Le froid lorsqu’on lui attribue le jour de son anniversaire le fait qu’il se réjouisse du retour du MTC à qui il céderait l’organisation d’une majorité des journées, mais que PTP en conserverait quelques-unes pour garder la main au cas où. Le chaud lorsque ses organes de presse font un procès en règle au président du MTC et démolit ses prévisions financières que les têtes pensantes de l’organisateur historique des courses pensent viables à condition d’avoir un minimum de 36 journées à organiser seul. Cette guéguerre de chiffres démontre qu’au niveau de PTP, il y a comme un vent de panique alors qu’au MTC, il y a un vent d’optimisme à peine voilé. Qui peut-on surprendre quand on évalue les dégâts qui ont été causés à l’industrie hippique où, demain, il ne suffira pas seulement d’organiser les courses, mais il faudra surtout remettre sur pied tout un effectif de chevaux de qualité et récréer la confiance des turfistes et des sponsors qui ont tourné le dos aux courses… dans une conjoncture économique peu propice !
Quoi qu’il en soit, le MTC est en mode marche puisqu’il a déjà lancé l’incorporation d’une nouvelle compagnie du nom de MTC Jockey Club Ltd et a déjà demandé un rendez-vous à la COIREC, qui lui a répondu d’attendre que cette nouvelle compagnie soit approuvée par le Registrar des compagnies…