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A GRAND-SABLE LUNDI MATIN: Deux bébés périssent dans un dramatique incendie

Horrible drame, qui s’est joué en un clin d’oeil, ce matin, à la Montée Grand-Sable, petit village sur la route côtière reliant Mahébourg à Grande-Rivière-Sud-Est (GRSE). Le bilan est extrêmement lourd avec deux bébés, les demi-frères Thierry Fabrice Colas et Benito Colas, âgés de deux ans, qui ont péri dans leur maison de deux pièces en feu. Cinq autres, âgés entre deux ans et demi et neuf ans, ont pu être sauvés des flammes alors que la mère, Daniella Prosper, 35 ans, qui avait déjà un bras plâtré, s’est retrouvée avec des brûlures au bras. Malgré la prompte intervention des secours, que ce soit au niveau des volontaires du village ou des sapeurs-pompiers, la maison a été détruite par l’incendie et la police a ouvert une enquête en vue de déterminer les circonstances du sinistre.
« Tir mo dé zanfan dan difé ! Tir zot ! Bann ti-baba sa ! » hurlait Daniella Prosper, handicapée par un bras déjà plâtré quand sont arrivés les premiers secours. Antee Boodhun, frisant la cinquantaine, vaquait à ses occupations ménagères quand elle a entendu sa fille criant « difé ! difé ! » C’est à ce moment que ces voisins se sont rendus compte du sinistre qui s’était déclaré chez la famille Colas, qui habite en face à Grand-Sable.
« Nou ine galoupé nou ine allé pou guetté ki nou kapav fer. Mama-là ti pe kriye ki éna dé zanfan ankor andan. Li ti pe rod rantré pou alle tir zot. Mé difé là ti tro gran. Apré, nou ine tan bann eksplozyon andan lakaz ki pe pran difé. Nou pas ine laisse li réalle andan », raconte sur place au Mauricien Antee Boodhun, qui partage la lourde douleur de la famille Colas.
« Sa dé ti-baba là ti lor lili dan ène lasam par derrière. Samem pa ine kapav tire zot. Ti énan tro laflam ek lafimé », tente d’expliquer un des ceux qui sont allés porter secours. Cinq autres enfants de la même famille ont pu être retirés des flammes parce que, semble-t-il, ils se trouvaient dans une autre chambre plus accessible aux secouristes, qui ont fait le maximum pour circonscrire le sinistre.
La mère Daniella Prosper, qui a été transportée d’urgence à l’hôpital Nehru pour des premiers soins, devrait être transférée à la Burns Unit du Princess Margaret Orthopaedic Centre (PMOC) en cours d’après-midi en raison de la gravité de ses brûlures. Les cinq autres enfants ont été pris en charge par les autorités compétentes. À la mi-journée, le Chief Police Medical Officer, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, avait fait le déplacement à Grand-Sable pour un constat des lieux avant de faire transporter la dépouille des deux petites victimes à la morgue pour les autopsies.
Désarroi
À ce stade, plusieurs hypothèses, dont celle du court-circuit, sont avancées pour tenter de comprendre ce qui s’est passé effectivement ce matin. L’enquête de la police, le constat des sapeurs-pompiers et les expertises des ingénieurs du Central Electricity Board devront permettre d’établir de manière formelle les causes de ce drame. La possibilité d’une explosion de la bonbonne de gaz sous les effets de la chaleur n’est pas à écarter avec le feu se propageant plus rapidement en consumant le matelas sur lequel étaient placées les deux petites victimes.
Les témoignages recueillis sur place dans ce village marqué du sceau du sous-développement et des affres de la pauvreté indiquent que les enfants de la famille Colas se trouvaient à l’intérieur de la maison et leur mère à l’extérieur quand le feu a éclaté. Elle aurait quitté sa maison pour poursuivre une conversation téléphonique car la communication était mauvaise à l’intérieur.
Le chef de ménage, Jacques Laval Steve Colas, 33 ans, ne se trouvait pas sur les lieux au moment des faits. Dans sa version, il affirme qu’il était parti vers les 9 heures 30 en vue d’aller récupérer l’argent pour deux kilos de poisson qu’il avait pêché dans la nuit d’hier à ce matin.
Jacques Laval Colas se trouvait dans un urgent besoin de finances car il n’avait plus de gaz ménager à la maison pour cuire à manger pour sa famille. Même s’il avait vendu du poisson, il n’avait pu récupérer son argent car le client lui avait fait comprendre qu’il n’allait pouvoir s’acquitter de cette dette que cet après-midi au plus tôt.
« Mo ti pe retourne lakaz et mo ti lor latet la Montée Grand-Sable kan mo trouv bane bel bel laflam pe sorti depi mo lakaz. Mo trouv mo bann zanfan ek mo bonnfam deor. Mo ine galoupé. Mé kan mo ine arivé mo pa ine kapav rantré pour alle tir bann ti baba », témoigne ce père de famille accablé par ce drame jetant le désarroi dans la petite communauté du village de Grand-Sable.

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