Gouvernance et transparence de mise

L’espace démocratique dépend de deux facteurs-clés pour s’épanouir. La
gouvernance et la transparence demeurent des antidotes puissants contre tout
Kadna appliqué dans la gestion des affaires de la Cité. Depuis l’avènement du
gouvernement de l’Alliance du Changement, infligeant au Pravind Jugnauth 3.0
un cinglant 60/0, l’évidence avec le Parlement, qui s’est réuni pour la première
fois, vendredi, est le déficit patent d’une opposition, instance dont la mission
première est d’assurer la redevabilité de toute action, aussi légitime soit-elle, de
la majorité.

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Les deux représentants de l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR) et les
deux de l’Alliance Libération sont arrivés à la conclusion que les intérêts et le
bien commun de l’île Rodrigues, dont ils sont issus, seront mieux défendus que
s’ils ne se joignent qu’à la majorité de la Chambre. Un choix politique.

Donc, cette opposition au sein de l’hémicycle se résume à deux membres, ayant
bénéficié des faveurs d’un exercice de repêchage sous le Best Loser System, et
surtout ayant contesté le suffrage universel du 10 novembre sous la même
bannière politique. Toutefois, au lendemain de la proclamation des résultats des
élections, l’un des deux partenaires a pris sa liberté d’exercer son droit de faire
bande à part au sein de la Chambre. Un autre choix politique.

Dans sa démarche déclarée visant à redorer le blason de l’Assemblée nationale,
la nouvelle Speaker, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, n’aura d’autre choix que
d’aller au-delà des Hallmarks reconnus d’un Speaker, à savoir authority and
impartiality. La tradition de la Chambre des Communes, notamment Erskine
May, souligne avec force que “Confidence in the impartiality of the Speaker is
described as an indispensable condition of the successful working of
procedure.”

Avec cette majorité écrasante autour d’elle au sein de l’hémicycle, Madam the
Speaker, avec son passé de parlementaire expérimentée, ayant siégé des deux
côtés de la Chambre, saura faire l’économie de fausses notes pour que la
partition soit en harmonie avec authority and impartiality. Ses trois Rs, Respect,
Rights and Responsibility, se présentent comme des balises, devant montrer le
chemin vers une démocratie vivante.
Toutefois, l’équation de cette opposition, comprenant deux membres, avec le
divorce déjà consommé entre eux, se pose davantage avec acuité par rapport au
rôle de chien de garde avec le Conseil des Droits de l’Homme identifiant les
piliers de la bonne gouvernance comme suit : la transparence; la responsabilité;
l’obligation de rendre compte de ses actes; la participation et la capacité de
répondre aux besoins de la population. Difficile de concevoir deux
parlementaires, même avec la meilleure bonne volonté au monde, s’attelant à ce
qui s’apparente aux travaux d’Hercules en démocratie face à une Overwhelming
Majority.

Mais une partie de la solution de la faiblesse de l’opposition ne se trouve-t-elle
pas dans le document élaboré par le Fonds monétaire international ? Building the
Future, anticipant une marge de manœuvre réduite pour la corruption et les
pouvoirs discrétionnaires, préconise que « les gouvernements ouvrent l’accès à
l’information et, ce faisant, rendent les règles plus prévisibles, tout en
responsabilisant davantage leurs auteurs. »

Dès cette semaine, le gouvernement se lancera dans un marathon de
nominations à la tête de plus d’une trentaine d’instances et d’organismes
parapublics. Les critères de sélection sont à la discrétion des princes du pouvoir
du jour. Mais une fois le choix arrêté, n’y a-t-il pas un devoir de transparence
autour des conditions attachées à ces nominations, en rendant publique une
fiche standardisée de ces détails que le poste soit celui de Gouverneur de la
Banque de Maurice ou encore de Chief of Staff au Prime Minister’s Office ?

Cette démarche peut suppléer à l’absence d’une Freedom of Information Act,
tant de fois annoncée. Mieux encore, cette obligation rendra automatiquement
caduque cette campagne, qui fait rage actuellement sur les réseaux sociaux,contre ce Top Chef d’une institution financière, présenté comme étant “to
receive Rs 36 million in bonuses alone”. En sus de ses salaires par million.

Encore plus, cette initiative épargnera à Madam The Speaker de se prononcer
sur le fait si la Parliamentary Question portant sur les salaires et Fringe Benefits
accruing to the former director general of the Financial Crimes Commission is
admissible or not.
En tout cas, en prévision de la première séance du Question Time, le King of
Betting évite d’enregistrer des paris sur l’éventualité de cette dernière PQ. Tant
que c’est enn banker sek même si la saison hippique a pris fin prématurément
cette année.

Patrick Michel

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