Stéphanie Jacquin
Manager de We-Recycle *
Avec la rentrée scolaire, l’ONG We-Recycle a repris activement la formation des éco-citoyens de demain. Un pas de plus vers une Ile Maurice durable. Une sensibilisation primordiale dépendant entièrement du soutien financier des citoyens et des entreprises. L’appel est lancé par Stéphanie Jacquin, manager de l’association.
Le landfill est plein et les graves incendies à Mare Chicose ont montré l’urgence de réinventer notre système défaillant de gestion des déchets. Lumière au bout du tunnel, les poubelles de tri sélectif feront leur entrée dans les ménages mauriciens en 2026, grâce à une législation déjà votée !
Ainsi le prévoit que chaque famille disposera à partir de 2026 de trois nouvelles poubelles de tri : déchets verts ; recyclables (canettes, cartons, papiers, plastiques) et une pour les déchets génériques.
Naturellement, un système national dépendant du secteur public devra être mis en place pour soutenir la collecte et le ramassage différencié des déchets. Mais ce n’est pas le seul enjeu. C’est toute une population qui devra être formée aux bons gestes en quelques mois ! Un défi colossal, car en plus de la sensibilisation, il faudra s’assurer de l’appropriation dans la pratique.
À We-Recycle, notre mission est de sensibiliser les plus jeunes au tri sélectif pour qu’ils soient moteurs de changement au sein de leur famille. Cette année, si les fonds sont disponibles, nous prévoyons de former 18 000 élèves des écoles publiques grâce à notre programme éducatif ludique et interactif. Une mission d’envergure qui sera assurée par notre équipe de 25 éco-éducateurs ayant une solide expérience dans le domaine. Et une opération que nous menons avec le soutien de Small Step Matters.org pour la levée de fonds : une cagnotte active s’élevant à 550.000 roupies qui nous permettra de sensibiliser 11.500 enfants.
Le temps est compté pour lever ces fonds, car la sensibilisation se fera dans les écoles uniquement d’ici juin avant les révisions et les examens du deuxième trimestre et hors troisième trimestre, période durant laquelle nous n’avons pas accès aux écoles. Notre équipe est extrêmement flexible et hyper motivée pour toucher tous les établissements prévus malgré les contretemps venant perturber parfois le bon déroulement du programme scolaire tels que les pluies diluviennes, les cyclones…
L’an dernier, nous avons ciblé 17 écoles avec un projet pilote, ce qui nous a permis de déterminer les âges et les grades les mieux réceptifs à notre programme. Ainsi, l’ONG optera cette année 2025 stratégiquement pour les Grades 5 et 6, à la place des petites classes. Nous réfléchissons d’ores et déjà comment viser les plus jeunes, éventuellement avec le concours des arts plastiques comme médium d’apprentissage. Visiter des centres de tri et organiser des sorties scolaires pertinentes seraient également des pistes intéressantes à développer pour donner un éclairage plus concret encore aux apprentissages en classe. Tout dépend des fonds disponibles. Le nerf de la guerre de cette lutte contre l’enfouissement des déchets sans distinction !
Nous souhaitons également mettre en avant le fait que notre programme est inclusif. Nous comptons dans notre équipe deux éco-éducatrices ayant déjà travaillé avec les élèves nécessitant une attention particulière pour l’apprentissage. Nous sommes à l’écoute des demandes et des besoins des ONG et des écoles du SENA.
Les déchets ont une valeur quand ils ne finissent pas tous dans la même poubelle indifférenciée. Les enfants en prennent conscience. Et nous espérons au fur et à mesure des années pouvoir élargir notre programme pour leur expliquer les perspectives d’emploi, si la filière se structure correctement. Les business liés au recyclage et à l’up-cycling seront sans conteste créateurs d’emploi pour les citoyens de demain. Cependant, tout cela ne sera possible que si ce gouvernement accorde à l’économie circulaire la place qu’elle mérite.
La protection de l’environnement étant un enjeu national, notre équipe compte sur un élan de solidarité nationale voire internationale, si les Mauriciens de l’étranger se mobilisent également derrière notre levée de fonds. C’est l’avenir de notre pays qui est en jeu. Nous espérons que les entreprises et les citoyens se rendent compte de l’urgence d’être formé aux bons gestes de tri. Nous espérons également, de tout cœur, que ce gouvernement saura reconnaître le rôle clef des ONG en matière de sensibilisation au tri sélectif et de collecte des déchets recyclables.
*Contact de l’association : 434 3475 ou info@we-recyclemauritius.org
Contact : manager@smallstepmatters.org