Financement des partis politiques : chronique d’un No Go parlementaire annoncé

  • Au décompte des voix : 42 pour, treize membres de l’opposition contre et abstention de Xavier-Luc Duval, Patrice Armance et Nando Bodha
  • Le leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, en convalescence, applaudi par la majorité pour son retour au sein de l’hémicycle

Le Constitution (Amendment) Bill et le Political Financing Bill présentés par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’ont pas réussi à atteindre la barre constitutionnelle de trois-quarts des membres du Parlement et n’ont par conséquent pas été adoptés en troisième lecture. Les deux projets de loi n’ont, après le décompte de voix réclamé par Reza Uteem, été soutenus que par 42 parlementaires de la majorité. Treize députés de l’opposition présents dans l’hémicycle ont voté contre, trois autres, Xavier-Luc Duval, Patrice Armance et Nando Bodha se sont abstenus et onze parlementaires étaient absents. D’autre part, le leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, en convalescence, a été applaudi par ses pairs de la majorité pour son retour au sein de l’hémicycle, hier après-midi. Il avait fait le déplacement exclusivement pour participer au vote sur ces deux textes de loi.

- Publicité -

Ainisi, c’est en l’absence des membres de l’opposition du PTr, du MMM et des Nouveaux Démocrates que le Premier ministre est intervenu pour affirmer que « political funding has the potential to undermine democratic governance ». Il s’est insurgé contre les membres de l’opposition, qui ont boycotté son intervention, affirmant qu’il s’était fait un devoir d’écouter tous les parlementaires qui sont intervenus lors des débats.
L’intervention du Premier ministre a été marquée par une virulente sortie contre le PTr, le MMM et les Nouveaux Démocrates, et en particulier Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Il s’en est pris aux politiciens et à certains journalistes qui se sont opposés aux deux textes de loi avant de prendre connaissance de leurs contenus. « Quelle insulte à l’intelligence de nos compatriotes », s’est-il demandé.

Il souligne que les vraies raisons derrière la posture adoptée par les parlementaires de l’opposition contre la réforme du financement des partis politiques « remain their allegiance to the mafiosos who fill theirs coffers. I have said and I repeat, that the drug mafia is financing this opposition.» Il maintient que son gouvernement « is acting mercilessly against the murderers of death. »

Il a allégué que sous le gouvernement du PTr cette mafia était devenue si puissante parce qu’elle était protégée.  Il a voulu pour preuve que l’ancien Premier ministre Ramgoolam a toujours refusé d’instituer une commission d’enquête contre la drogue. Il a cité une série de noms pour démontrer que le PTr et le MMM ont entretenu des liens étroits avec les trafiquants de drogue et ainsi que ceux qui se livrent au blanchiment de l’argent.
Pravind Jugnuath a déploré que les membres de l’opposition se sont prononcés avec véhémence contre le réenregistrement des cartes SIM malgré que cette décision relève de la commission d’enquête présidée par Paul Lam Shang Leen.

Il ajoute que l’opposition s’est également prononcée contre la création de la Financial Crimes Commission.

 « They continue to oppose these new institutions. Their motive, once again, is linked to their proximity to the mafia, which contributes to their political warchest », poursuit le Premier ministre. Il est d’avis que l’opposition ne veut pas que la population découvre d’où provient le contenu des coffres de Navin Ramgoolam. Il accuse ce dernier d’utiliser les finances de son parti pour payer des séjours dans des hôtels luxueux.

Il s’indigne que l’opposition qui a prêché en faveur de la transparence pendant longtemps s’oppose à des textes de loi, visant à insuffler précisément ce même principe de gouvernance dans le financement des partis politiques et de leurs dépenses.
Le Premier ministre avance que contrairement aux partis d’opposition, le MSM a traduit ses promesses dans des engagements concrets. « We have no mafia to defend. We have nothing to hide. We have a clear conscience. This is why we act with firmness, courage and determination. The allegations made by the opposition in relation to the financing received by the MSM from a businessman are totally false», s’est-il appesanti.

Il a réitéré le fait que son gouvernement n’épargnera aucun effort pour traquer les groupes qui s’adonnent à des activités illicites. « Due to their behaviour and the position adopted against the bill in front of the house, the opposition is more and more exposed», faitil ressortir.  Il s’est déclaré convaincu que la population sait aujourd’hui qui sont ceux qui pactisent avec les défenseurs des mafias et qui veulent perpétuer l’opacité au détriment de la transparence, de la Rule of Law et la bonne gouvernance.

« En choisissant de ne pas voter en faveur de ces deux textes de loi, c’est un nouveau clou que l’opposition enfonce dans son cercueil politique. The people will dig the last nail when the time comes »,prévient-il.
Pravind Jugnauth a conclu en expliquant que la corruption à travers les influences indues est plus insidieuse et dommageable au processus démocratique que les formes explicites de corruption dans lesquelles les récepteurs des fonds privés mènent directement aux pouvoirs politiques.

Les deux textes de loi ont été adoptés en première et deuxième lectures ainsi qu’à l’étape de l’examen en comité. Juste avant que les deux textes soient adoptés en troisième lecture les députés du PTr et du MMM ont fait leur entrée au sein de l’hémicycle. Reza Uteem a réclamé une Division of Votes avant l’adoption en troisième lecture.

Après le décompte de voix, le Speaker a annoncé que les deux textes de loi n’ont pas obtenu le soutien des 3/4 des parlementaires et qu’ils n’ont pas été adoptés en troisième lecture.

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -