À l’occasion de la Journée mondiale de l’océan, Malaika raconte l’histoire tragico-comique des coraux menacés par la présence de l’homme sur les plages et dans le lagon.
Il était une fois un corail, qui blanchissait plus vite que les autres. Ses amis le surnommaient Boule de neige.
« – Je ne comprends pas. Plus nous entrons en hiver, plus la mer me semble chaude, cette année ? Vous ne trouvez pas ? », demanda Boule de neige à ses amis du récif corallien.
– Une vraie irradiation nucléaire, un volcan sous-marin, un jacuzzi !», répondirent ses camarades coraux, en transpirant à grosses gouttes… d’eau salée.
– Une pollution, sans doute ?
– Envoyons nos amis poissons trouver l’origine de ce problème ! Ils n’ont pas besoin de jumelles, ils sont mobiles et rapides.
Quelques minutes plus tard, les Kato et les Laf-labou reviennent de leur expédition sous-marine, avec une explication :
– De la crème solaire flotte sur l’eau tout autour de vos coraux ! Dans tout le lagon et au-delà ! Sans doute les nageurs pensent vous protéger avec leur propre crème solaire !
– Quelle générosité ! Quelle solidarité ! Ils pensent nous préserver des rayons du soleil et de la hausse de la température de l’eau, mais ils nous polluent. À ce rythme-là, je serai bientôt transparent ! », s’agace le corail Boule de neige.
– Tu blanchis de plus en plus, j’espère que tu ne vas pas finir par disparaître comme une boule de neige restée trop longtemps au soleil », se moquent les autres coraux.
– Vous n’êtes pas gentils. Assez de racisme. Heureusement que j’ai rencontré les élèves d’une classe de la côte ouest avec masques et palmes, en sortie scolaire avec leurs maîtresses ! Je leur ai demandé de passer ce message aux humains : « n’utilisez que des crèmes solaires avec un emballage nature ! » Ces petits plongeurs le savaient déjà car ils ont étudié en classe la chanson en kreol Losean de l’artiste AnneGa.
– Nous avons donc encore une petite chance de survivre… grâce aux enseignants, aux enfants, aux artistes, aux chanteurs, aux conteurs, aux dessinateurs…
– Et si les humains ne comprennent pas la manière douce, nous emploierons la manière forte avec nos amis les requins et les Laf-labou ! Élimination nette des nageurs, de leur crème solaire, et donc de la pollution !
– Tu es bien optimiste, Boule de neige ! Il restera encore les bouteilles et les sacs en plastique, les cannettes, les savates, les mégots de cigarette… Tout un continent de détritus à la dérive, qui colle parfois à nos récifs coralliens ! Prochaine étape ? Tu vas envoyer en mission les lions de Lakazela pour dévorer tous les humains, qui pique-niquent sur la plage et laissent leurs poubelles sur place ?
– Un aspirateur géant des mers, voilà ce qu’il nous faudrait, pour ramasser les déchets et les nageurs ! À Maurice et à Rodrigues. Avec un tamis, une passoire pour retenir les humains au passage… et les interroger sur leurs habitudes écologiques ou dégoûtantes…
– Un tamis avec un détecteur de mensonges, alors ! Les humains pollueurs seraient avalés par l’aspirateur des mers. Et les nageurs et pique-niqueurs respectueux de la nature épargnés !
– Après, nous pourrions ouvrir un restaurant sous-marin avec au menu des sushis… humains !
– Miam, Miam ! Ce sont nos préférés ! », concluent en chœur les requins !
Malaika, 10 ans. (Texte et tableaux)
Amatrice de snorkeling et de kayak,
mais pas de sushis (ni veg, ni non-veg) !