La Financial Crimes Commission (FCC) a organisé un atelier de travail au Réduit Triangle, jeudi dernier, à l’intention des médias dans le contexte de la lutte contre les crimes financiers. Les participants ont eu l’opportunité d’interpeller les responsables de l’organisme sur certains sujets en vue d’une bonne collaboration, en particulier avec des High Profile Case en cours. Profitant de cette séance, l’Acting Director General de la FCC, Titrudeo Dawoodarry et le Commissioner de la FCC, Richard Rault, ont expliqué ce qui se passe derrière les rideaux.
« Nous enregistrons environ 30 plaintes quotidiennement, soit plus de 3 000 annuellement, alors qu’il y a un backlog de 600 plaintes », fait comprendre l’Acting DG. Il a ajouté que la FCC opère avec 75 membres de personnel pour le moment : « Nous manquons beaucoup de ressources. »
Titrudeo Dawoodarry avance que le staff travaille très dur : « Nous terminons régulièrement tard le soir ou même jusqu’à 2h du matin pour reprendre le travail le même jour à 9h. Nous le faisons avec passion, intégrité et surtout pour le pays ». Il reconnaît que les employés font beaucoup de sacrifices afin de lutter contre les crimes financiers. Il a fait comprendre qu’ils subissent des menaces dans le cadre de leur travail, comme de la part de Franklin, qui aurait affirmé à la FCC : « Ler mo sorti, mo pou fer rekin manz zot dan Rivyer-Nwar ». Cependant, la FCC est déterminée à aller de l’avant avec son travail.
Titrudeo Dawoodarry explique que quand une plainte est logée à la Complaint Unit, une équipe procède à une analyse de la déclaration et appelle le plaignant pour des détails supplémentaires. « Si c’est nécessaire, nous allons sécuriser des documents », dit-il. Puis, il y aura l’enregistrement de la version des témoins comme pour un Procurement Board.
Par la suite, la Legal Division sollicitera un Disclosure Order auprès d’un juge siégeant en référé : « la banque peut prendre un mois pour nous répondre. Nous devons attendre ». S’ensuit alors une descente dans la banque pour collecter les « boxes of financial segment » pour des besoins d’analyse. « Par la suite, nous allons voir s’il y a besoin de demander un Voucher Deposit à la lumière de nos analyses, et ce n’est qu’après cette étape qu’un suspect est interpellé pour interrogatoire ».
Titrudeo Dawoodarry affirme que la FCC doit respecter toutes ces procédures qui prennent du temps, même s’il dit comprendre l’impatience du public dans certains High Profile Cases. Les enquêteurs doivent aussi naviguer avec la disponibilité des avocats : « Mo pa kapav dir enn sispe pran X avoka akoz Y busy. Dapre lalwa, li gagn drwa swazir so avoka. »
Si la FCC veut obtenir des informations sur de l’argent à l’extérieur, il est impératif qu’elle sollicite une Mutual Legal Assistance par le biais de l’Attorney General’s Office : « Dan mazorite ka, sa demann-la rant dan enn tirwar deor. Sa anketer deor la pou dir Moris so case Peanuts sa akoz pe koz kelke milyon alor ki li ena bann pli gro dosie pou trete ». D’où selon l’Acting DG de la FCC, le fait que certains cas financiers traînent pendant des années car cette commission est toujours dans l’attente des réponses des organismes financiers de l’extérieur.
Néanmoins, la commission a institué un réseau de contact international, connu comme le « working group », où des informations peuvent être obtenues plus rapidement. Cependant, ces éléments sont considérés comme des « informal information ». « Informal information cannot be used as evidence », fait comprendre Titrudeo Dawoodarry.
Toute cette attente affaiblit les enquêtes en cours. « Il y a des cas où des témoins clés sont déjà décédés alors que l’affaire devant une cour de justice prendra encore des années », devait indiquer l’Acting DG de la FCC. Il a ajouté que « we cannot initiate investigation now and go to trial next week. »
Concernant le fait que très souvent les personnalités publiques ne sont pas menottées, la FCC affirme que « si la personne ne représente aucun danger à notre staff et la police, ou risque de fuite, il n’y a pas lieu de lui passer les menottes. Dans le cas de Franklin, la FCC a fait appel au GIPM car nous avons reçu des menaces. »
L’Acting DG de la FCC a aussi expliqué que l’organisme maintient une personne en détention que si elle risque d’interférer avec les témoins ou des preuves, ou encore de prendre la fuite : « Maintaining a person in detention must be the exception to the rule. Nous devons aussi convaincre la cour pour quelle raison nous souhaitons qu’un suspect reste en détention. Au final, c’est la justice qui tranche ». D’autre part, il dira que la FCC « tret tou dimounn parey. Mem mwa mo pa intousab. »
Titudreo Dawoodarry précise aussi que la FCC mène son investigation de manière indépendante. « Depuis que j’assume le rôle d’Acting DG, jamais un politicien m’a appelé pour me donner des directives sur une enquête. Je ne sais pas ce qui se passait auparavant, mais aujourd’hui, la FCC est vraiment indépendante », affirme-t-il.
De son côté, Richard Rault a confirmé que « de nature, certaines enquêtes sont longues ». Il a mis en exergue que la FCC est Understaffed mais qu’elle essaie tant bien que mal à accomplir le travail selon le budget alloué à l’organisme. Concernant l’argent saisi dans les valises chez le suspect Josian Deelawon en janvier, le Commissioner affirme que les Rs 114 millions seront transférées dans le compte de l’Accountant General au terme de l’enquête.