Face à la presse
Ramgoolam : « Faire la différence entre les promesses et les réalités économiques »



  • Le PM : « Il faut à tout prix éviter que Maurice soit considérée comme un  Junk Status de la part de Moody’s »
  • Paul Bérenger : «  La priorité consiste à réduire la dette du gouvernement et redresser l’équilibre fiscal »

Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, avec à ses côtés Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, et de tous les membres de son gouvernement est revenu avec force détails sur la différence entre les promesses formulées avant les élections et les réalités économiques du jour. Il a donné des renseignements concernant le paiement en deux tranches du 14e mois à tous les salariés touchant jusqu’à Rs 50 000 ainsi qu’à tous les bénéficiaires des allocations de prestation sociale ainsi que de la baisse du prix de l’essence de Rs 5. Il a aussi évoqué le paiement d’une compensation de Rs 1 000 aux bénéficiaires de pensions et du paiement d’une compensation de Rs 610 à tous ceux bénéficiant d’un salaire de base allant jusqu’à Rs 50 000. « Seki nou kapav fer nou’nn fer. Il nous faut agir en responsable et ne pas autodétruire le pays », a-t-il fait comprendre.

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Le Premier ministre et ministre des Finances a indiqué que le paiement du 14e mois aux employés des secteurs public et privé coûtera au total Rs 18, 7 milliards. Rs 2, 3 milliards seront utilisées pour soutenir les PME. Ashok Subron a précisé que le paiement du 14e mois aux pensionnaires tournera autour de Rs 5 milliards. Le déficit sera porté à 9,7% et la dette publique autour de 87% du PIB.

Le Premier ministre est revenu sur les grandes lignes de sa déclaration sur l’État de l’économie faite au Parlement mardi dernier. « Plus nous poursuivons des recherches, plus nous découvrons les manipulations pratiquées par l’ancien ministre des Finances avec la bénédiction de l’ancien Premier ministre. Le ministre Padayachy a voulu faire croire que le pays connaissait un boom économique. Or, le seul boom que nous entendons est celui de l’éclatement de  la bulle de mensonges », en citant que le Produit intérieur brut (PIB) en 2023 a été de Rs 22 milliards inférieur aux chiffres officiels annoncés. En 2024, la différence sera de Rs 36 milliards inférieur.

« Il nous faut maintenant rassurer les organismes internationaux et les agences de notation concernant la fiabilité des données, élément, qui est un des facteurs très importants pour la réputation d’un pays », affirme-t-il. 
S’attardant sur les données officielles, Navin Ramgoolam dénonce le fait que « des fonctionnaires ont subi des pressions de la part du ministre Padayachy et de son secrétaire financier de l’époque, qui leur ont mis devant un choix : soit ils utilisent les chiffres qui leur sont dictés, soit ils sont renvoyés. »  Il relève qu’il n’est pas vrai non plus de dire que le FMI n’avait rien dit. *

« Cette institution utilise les données que lui fournit un pays. Mais le FMI avait tiré la sonnette d’alarme en 2022 lors des Article IV Consultations en soulignant que Continuous effort is necessary to further strengthen the financial management and fiscal transparency and safeguard the statistical independence of Statistics Mauritius in the estimation of economic development and abuse. Il avait réclamé l’indépendance des Statistics Mauritius », dénonce Navin Ramgoolam, qui a accusé Renganaden Padayachy d’avoir continué à manipuler les chiffres lors de la présentation du budget 2024.

« Ils ont faussé des chiffres de la croissance, du PIB, du déficit budgétaire. Ils ont augmenté artificiellement les revenus de Rs 16,7 milliards et ont baissé les dépenses de Rs 5 milliards. Ils ont sous-estimé le déficit de Rs 21, 7 milliards. Non seulement les chiffres ont été faussés mais ils ont pratiqué une mauvaise administration. Nos réserves étaient en baisse, la dette a augmenté, la consommation a augmenté et ils ont continué à imprimer de l’argent », poursuit le chef du gouvernement, indiquant que la conséquence se fait sentir sur le marché des devises.

« Tout cela a eu pour résultat que les Mauriciens n’ont pas accès facile aux devises sur le marché, ni à la livre sterling, ni au dollar, ni à l’euro. La valeur de la roupie a continué de baisser, perdant 46% de sa valeur. Avec la dépréciation de la roupie, tous les produits importés coûtent plus cher. Les gens se plaignent de la hausse du coût de la vie. Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 33%, soit à un taux supérieur à celui de l’inflation. Or les pauvres dépensent la majorité de leurs budgets dans l’alimentation », déclare-t-il. Il est revenu sur la facture de Rs 26,9 milliards pour des décisions irréfléchies concernant Betamax, Neotown et BAI. 
Les entités comme Metro Express et Air Mauritius sont présentées comme des faits de faillite flagrante. Il maintient que la compagnie aérienne nationale est insolvable. À ce propos, le Premier ministre a constaté avec exaspération que ses dirigeants agissent comme si tout était normal et recrutent actuellement du personnel.  « Mo dir zot enn zafer. Pa grat ledo maler. Ils font des choses dans l’illégalité. Si ena dimounn pou kontinye amerd nou, il y aura des conséquences », a-t-il mis en garde. Il a aussi évoqué les problèmes financiers rencontrés au niveau de WWA , de la MPA, du casino de Maurice, du NPF, du CEB et de la CWA.

Silver Bank : un acte criminel
Évoquant le dossier de la Silver Bank, le Premier ministre a déploré la complicité du gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam et les Gupta de cette banque en faillite. Il a expliqué que le gouvernement a non seulement approuvé l’ouverture de la banque par Mme Gupta mais y a investi des fonds publics, et a incité la municipalité de Curepipe et des épargnants mauriciens et étrangers à y placer leur argent. Le problème est que plus de 60% des prêts ont été accordés à M. Gupta sans aucune garantie.

« Il y a des officiers qui ont objecté contre l’octroi des prêts. Le ministre des Finances a demandé à la Banque de Maurice de plus accorder des prêts. Mais, par la suite, le même ministre des Finances a exercé des pressions pour que des prêts soient accordés à certains Mauriciens. Il y a deux grands voleurs qui ont obtenu des facilités bancaires », a dénoncé le Premier ministre sans mentionner de noms. « C’est criminel ce qui s’est passé. Ils ont obtenu des prêts sans collatéral à travers des prête-noms », révèle-t-il.
Concernant, Pulse Analytics, auteur de faux sondages pour les élections en faveur du MSM, Navin Ramgoolam avance que le CEO de la MIC, Jitendra Bissessur, avait refusé initialement d’accorder de prêt sur la base que d’un High Risk Project. Le Premier ministre ajoute que le gouverneur de la Banque Centrale avait quitté son bureau pour se rendre dans les locaux de la MIC pour changer cette décision.  « Le projet est revenu sur la table. D’autres officiers ont dit que s’il y a des pressions il faut inclure des conditions. Tout a changé le 28 octobre. Un projet considéré comme highly risky a été approuvé. Aussitôt avoir obtenu de l’argent Pulse Analytics a effectué un retrait Rs 10 , 2 millions pour lui-même et Menlo Park. La Banque Centrale a réussi à obtenir une injonction et a réussi à bloquer Rs 34, 8 millions », confirme-t-il.
Le Premier ministre a révélé que d’autres scandales ont été découverts dont la création des sociétés-écrans par le ministre Padayachy afin d’approuver des prêts à travers MIC. La Banque Centrale poursuit ces enquêtes contre ce qui est considéré comme des crimes contre l’économie. Il a fait état de ses appréhensions contre le risque que Moody’s dégrade Maurice avec un Junk Status, soit être nullement en mesure de rembourser ses dettes.

De son côté, le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron a expliqué que le 14e mois sera versé à tous les bénéficiaires des pensions et des allocations sociales. Ce paiement coûtera à l’État quelque Rs 5 milliards. Le paiement s’effectuera entre le 16 et le 24 décembre dans les bureaux de poste et à partir du 17 à travers les banques. Tous les bénéficiaires de pension obtiendront une augmentation de Rs 1000 à partir de la fin de janvier. La pension passera donc à Rs 15 000 et tiendra compte de l’augmentation du coût de la vie.

Le ministre a soutenu que le gouvernement a respecté ses obligations envers la population et les plus démunis malgré la situation difficile. Le gros des engagements a été respecté malgré le désastre économique légué par l’ancien gouvernement Jugnauth.

Bérenger insiste sur l’importance de la Fiscal Responsibility Act


Le Deputy Prime Minister a pour sa part constaté que la situation est pire que ce que le gouvernement à travers le Premier ministre a constaté dans le State of Economy. Ainsi, les dettes de Metro-Express présenté comme un grand Achievement par le MSM s’élèvent à Rs 17 milliards. La compagnie a perdu de Rs 3 milliards en raison de la dépréciation de la roupie. Les Operating Expenses s’élèvent à Rs 837 millions. Tout compte fait, le MEL accuse un déficit moyen de Rs 2 milliards par an.

« Partout la situation est pire que celle décrite dans le State of the Economy.   La menace est encore plus grande avec dépenses que nous effectuons. Il faut qu’il y ait des mesures de redressement comme la dit le Premier ministre », préconise-t-il en avançant qu’il faut avoir des mesures pour réduire la dette du gouvernement et un Fiscal Consolidation Programme. Il propose le replacement de la MIC telle qu’elle existe. Il demande à ceux qui ont bénéficié des facilités auprès de cette filiale de la Banque de Maurice et qui respectent leurs engagements à ne pas s’inquiéter outre mesure.
Il a aussi annoncé que le gouvernement fera appel aux pays partenaires et pays amis à commencer par l’Inde, les États-Unis et la Grande-Bretagne, la Chine. « Il nous faut leur coup de main ainsi que de ceux du FMI et la Banque mondiale. Mais pas à n’importe quelle condition.

Le précédent gouvernement avait déjà approché la Banque mondiale en vue d’obtenir un prêt mais les négociations n’ont pas abouti à cause de la MIC », a-t-il précisé.
« Nous voulons, comme la dit le Premier ministre, empêcher que ce qui s’est passé sous le MSM se répète à Maurice. Pour ce faire, nous avons prévu la présentation d’une Fiscal Responsability Act, qui fixerait le niveau de la dette, le niveau du déficit budgétaire, dont le gouvernement aura le droit de pratiquer », a-t-il dit en mettant en avant l’exemple de la Jamaïque. Il a invité la population à accorder son aide pour que jamais plus ce que le MSM a fait ne se reproduise.
Invité à dire si le gouvernement compte présenter un nouveau budget, le Premier ministre a expliqué que la priorité est d’arrêter l’hémorragie. De son côté, Paul Bérenger a indiqué que si le besoin se fait sentir un budget d’urgence pourrait être présenté mais le gouvernement n’est pas obligé de le faire.

« Dans certains cas, des projets de loi seront présentés mais sans venir avec un nouveau budget. Nous n’avons pas le temps à perdre », reconnaît-il. 
Au sujet de la déclaration de l’ancien gouvernement à l’effet que des projets seraient financés par des revenus obtenus de revenus découlant de la location de Diego-Garcia, Navin Ramgoolam a expliqué qu’il fera une déclaration au Parlement à ce sujet. Il a révélé que Harriet Matthews, directrice générale pour l’Afrique, les Amériques et les Territoires d’Outre-Mer au Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) du Royaume-Uni, était à Maurice à la demande du Premier ministre britannique. Nous ne sommes pas satisfaits de la manière que l’ancien Premier ministre a négocié avec les Anglais. Nous avons fait des propositions à Mme Harriet Matthews et nous attendons une réponse », confirme-t-il. Paul Bérenger a, pour sa part, affirmé que la Grande-Bretagne et les États-Unis sont parmi ceux qui seront approchés par le gouvernement pour obtenir leur aide.

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