Des versions new-look de l’Espagne et de l’Italie se rencontrent aujourd’hui à Gelsenkirchen dans une rencontre très attendue du Groupe B de l’Euro 2024 entre les vainqueurs de trois des quatre derniers Championnats d’Europe. Les deux équipes ont montré en Allemagne un style de football différent de ce à quoi les supporters s’attendent généralement.
C’est désormais un rendez-vous obligé sur la scène européenne: après 2008, 2012, 2016 et 2021, la Nazionale et la Roja vont croiser le fer pour la cinquième édition consécutive d’un Championnat d’Europe. En 2012, lors de l’Euro polono-ukrainien, les deux sélections s’étaient même affrontées deux fois: un nul (1-1) en phase de groupes, avant une démonstration d’Andres Iniesta, Xavi et Xabi Alonso en finale (4-0). Il y a fort à parier que les deux équipes signeraient d’emblée pour se retrouver en finale le 14 juillet à Berlin: elles sont toutes deux en reconstruction et se posent encore bien des questions.
L’Espagne a battu la Croatie 3-0 lors de son match d’ouverture samedi dernier, en adoptant une approche plus rapide et plus directe que le style « tiki-taka » basé sur la possession qui lui a valu d’être sacrée championne d’Europe en 2008 et 2012 ainsi que vainqueur de la Coupe du Monde en 2010. Avec la génération dorée des maîtres des passes Xavi Hernández, Andres Iniesta et Xabi Alonso disparue depuis longtemps, l’Espagne est passée à une approche plus flexible sous la direction du nouveau sélectionneur Luis de la Fuente, mieux adaptée à l’équipe jeune et polyvalente à sa disposition. Face à une équipe croate vieillissante, l’Espagne a appliqué un pressing haut et implacable combinée à des transitions rapides qui ont semblé prendre leurs rivaux au dépourvu.
« Nous avons changer l’équipe nationale en une équipe aux multiples visages », a déclaré De la Fuente lors d’une conférence de presse samedi. « Les autres pays ne savent plus quel type d’attaque nous allons mettre en œuvre et c’est une raison d’être très heureux car cela pourrait remettre l’Espagne au niveau que l’on attend de nous ».
Même le journal sportif espagnol Marca est sous le charme, vantant les vertus offensives de l’équipe de Luis de la Fuente par rapport aux générations précédentes. « Aujourd’hui, nous, les médias et les fans, partageons beaucoup de fierté et d’ambition dans ce que nous faisons », a déclaré le gardien Unai Simón. « Nous tirons tous dans le même sens. Chaque joueur présent ici veut atteindre la finale et la gagner ».
Avec des doutes sur l’état de santé du milieu de terrain Rodri et du capitaine Alvaro Morata après leurs blessures contre la Croatie, De la Fuente, 62 ans, a gardé ses secrets pour le match de ce soir, fermant l’entraînement de l’Espagne aux médias pendant deux jours consécutifs.
Redonner confiance
Pour sa part, l’Italie, Championne d’Europe en titre, battue 4-0 par l’Espagne en finale de 2012, ne voit pas l’intérêt de tenter de dissimuler ses intentions. Chargé de redonner confiance aux supporters dévastés par leur échec à se qualifier lors des deux dernières Coupes du Monde, le sélectionneur Luciano Spalletti a laissé sa propre marque sur l’équipe depuis qu’il a pris la relève l’année dernière après avoir remporté le titre de Serie A avec Naples.
Mettant de côté le système Catenaccio traditionnel de « défense d’abord » italien, Spalletti a mis en œuvre une approche plus offensive, qu’il a utilisée à bon escient en battant l’Albanie 2-1 lors de son premier match. Sous Spalletti, l’Italie cherche à contrôler la possession du ballon et à dominer de petites zones du terrain avec une pression intense, permettant à Nicolo Barella et Lorenzo Pellegrini de servir les attaquants Davide Frattesi et Federico Chiesa sur les ailes.
Hier, Spalletti s’est dit davantage «préoccupé» par le «niveau de jeu» de l’Italie que par les qualités, certes «impressionnantes», de l’Espagne qu’il affronte jeudi (21h00) au premier tour de l’Euro . « Ce qui me préoccupe le plus de l’Espagne ? C’est notre niveau de jeu, c’est ça la clef du match, je suis plus attentif à ça », a répondu le technicien. « L’Espagne sait faire des choses qui sont impressionnantes, il va falloir subir sa qualité. Mais il ne faut pas qu’ils se croient plus forts qu’ils ne sont, nous aussi nous avons des capacités, nous allons tout essayer pour les battre ». « Aujourd’hui, c’est l’une des rencontres les plus importantes de ma carrière (… ) C’est un match qui peut devenir une belle histoire à raconter plus tard », a-t-il développé.
Les statistiques historiques illustrent l’âpreté de ce duel : au bilan de leurs précédentes 40 confrontations, l’Italie et l’Espagne sont en effet quasiment dos à dos avec treize victoires pour la Roja, onze pour la Nazionale, seize nuls, 46 buts marqués par l’Espagne, 45 par l’Italie ! Si les styles font la différence, le match de ce soir à Gelsenkirchen devrait être un véritable casse-tête. Mais, pour le moment, il s’agit de finir en tête du Groupe B, en attendant beaucoup mieux, plus tard lors de cet Euro 2024.
Le vainqueur de ce duel, s’il y en a un, aura déjà son billet en poche pour les 8es de finale, puisqu’il ne pourra plus être dépassé par la Croatie et l’Albanie, incapables de se départager mercredi (2-2).
Le chiffre à retenir …
1
Hors tirs au but, l’Italie n’a perdu qu’un seul de ses dix matches contre l’Espagne en Championnat d’Europe ou aux Coupe du Monde (4 victoires & 5 nuls), cette seule défaite est survenue en finale de l’Euro 2012 (0-4)
Les compositions probables
Espagne: Simón – Carvajal, Le Normand, Nacho, Cucurella – Ruiz, Rodri, Pedri – Yamal, Morata (cap), Williams
Italie: Donnarumma (cap) – Di Lorenzo, Bastoni, Calafiori, Dimarco – Jorginho, Barella – Frattesi (ou Cambiaso), Pellegrini, Chiesa – Scamacca
Arbitre: Slavko Vinčić (Slovénie)
Le point
Hier
Croatie 2 Albanie 2
Aujourd’hui à 23h00
Espagne – Italie
Classement J G N P BP BC Dif Pts
1. Espagne 1 1 0 0 3 0 3 3
2. Italie 1 1 0 0 2 1 1 3
3. Albanie 2 0 1 1 3 4 -1 1
4. Croatie 2 0 1 1 2 5 -3 1
* L’Espagne sera qualifiée pour les 8es de finale (en tant que vainqueur du groupe) si elle bat l’Italie.
* L’Italie sera qualifiée pour les 8es de finale (en tant que vainqueur du groupe) si elle bat l’Espagne.
Mbappé s’entraîne à part avec un pansement
Le capitaine de l’équipe de France Kylian Mbappé, victime d’une fracture du nez, a fait son apparition à la séance d’entraînement des Bleus, hier à Paderborn, avec un pansement, à deux jours du deuxième match des Bleus à l’Euro 2024 contre le Pays-Bas, demain à Leipzig.
La superstar des Bleus, absent en début de séance, s’est entraîné à part avec un préparateur physique avec qui il a échangé des passes à l’écart du groupe. Il s’est ensuite essayé à quelques frappes avec le reste de ses coéquipiers, sans apparaître gêné outre mesure.
Mbappé s’est blessé dans un choc avec le défenseur Kevin Danso lors de l’entrée en lice des Français dans le tournoi face à l’Autriche (1-0), lundi à Düsseldorf. L’encadrement avait indiqué mardi que la superstar des vice-champions du monde demeurait «incertain» pour le choc du Groupe D contre les Néerlandais. En cas de forfait, Olivier Giroud, le meilleur buteur de l’histoire de la sélection (57 réalisations) et qui prendra sa retraite internationale à l’issue de l’Euro, tient la corde pour le remplacer à la pointe de l’attaque.
Mbappé avait quitté le terrain lundi le nez en sang à la 86e minute de la partie et avait même été averti pour être rentré à nouveau sur la pelouse sans autorisation de l’arbitre. L’attaquant, qui avait provoqué l’unique but français, inscrit contre son camp par Maximilian Wöber (38e), avait été remplacé par Giroud (90e+1).
Il avait ensuite subi des « examens radiologiques » à l’hôpital de Düsseldorf qui ont confirmé une fracture du nez ne nécessitant pas d’opération à ce stade, avant de regagner le camp de base de l’équipe de France près de Paderborn (Rhénanie du Nord-Westphalie). Le staff des Bleus avait indiqué dès lundi soir qu’il devrait porter un masque de protection pour pouvoir reprendre la compétition.