Et tombent les filles…

Elles s’appellent Faeza Rawa, Shahera Banu et Bibi Sharmeermaaz Soobun-Mira. Point commun entre elles ? Toutes trois ont été victimes d’agressions violentes par des hommes qui entretenaient avec elles des relations amoureuses. Les drames se sont joués durant ces trois derniers mois.

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La première nommée, âgée de 41 ans, n’a pas survécu à l’attaque au cocktail Molotov dont elle a été victime le 7 juin dernier. Après 57 jours de souffrances atroces à l’unité des grands brûlés de l’hôpital, elle a jeté les armes. À ce jour, les meurtriers de Faeza Rawa courent toujours. Faeza se trouvait chez sa sœur, ce fatidique soir à Cité Martial, Port-Louis. Elle a ainsi relaté avoir « entendu la voix de deux hommes dans la rue ». Elle a alor lancé : « Ki pe arive la ? » L’un des suspects aurait répondu : « … to pou mor zordi ». Puis il y a eu une deuxième explosion et sa sœur était en feu.

Le mercredi 26 juillet, Shahera Banu, 33 ans, ouvrière bangladaise, est poignardée avec une lame qui restera dans ses entrailles, par son ex-époux, Jahangir Allam, un ressortissant du même pays. Tous deux sont arrivés à Maurice il y a cinq ans, venus chercher du travail. Shahera est employée comme Fish Cleaner chez Princes Tuna, tandis que Jahangir Allam, lui, est menuisier en aluminium chez Kanish Aluminium Co Ltd. Ensemble, ils ont une fille de 14 ans, restée au pays. Depuis un an, Shahera et Jahangir vivaient séparés. La jeune étrangère aurait été victime de la jalousie de son mari, qui la soupçonne d’infidélité. C’est ce qu’il a avoué dans sa déclaration à la police.

Bibi Sharmeermaaz Soobun-Mira, 42 ans, s’est pour sa part retrouvée cette semaine avec un couteau coincé dans sa tête. Son agresseur n’est nul autre que son ex-époux, Issah Issur. Cette habitante de Vallée-Pitot rentrait chez elle après son travail, ce 1er août, quand son ex-époux lui a planté l’arme blanche en pleine tête. Il se trouvait caché dans sa salle de bains, selon les dires de la victime. Une dispute serait l’objet du crime.

Shahera Banu et Sharmeermaaz Soobun-Mira sont des survivantes. Mais il y a fort à parier que ces jeunes femmes ne seront plus jamais comme avant. Leur corps portera pour toujours ce témoignage de la bestialité dont elles ont été victimes. Psychologiquement, elles ont été énormément fragilisées. Avant qu’elles ne reprennent une vie dite normale, il faudra laisser couler beaucoup d’eau sous les ponts.

Shahera Banu est Bangladaise. Le pire pour une jeune femme venue travailler dans un pays étranger, c’est d’être victime d’un crime sexuel d’une telle horreur. Les autorités représentant son pays lui ont-elles procuré soutien et encadrement ? Nul ne le sait. Voir ainsi la mort de près, et devoir remonter la pente loin des siens, est un double calvaire. Les circonstances dans lesquelles s’est déroulé le drame de Shahera Banu évoquent des scènes de films d’une rare violence. D’ailleurs, des centaines de Mauriciens ont vu cette agression, puisqu’une vidéo a vite fait le buzz sur les réseaux sociaux le lendemain de l’attaque, montrant son mari lui courir après en pleine rue, à L’Amitié, et lui assener des coups.

Le problème des violences faites aux femmes ne date pas d’hier ni ne s’arrêtera demain. Mais tout au moins, ralentir ces actes innommables par le biais de campagnes de conscientisation auprès des hommes autant que des femmes, et surtout des jeunes, adultes de demain, est impératif. Le ministère qu’occupe Kalpana Koonjoo-Shah dit accorder une place primordiale au problème. Pravind Jugnauth n’a pas raté l’occasion de s’ériger en Premier ministre protecteur des femmes. Pourtant, nos filles tombent encore et toujours…

Chez elles comme dans la rue, elles ne sont plus en sécurité nulle part. Alors où se réfugier ? Dans ces shelters sous la responsabilité de l’État qui défraient la chronique pour les mauvaises raisons ? Coincées entre leurs tortionnaires et une insécurité grandissante – il y a eu hélas des cas d’agressions sur les lieux de travail des femmes –, quelles alternatives s’offrent aux potentielles victimes des hommes qui ne les aiment pas ? L’État ne devrait-il pas investir davantage dans des structures plus adéquates et sécurisées qui pourraient les héberger ? Ou est-ce que le gros du budget voté pour ce ministère se perd dans des projets sans grand avantage pour le peuple ?

 

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