L’Independent Commission against Corruption (ICAC) et la Mauritius Revenue Authority (MRA) enquêtent sur le président d’un parti politique pour escroquerie alléguée. Des victimes ont en effet porté plainte à la police contre lui dans un premier temps avant de se rendre au Reduit Triangle pour le dénoncer.
Le suspect loue un bureau dans le centre de Port-Louis, où il exerce comme courtier auprès de certains avocats et avoués. Mais beaucoup se tournent cependant vers lui, croyant qu’il est un homme de loi, afin de trouver une solution à leurs problèmes. Ce que le principal intéressé accepterait de faire contre paiement. Après quoi il remettait à ses « clients » un reçu au nom de son parti, et non pas en son nom personnel. Un stratagème qui lui faisait ainsi passer les paiements pour des donations. Le suspect s’occupait entre autres de litiges familiaux et fonciers.
L’une des victimes alléguées, une retraitée de 75 ans, explique ainsi que, depuis quelques mois, une marchande de rôtis squattait son terrain, à Plaine-Verte. La vieille dame lui aurait demandé de partir, mais en vain. Voulant obtenir un ordre de la cour pour récupérer son terrain, un proche lui aurait alors conseillé de contacter un courtier. C’est ainsi que la victime s’est rendue au bureau du politicien, à Port-Louis, en vue d’entamer des démarches en novembre de l’année dernière. « Il m’a dit qu’il pouvait régler mon problème et amener la marchande en cour. Mais je devais lui remettre Rs 10 000. Puis il m’a dit d’apporter Rs 25 000 », explique-t-elle.
L’escroc présumé lui aurait ainsi fait croire qu’il avait des « contacts » au niveau de la police, du judiciaire et, même, auprès de la classe politique. La victime, qui dit avoir économisé sa pension de retraite pendant l’année, a alors remis au courtier la somme demandée. « Il m’a donné un reçu au nom de son parti, avec la somme de Rs 25 000 inscrite dessus et le mot “donation”. »
Mais les semaines ont passé et la vieille dame n’a plus eu de nouvelle de son affaire. « Comme c’était la fin de l’année, j’ai cru qu’il était pris avec des engagements personnels. Je n’ai pas voulu le déranger », déclare-t-elle. En janvier, elle a appelé le courtier pour savoir où en était son affaire, mais elle n’a obtenu aucune réponse. C’est alors que plusieurs personnes l’ont informée qu’elles avaient, elles aussi, été victimes des frasques de l’homme en question. La septuagénaire a débarqué au Central CID fin de janvier pour porter plainte et son cas a été référé à la CID de Port-Louis.
Une autre victime, elle, résidant Stanley, a déclaré avoir remis Rs 20 000 au suspect pour régler un litige à propos d’un terrain. Mais ce dernier joue aux abonnés absents depuis plusieurs semaines. Elle a produit à la police les documents dudit terrain et le reçu remis par le suspect, toujours au nom de son parti.
Les enquêteurs ont appris que ce président de petit parti politique aurait ainsi fait une cinquantaine de victimes ces quatre dernières années. Dans certains cas, il aurait bien référé les dossiers à des avoués et avocats, mais il ne leur aurait pas encore remis la totalité de leurs “fees”. Un avocat a confirmé au Mauricien que ce courtier a mauvaise réputation en raison d’allégations d’escroquerie. « Très peu acceptent de traiter avec lui lorsqu’il recommande le dossier d’un client qu’il a rencontré. »