L’esclavage fut une barbarie absolue.
Et ses séquelles sont toujours là, le racisme anti-noir fait toujours des ravages.
Face à cette barbarie qu’on aurait tort de réduire à un déterminisme économique, à une entreprise capitalistique, se dressèrent des femmes et des hommes.
Souvenons-nous d’Anna de Bengale, d’Espérance, de Mme. Françoise, de Sans-souci, Tatamaka, Coutoupa, Caetane, Macchabe, Mangalghan, Diamamouve, Bellaca, Ratsitatane…
En attendant le musée du marronnage que nous avons toujours appelé de nos vœux, et récemment annoncé, pourquoi n’érigeons pas une stèle en hommage à tous ces valeureux combattants de la liberté sur laquelle seraient gravés leurs noms ?
D’autres esclavés – désignation dans des textes historiques et qui nous vient du vieux français. Personnellement nous n’aimons pas le terme, esclave, car personne ne naît esclave — eurent recours au suicide et à l’avortement comme formes de résistance.
D’autres encore marronnèrent par l’imaginaire.
Ci-après ce beau récit de Dany Bébel-Gisler dans Léonora, l’histoire oubliée de la Guadeloupe :
« Le sorcier leur dit :
— Ils vont voir. Préparez-vous, nous partons, il est temps.
— Comment pourrons-nous faire ?
— Je vous le dis, préparez-vous.
— Nous ne pourrons jamais retourner en Afrique. Ce n’est pas avec nos pieds faits pour la boue que nous marcherons sur la mer.
— Préparez-vous, je reviens tout à l’heure.
Le Nègre est allé dans le poulailler du Blanc.
Il a pris deux œufs.
–Je vous le dis, partons.
Une partie l’a suivi, une partie est restée. Ils sont allés sous le pont Moko, à Le Boucan, là où les gens prennent la pirogue pour aller à La Pointe.
–Ce n’est pas avec nos pieds que nous marcherons vers la mer.
L’Africain le savait.
Ils sont partis sous le pont.
Il a fait son sorcier, a cassé les deux œufs.
Un grand bâtiment est apparu.
Ils sont partis. Ils sont retournés en Afrique. »