L’opposition parlementaire tente de mettre K.-O. le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, avec pour motivation son « unbecoming conduct in remaining on the roll of practicing notaries and receiving clients’ monies while being a Minister and of his disgraceful failure to discharge his Ministerial duties responsibly and/or adequately ».
Les cyniques diront que probablement c’est un peu tard pour tirer des dividendes de cette démarche vu que l’Assemblée est à la veille de la dissolution pour laisser la place à un gouvernement intérimaire jusqu’à la composition de celui qui émergera des urnes. Les puristes maintiendront que la démocratie n’attend pas pour sanctionner des dérives.
Dans la conjoncture, la question qui reste posée est de savoir si le leader de l’opposition, Arvin Boolell, disposera du temps nécessaire to bring his effort to fruition. Les vacances parlementaires sont annoncées à tout moment. À moins que la majorité ne décide de coller sur le dos de l’opposition l’étiquette de mosion-fizet.
N’empêche que la dernière édition des Economic and Social Indicators de Statistics Mauritius, consacrée aux Environment Statistics, comporte des arguments solides pour acculer la direction politique du ministère de l’Environnement de ce présent mandat. Les chiffres sur le terrain peuvent s’avérer implacables.
D’abord, sur le front du réchauffement climatique, sujet qui préoccupe le monde entier, avec les effets catastrophiques en tous genres se faisant sentir sans discrimination aucune. La solution prônée est une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or que révèlent les données de Statistics Mauritius pour 2023 ?
Tout simplement une hausse de 6,3% de l’Overall Net Greenhouse Gas (GHG) Emissions, et ce en dépit de la réduction de dioxyde de carbone par le secteur de la foresterie et autres utilisations des terres. Et quelle est la cause principale de cette escalade environnementale ?
La réponse à cette interrogation se trouve aussi dans ce document officiel, à savoir que « in 2023, GHG emissions have increased mainly due to a higher fuel consumption in electricity generation activities and transport from the energy sector ».
Et ce secteur de génération énergétique ? Oui. Il y a la formule magique et répétée ad nauseam, à savoir « government’s commitment to produce 60% of the country’s energy needs from renewable sources and to phase out the use of coal by 2030 ». Mais quelle est la réalité sur le terrain à cinq ans de cette date-butoir ?
Les Total Primary Energy Requirements ont progressé de 3,5%, reflétant la tendance de la reprise des activités économiques. Le contraire aurait été sujet de préoccupations. Mais l’évolution des principales composantes rend plus d’un perplexe. Les chiffres de Statistics Mauritius sont éloquents à plus d’un titre, notamment 33,3% de l’électricité est générée à partir du charbon, 48,3% des sources fossiles et 17,6% des énergies renouvelables.
Pire demeure le fait que l’énergie électrique générée des sources renouvelables est en régression d’une année à l’autre, passant de 599 GWh à 574 GWh, soit une baisse de 4,2%. Heureusement, du côté de la bagasse, une hausse de 9,2%, de 283 GWh à 309 GWh, a été enregistrée, permettant de sauver la mise.
Et alors ce double engagement solennel de porter à 60% les sources renouvelables et d’éliminer les importations de charbon ?
L’Environnement pourra tout simplement répondre que cette politique relève du ressort de l’Énergie et des Utilités publiques. Le tour est joué. Toutefois, il y va de l’héritage commun que la génération actuelle lèguera à celle de demain, qui est à nous. C’est vrai ! N’est-ce pas M. le Grand Argentier ?
L’équation de la préservation de l’environnement s’invite surtout au foyer de chaque Mauricien. Oui. Mais la problématique de la gestion des déchets ménagers est un casse-tête. Un chiffre qui devrait faire peur : le volume de Waste Disposal transféré au centre d’enfouissement de Mare-Chicose, installations déjà engorgées, a crevé la barre des 500 000 tonnes, soit exactement 541 141 tonnes l’année dernière, représentant une augmentation de 9,5%.
Un indicateur qui devrait pousser chaque ménage à revoir son mode de vie se résume au fait que le volume d’ordures est de 1,22 kilo par tête d’habitant en 2023. Mais en l’espace de dix ans, le poids des déchets par habitant a augmenté de 29,8% car en 2014, il était encore sous la barre d’un kilo.
Ainsi, cette réalité du terrain dépasse cette simple demande pour des engagements financiers gargantuesques portant sur ces milliards des politiques pour se retrouver à l’humble contribution du citoyen devant son pas de porte.
L’état catastrophique du Mare Chicose Landfill constitue en lui-même un indictment, compounded avec les événements dramatiques au dépotoir de transfert de Roche-Bois avec mort d’homme…