Shoot ! Then aim. Il semble bien que ce présent gouvernement ait fait sienne de cette triste formule ! Celui de tirer aveuglément, et ensuite de chercher la cible. Exemples récents : paiement de la pension aux séniors, stock d’huile et, il y a quelques jours, le “professional fee” des pharmaciens.
Le dénominateur commun de ces sujets ? À chaque fois, le gouvernement de Pravind Jugnauth a été contraint de faire marche arrière ! Après avoir maintenu mordicus qu’il changeait la date de paiement des pensions aux séniors il y a quelques mois, Pravind Jugnauth a été contraint de revoir sa copie face à une levée de boucliers en règle par autant de citoyens directement impactés par cette décision dont on ne comprend toujours pas la logique, que d’organisations sociales et civiles, et répercutée via des médias qui ne sont pas à la botte des nantis du jour.
Oui, des médias qui sont tellement honnis, surtout par un certain ministre qui, tout récemment, s’est offert le luxe de se donner en spectacle sur les antennes de la station nationale de radio/télévision pour cracher son venin et jeter par terre un exemplaire de notre quotidien…
Triste spectacle infligé à des milliers de spectateurs obligés de s’acquitter de la redevance de Rs 150 ! Faut croire que “respect”, “élégance” ou encore “liberté d’expression”, pour certains, ont disparu du vocabulaire. Pravind Jugnauth a envoyé sa ministre de la Sécurité sociale réparer le mal causé pendant plusieurs longs mois, durant lesquels des personnes âgées ont dû prendre leur mal en patience pour pouvoir faire leurs achats et s’approvisionner en médicaments. Puis est venue l’autre gaffe, tout aussi pitoyable qu’inouïe : la fausse pénurie d’huile comestible sur le marché local ! Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans la tête du ministre du Commerce ?
Cela a eu, pour résultat, inévitablement, de créer une vague de “Panic buying” et de confusions dans tous les commerces de l’île des jours durant. Soodesh Callichurn a tenté maladroitement, bien entendu, de se dédouaner, en arguant qu’il s’agissait d’une mesure de précaution, prise après que certains fournisseurs ont envisagé de stopper l’importation de ce produit pendant trois mois. Et patati, et patata… Ensuite, la semaine dernière, il convient de le préciser, le 26 du mois, est venu le projet qui devait prendre effet dès le 1er avril, soit cinq petits jours seulement plus tard, de l’imposition des “professional fees” de Rs 100 à l’intention des pharmaciens.
Après un tollé qui a duré tout le week-end, le 28 mars, en début de journée, ledit projet était renvoyé au placard ! Sommes-nous dirigés par un gouvernement qui pratique royalement le “trial & error” comme principe ? Est-ce que ce pays a un capitaine aux commandes ? Que diable se passet- il dans cette dite démocratie, où le droit de manifester est subtilement bâillonné, sous le prétexte des mesures sanitaires ? Que font nos politiques en cette reprise si attendue du Parlement ? Devons-nous seulement nous limiter à des conférences de presse ou ne pouvons-nous pas envisager des mobilisations, même si elles ne peuvent être massives ?
À leur décharge, les activistes de Linion Pep Morisien gagnent au moins à ne pas rester inactifs ! Manifs et pistes de réflexions sont à l’agenda, sur la foule de sujets qui oppriment le peuple. Et ce ne sont pas les causes à défendre qui manquent, bien au contraire. Nombre de familles mauriciennes ne mangent plus à leur faim et n’arrivent plus à joindre les deux bouts, pendant que les nantis du pouvoir, eux, voyagent en première classe et se font plaisir… au nom du peuple. L’heure est trop grave pour qu’on s’en tienne à sa “comfort zone”. Les Mauriciens éveillés et avertis ne veulent pas que leur patrie finisse comme ces pays qui font actuellement faillite.
Successivement, les rapports du Public Accounts Committee (PAC) et de l’Audit sont venus confirmer ce que l’on craignait le plus : nous allons droit vers la banqueroute ! La pandémie mondiale, d’une part, et la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ensuite, bousculent tout autour de nous. La donne change perpétuellement. Nous n’avons aucun droit moral de rester les bras croisés et de regarder notre pays couler.