Le procès de Bernard Maigrot s’est poursuivi en Cour d’assises, procès présidé par le juge Lutchmyparsad Aujayeb. La séance a été en grande partie consacrée au témoignage de Saraspadi Mooneesamy, une femme de ménage, qui avait travaillé chez Vanessa Lagesse. Elle a fait part d’un appel provenant d’un inconnu le jour où le corps sans vie de la styliste avait été découvert dans sa baignoire, soit le 10 mars 2001. D’autre part, Chandramesh Bholah, le responsable du restaurant Paparazzi à Grand-Baie, a été appelé dans un premier temps à la barre des témoins. Il a été interrogé par Me Darshana Gayan, représentante de la poursuite.
Me Gayan : Le 9 mars 2001, Thierry Lagesse, Bernard Maigrot, son épouse et leurs enfants étaient venus au restaurant Paparazzi ?
Bholah : Je me rappelle qu’il y avait Thierry Lagesse et Bernard Maigrot. Je ne me rappelle pas trop des enfants.
DG : Dans votre Statement à la police, en date du 29 mars 2001, vous avez dit qu’il y avait quatre adultes et quatre enfants. Une addition de Rs 3 866 avait été réglée par chèque par Thierry Lagesse.
CB : C’est exact.
DG : Dans votre Statement, vous dites que Bernard Maigrot était arrivé avant Thierry Lagesse ?
CB : Oui.
DG : À quelle heure Thierry Lagesse avait-il réglé l’addition ?
CB (se basant sur l’addition qui lui est montrée) : 21 h 47.
DG : Une autre heure est indiquée sur le document.
CB : 20 h 13. C’est l’heure quand la commande avait été passée.
DG : À quelle heure ont-ils quitté le restaurant après avoir payé l’addition ?
CB : Environ 10 à 15 minutes après.
Il a ensuite été contre-interrogé par Me Gavin Glover, Senior Counsel, l’avocat de Bernard Maigrot.
Me Glover : Dans votre premier Statement à la police, en date du 29 mars 2001, vous dites que Bernard Maigrot et Thierry Lagesse étaient venus avec leurs enfants.
CB : Oui.
GG : Vous avez aussi mentionné qu’il y avait une autre femme avec eux. Vous vous souvenez de qui c’était ?
CB : Je ne me souviens pas.
GG : À 20 h 13, on avait passé la commande. C’est la serveuse Kathy qui avait demandé au barman d’enregistrer la commande sur le système ?
CB : Oui.
GG : Au bas du document, il est mentionné « facture fermée : 21 h 47 ». À cette heure, la serveuse avait enregistré le paiement effectué par le client.
GG : Mais dans votre 2e Statement, en date du 6 juin 2001, vous dites que la police était venue chercher le reçu avec vous.
CB : Oui.
GG : Ce reçu avait été émis depuis la machine ?
CB : Du bureau.
GG : De la comptabilité. Et d’après ce reçu, la commande avait été passée à 22 h 13. C’est dans votre Statement. Personne n’a trouvé cette erreur sur l’heure.
CB : J’avais fait une erreur dans mon premier Statement.
Après la suspension d’audience, Saraspadi Mooneesamy, qui travaillait comme femme de ménage chez Vanessa Lagesse, a ensuite été appelée à la barre des témoins, où elle a été interrogée par Me Gayan.
Me Gayan : Vous aviez travaillé chez Vanessa Lagesse depuis sept mois avant sa mort ?
Saraspadi Mooneesamy : Oui.
DG : Le 10 mars 2001, à quelle heure étiez-vous arrivée chez Vanessa Lagesse ?
SM : Aux alentours de 13 h.
DG : Qu’aviez-vous fait ensuite ?
SM : J’ai essayé d’ouvrir la porte d’entrée, pour laquelle elle m’avait fourni la clé. J’ai ensuite essayé d’ouvrir une grille derrière cette porte, mais je n’y suis pas parvenue à le faire. J’ai attendu un moment. J’entendais de l’eau qui coulait. Je pensais que Mlle Lagesse était sous la douche. Je l’ai appelée. Elle n’est pas sortie. La sonnerie du téléphone a alors retenti.
J’ai appelé la mère de Vanessa Lagesse. Elle est venue pour ouvrir la grille mais sans succès. Le téléphone était situé à côté de la porte. J’ai passé ma main à travers la grille et pris l’appel. Un monsieur m’a parlé. Il avait déjà appelé une semaine auparavant.
DG : Vous pouvez reconnaître cette voix ?
SM : Non.
DG : Que pouviez-vous voir à travers la grille ?
SM : À travers la grille, je pouvais voir son lit. L’abat-jour avait été renversé. Il y avait des taches de sang, mais j’avais alors pensé que c’était du vin.
DG : Pourquoi avez-vous pensé à du vin ?
SM : Il y avait eu un dîner hier.
DG : Et ensuite ?
SM : Je suis allée dans la dépendance où habitait Sunita, la servante de Mme Tostée. Elle y habite avec son mari, Somduth. Ce dernier est ensuite venu nous dire qu’on a retrouvé Mlle Lagesse dans la baignoire et qu’elle était déjà morte. Je suis repartie vers la résidence de Mlle Lagesse.
DG : Qu’avez-vous trouvé ?
SM : Mme Pitot, la tante de Vanessa Lagesse, était là-bas avec son mari, et m’a empêchée d’entrer. Il y avait aussi d’autres personnes, dont les proches et la police. Il y avait aussi sa sœur, Mlle Anne.
Les deux draps utilisés comme pièces à conviction par la poursuite ont ensuite été montrés au témoin.
DG : Vous reconnaissez ces draps ?
SM : Le premier drap parait petit. Il se pourrait qu’il s’agisse d’une nappe. Les draps de Mlle Lagesse étaient grands. Le deuxième est son drap.
DG : La dernière fois que vous avez fait la lessive chez Mlle Lagesse, quels linges aviez-vous lavés ?
SM : Je ne m’en souviens pas.
DG : La police était venue prendre une déposition chez vous en février 2011?
SM : Le CID m’avait emmenée aux Casernes centrales. Je leur ai remis un drap similaire à ce qu’on vient de me montrer. Ce drap m’avait été donné après un partage des effets de Vanessa Lagesse, je ne sais pas quand.
Elle a ensuite été contre-interrogée par Me Glover.
GG : La lumière était-elle allumée dans la maison ?
SM : Je ne sais pas.
GG : Y avait-il une bougie allumée ?
SM : Oui. Sur une table dans le salon.
GG : Quand vous aviez pris l’appel, un monsieur vous avait parlé. Il vous avait demandé si Vanessa Lagesse était présente. Vous lui avez demandé « de la part de qui ? ». Il a répondu qu’il s’agissait d’un ami.
SM : Oui.
GG : Il vous a demandé si Vanessa Lagesse était partie travailler ? Vous lui avez dit que vous n’en savez rien ?
SM : Oui.
GG : Quand vous avez accompagné le CID aux Casernes centrales le 24 février 2011, vous leur aviez remis le drap que vous avait donné Sonia, la sœur de Vanessa Lagesse, dix ans plus tôt ?
SM : Oui.
GG : En mars 2001, après le décès de Vanessa Lagesse, vous étiez partie travailler chez Mme Sonia ?
SM : Oui.
GG : Vous êtes sûre que les deux draps qu’on vous a montrés étaient bien dans la maison de Vanessa Lagesse ?
SM : Oui.
GG : Vous dites que la porte donnait dans le salon. Là où vous vous teniez, vous pouviez voir à l’intérieur de la maison. Le divan n’était pas à sa place, l’abat-jour avait été renversé. Il y avait une bougie allumée.
SM : Oui.
GG : Vous aviez vu des gens qui pénétraient dans la maison ?
SM : Mme Pitot.
GG : Qu’en est-il de Jayraz, du « misie alman » et du DR Ménagé ?
SM : Ils étaient déjà à l’intérieur
GG : Ils étaient entrés avant même l’arrivée de la police.
SM : Oui.
L’audience des témoins a ensuite pris fin. La poursuite n’a plus de témoins à appeler, et c’est maintenant au tour de la défense d’appeler les siens, à commencer par deux experts en génétique, qui seront entendus aujourd’hui.