Le Guide - Législatives 2024

ÉLECTIONS VILLAGEOISES: Dans le Nord, Des femmes à l’assaut des conseils de village

Elles ne sont pas si nombreuses pour conquérir et diriger à elles seules les conseils de village qui sortiront des élections de dimanche mais elles sont courageuses et battantes. Jayshree Ganassee à Triolet, Manisha Jhurry à Rivière-du-Rempart, Sarita Seeboruth à Poudre-d’Or ou encore Avita Persun et Madevi Nulliah à Plaine-des-Papayes, elles sont toutes prêtes à affronter l’électorat rural, devenu de plus en plus exigeant… Aujourd’hui, dernier jour de campagne, la mobilisation battra son plein pour convaincre les électeurs dans les divers villages où l’on prévoit une ambiance de fin de campagne à la manière des élections générales avec défilés et rallyes dans les rues.
Sarita Seeboruth ne craint pas la foule. Cette habitante de Poudre-d’Or mène, très à l’aise, campagne en faisant du porte-à-porte et aussi en prenant la parole à des meetings publics où elle interpelle la population sur la qualité de vie qu’elle souhaite. « Toute cette énergie vient de mon for intérieur », dit-elle en ajoutant : « Je ne sais pas, je n’ai pas pu rester les bras croisés lorsque des femmes m’ont fait état de leurs problèmes et aussi de la qualité de vie qui ne s’améliore guère dans le village. J’ai décidé de prendre part à ces élections, surtout qu’il y a eu cette ouverture permettant à plus de femmes de se porter candidates pour les élections régionales ». Élue ou pas, cette directrice d’une école préprimaire, The Shining Stars, compte mener la vie dure à ceux qui dirigeront le conseil de son village. « C’est un premier pas que je fais…. Je vous dirai la suite plus tard », laisse-t-elle entendre comme pour donner une petite indication de son ambition.
Comme elle, Jayshree Gannassee estime qu’après ce qu’elle a pu accomplir jusqu’ici en tant que présidente de l’Union Civique de Triolet — lutte contre l’insécurité dans le village, asphaltage de routes, entre autres – elle peut en faire davantage en devenant conseillère du village. « Je suis venue comme un facilitateur pour les habitants en faisant du travail social. Maintenant, une institution comme le conseil de village s’ouvre à moi. Si j’ai une compétence pour oeuvrer hors du conseil de village, alors pourquoi pas avec lui », dit-elle. « Mo pe amize avek sa eleksyon la », nous dit-elle, confiante en une victoire de son groupe.
Du côté des hommes, ce sont les projets qui abondent lors de cette campagne électorale. Geerjanand Seechurn, leader du Groupement Socialiste de Petit-Raffray, veut créer une jogging track à la forêt de Daruty, qui se trouve dans le village. Michaël Momine, de Trou-aux-Biches, estime que l’environnement se détériore dans son village et qu’il faut en tenir compte. Hedley Purmessur, candidat indépendant à Poudre-d’Or, dénonce, lui, le communalisme qui ravage son village, ainsi que la drogue. À Goodlands, Oodaye Bahadoor se dit confiant d’être élu car « depi 92, nou la, nou pe travay mem, perdi gayne nou pe kontnye nou travail. » À Grand-Baie, le Groupement Progrès de l’Avenir a publié son programme de travail pour les cinq prochaines années dans lequel il s’engage sur divers projets dont la publication d’un journal mensuel pour informer les villageois sur la vie au village. Basant Goorye, leader de ce groupe, compte également lancer un award appelé « Perle de Grand Baie », à l’intention des meilleurs étudiants et athlètes du village. À The Vale, Henayat Maudarbocus du Mouvement Socialiste veut « montre dimounes kouma pou evit diabet ek obezite. »
Si l’on dit que les politiciens au niveau national ne se mêlent pas de ces élections villageoises, on constate que tel n’est pas le cas dans de nombreux villages, sinon dans tous. Ils sont de plus en plus nombreux les candidats rassemblés en « groupes » ou « mouvements » à montrer clairement et ouvertement « ki nou bizin travay avek gouvernman. » Les drapeaux rouges et bleus flottent dans beaucoup de villages et nombreux sont les groupes qui n’hésitent pas à révéler qu’ils sont parrainés par des députés et ministres Ptr/PMSD. Le cas le plus flagrant est à Rivière-du-Rempart où le Parti travailliste et le Mouvement Socialiste Militant (MSM) s’affrontent de loin pour le contrôle du village. Le Groupement Civique de Rivière-du-Rempart est mené par Goorooduth Julleemun, de tendance travailliste, et le Mouvement Progrès pour le Village par Manisha Jhurry, aidée de Sandhya Boygah, une ex-militante rouge, pour la tendance MSM.

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