Élections municipales — Ward 2: Les Curepipiens dans l’attente du changement

Curepipe se prépare aux prochaines élections municipales. Deuxième plus grande ville de Maurice, elle compte 59 362 électeurs, selon le registre électoral de 2024. Le centre de Curepipe (Ward 2) est l’âme de la ville. En dépit de certains développements récents, comme la station de métro, les Curepipiens ne cachent pas avoir le blues face aux bâtiments en décrépitude, le manque de loisirs et l’insécurité grandissante, entre autres.

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Il y a le côté pile et le côté face. D’une part, la nouvelle station de métro érigée sur l’ancienne gare Jan Palach. De l’autre, le bâtiment de l’ancien hôtel Europa, véritable Eye Sore et qui devait être rasé pour faire de la place à un nouveau projet, sous l’ancien gouvernement. Dans un premier temps, il avait été question d’y construire l’Urban Terminal de Curepipe. Puis, c’est un projet de logements sociaux, qui a été annoncé. Mais à ce jour, les ruines d’Europa sont toujours là, sauf qu’il y a un grillage pour y interdire l’accès.

Curepipe, c’est aussi son hôtel de ville, rénové au coût de Rs 140 millions. Même si les lichens ont commencé à faire leur apparition, sur la toiture bleu ciel – couleur de la ville – cela change de l’état de décrépitude dans lequel se trouvait cet édifice inscrit au patrimoine national. À côté, la foire improvisée, avec ses prélarts blancs devenus verdâtres en raison des aléas climatiques, offrant un spectacle en contraste avec l’hôtel de ville.

Louis, habitant de Curepipe, se rend à son travail. Lorsque la question des élections municipales avec lui, il s’emballe. « Quelles élections ? Vous voulez dire qu’on va remplacer ces gens-là et en remettre d’autres qui ne feront rien pour nous ? » L’homme ne cache pas son amertume et confie toute sa peine pour joindre les deux bouts. « Nous sommes de petites gens. La vie est devenue chère, c’est difficile pour moi de joindre les deux bouts, mais qui s’en soucie ? » dit-il.

Selon lui, les élections municipales ne changeront pas la vie des Curepipiens. Raison pour laquelle il ne compte pas aller voter. « Pendant combien de temps ça dure ainsi?  On change une équipe et on met une autre, mais au final, les citoyens n’ont rien à gagner. »

Shankar est marchand à la foire située près de la gare du Sud. Lui aussi ne cache pas son mécontentement, face à la situation. « Avez-vous vu cette foire ? Quand il pleut, il y a de l’eau qui entre de partout. La municipalité ne se préoccupe pas de savoir si vos articles sont mouillés, abîmés, si vous arrivez à vendre…. On sait seulement que vous devez payer votre loyer. »

Il ajoute qu’en période de mauvais temps, il n’y a aucune forme d’aide pour les marchands. «Récemment, il y a eu un avertissement de cyclone de classe III pendant une semaine. Nous n’avons pas travaillé. Personne ne sait comment nous avons fait pour nourrir notre famille .» Il se plaint également de la flambée des prix des denrées alimentaires.

À la foire, Saheed Jauhangeer vend des herbes aromatiques. Cela fait six ans qu’il travaille en ce lieu. « Depuis que nous sommes arrivés ici, il y a des rats de partout. Auparavant, la municipalité faisait mettre du poison à rat chaque deux semaines, mais depuis un an environ, ils ont arrêté. Je ne vous dis pas à quel point les rats ont peuplé et sont en train de faire des dégâts ici. »

Ce dernier précise qu’il faut payer un loyer de Rs 2 000 par mois, plus Rs 1 000 pour la tente, pour pouvoir opérer à cet endroit. « À un certain moment, il y avait également les pompiers qui venaient nettoyer à grande eau, une fois par mois. Mais cela n’a pas duré.» Il souhaite que la municipalité de Curepipe construise une structure plus appropriée, pour qu’ils puissent opérer dans de meilleures conditions. « À cause du manque d’hygiène, nous perdons des clients. »

Marchands ambulants et insécurité

Santa, également commerçante, déplore le manque de contrôle de la municipalité. « Il y a des marchands ambulants partout. Nous payons une patente, mais nous n’arrivons pas à travailler. Personne ne s’en préoccupe. » Cette dernière évoque également le manque de sécurité grandissante dans la ville. « Il y a des drogués qui font le va-et-vient toute la journée. Parfois, j’ai peur de rester seule dans le magasin. »

À la gare, Cathy attend le bus pour aller travailler. Elle dit toute son indignation devant le gros problème de transport qui existe actuellement. « Parfois, j’attends pendant plus de 30 minutes à la gare pour avoir un bus. Où sont tous ces autobus ? Pendant combien de temps allons-nous souffrir comme cela ?», se demande-t-elle.

La jeune maman déplore également le manque de loisirs dans sa ville. « Il n’y a rien ici. Vous partez travailler et vous rentrez pour dormir. Il n’y a aucun loisir. » Elle souhaite ainsi que la prochaine équipe qui dirigera Curepipe se penche sur la question, afin que Curepipe soit une ville animée, avec des possibilités de loisirs, surtout pour les jeunes.

Au marché de Curepipe, Leena se bat contre le déversement d’eau sale provenant des commerces de restauration. « Cela fait 18 ans que je suis ici et 18 ans que je me bats sans succès. Metro inn gagn letan vinn dan Kirpip, dilo sal ankor lamem », peste-t-elle. Elle affirme avoir abordé la question avec un élu de la circonscription No 17, qui a dit qu’il discutera avec la municipalité. « Encore qu’aujourd’hui, nous pouvons nous exprimer. Par le passé, nous ne pouvions rien dire. »

Cette dernière évoque également l’insécurité grandissante dans cette agglomération. Surtout qu’elle doit travailler jusqu’à tard. Un peu plus loin, Mila, qui vend des fruits, se dit à bout, à cause des marchands ambulants. « Je n’arrive plus à travailler. J’ai fait de nombreuses plaintes à la municipalité, mais rien n’a été fait. Cela fait 30 ans que je travaille ici. Auparavant, il y avait des policiers qui faisaient le contrôle, mais maintenant, il y a un laisser-aller », se désole-t-elle.

Reshma opère au marché de Curepipe depuis une quinzaine d’années. Elle affirme avoir fait de nombreuses plaintes à la municipalité, notamment en ce qui concerne les marchands ambulants, ainsi que la présence de drogués qui crèchent dans les environs. « Un jour, je suis allée porter plainte et le lendemain, les drogués ont essayé de m’agresser. Comment se faisait-il qu’ils aient été mis au courant de ma plainte ? »

Depuis, elle se dit contrainte de fermer sa bouche et de « manz ar li ». Elle déplore l’absence des élus de la ville sur le terrain. « Auparavant, il y avait des maires qui venaient nous voir de temps à autre, mais actuellement, je vous dis franchement, moi-même je ne sais pas qui est le maire de Curepipe. »

Feroz Mohamedally, est incontournable au marché depuis 41 ans, déplore lui que l’aire de stationnement réservée aux maraîchers soit envahie par des membres du public. « Quand nous arrivons le matin, nous n’avons pas de place pour nous garer ou livrer notre marchandise. De même, nous avions demandé des toilettes, que nous avons obtenues. Cependant, il n’y a même pas une clé et n’importe qui peut y entrer pour faire n’importe quoi. »

Au-delà des problèmes du marché et de ses bâtiments en décrépitude, Curepipe demeure une ville très fréquentée, notamment pour ses établissements scolaires et de santé très réputés. Le Ward 2, qui s’étend du centre jusqu’à Eau-Coulée, constitue le point névralgique de la ville.

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Ward 2 : 11 444 électeurs

Selon le registre 2024 de la Commission électorale, il y a 59 362 électeurs dans les cinq arrondissements de Curepipe. Le nombre d’électeurs par centre de vote est comme suit :

Ward 1 (Floréal)

Allée Brillant Community Centre – 3 726

Floréal Youth Centre – 997

Rev. Henri Espitalier-Noël Govt. School – 3 670

Floréal SSS – 3 114

Ward 2 (Centre et Eau-Coulée)

Lapeyrouse Govt. School – 3 654

Dunputh Lallah SSS – 1 460

Hugh Otter Barry Govt. School – 1 877

Curepipe Rd Govt. – 631

Notre-Dame de La Confiance RCA – 3 822

Ward 3 (Malherbes et Wooton)

Saint-Esprit RCA – 4 432

Wooton Govt. School – 3 293

Saint-Jean Bosco RCA – 4 784

Ward 4 (Forest-Side et La Brasserie)

Forest-Side SSS – 2 326

Sainte-Thérèse RCA – 3 971

Cité Attlee Govt. School – 5 386

La Brasserie Community Centre – 790

Ward 5 (Camp Caval et Robinson)

Camp Caval Community Centre – 1 099

Robinson Rd Govt. School – 4 549

James Toolsy Govt. School – 6 381

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