La One-Million Electors List de la Commission électorale, devant entrer en vigueur non pas le 16 août, comme c’est le cas traditionnellement, mais à la dissolution de l’Assemblée nationale, compte tenu des dispositions de la Representation of People Act – en raison de la mise en application des recommandations de l’Electoral Boundaries Commission – comporte 129 281 électeurs, appelés à exercer leur droit civique pour la première fois. Donc, des jeunes dans la tranche d’âge de 18 à 24 ans.
Ce nombre représente presque la moitié de la frange d’électeurs âgés de plus de 60 ans. Ou encore un peu moins du double des salariés susceptibles de bénéficier du réajustement des salaires, décidé par le gouvernement dans une conjoncture marquée par une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale.
Ces 129 281 jeunes ne représentent globalement qu’un électeur sur dix. Mais en démocratie, toute voix compte et s’ajoute pour faire ou défaire une majorité, surtout dans une joute acharnée. Feu Sir Anerood Jugnauth était réputé pour sa consigne intransigeante de dernière heure à ses agents en fin de journée de scrutin : « Grate ! grate ! grate ! » et ne pas laisser le moindre vote en suspens. Comme pour réaffirmer que ces 10% de l’électorat constituent davantage de poids que les cinq sous manquants que cherchent des alliances en tous genres et dépassant des fois tout entendement.
Mais la question qui se pose est de savoir combien dans cette cohorte de 129 281 First Time Voters ne se sentent pas trahis par le système d’éducation. Il ne faut pas se leurrer ou se voiler la face en affirmant que l’éducation est un passeport. Mieux, dans cette île Maurice de demain, l’éducation a été, est, et sera un élément incontournable de l’ascenseur social.
Les chiffres témoignent de cette dure réalité. Des quelque 23 000 enfants qui entrent en maternelle en une année, il ne restera qu’un peu moins de 8 000 en fin de parcours académique, soit un sur trois avec un HSC, avec de multiples teintes de réussite. Des voix, certaines les plus écoutées, d’autres les plus entendues, s’élèvent systématiquement pour tirer le signal d’alarme de cet état de choses et réclamer un soupçon de compassion en faveur de ces élèves qui se trouvent dans cette posture malgré eux.
Mais l’arrogance de Nou ki Kone ou Nou pena leson (pas particulières) pou pran ar personn fait que ces recalés du système éducatif ne se sont servis que du Lip Service avec des filières parallèles à géométrie variable. N’empêche que l’Extended Programme, avec ses séquelles pour la vie, est toujours immuable. Probablement à la manière de Jules César dans la pièce de William Shakespeare :
« But I am constant as the Northern Star, Of whose true-fixed and resting quality
There is no fellow in the firmament. »
Peut-être qu’il faut laisser à César ce qui appartient à César.
Néanmoins, c’est aussi vrai que l’éducation ne se résume nullement à un certificat académique. Ce qui doit primer, c’est l’épanouissement intrinsèque de cette jeunesse pour qu’elle puisse affirmer avec assurance, et non comme un slogan creux, que demain est à nous.
Le succès de ces étudiants du Collège Saint-Joseph, qui ont brillé lors du quiz intercollèges organisé par Vatel ou du Deba-Klima de la MCB conjointement avec le Rajiv Gandhi Science Centre, est encore plus rewarding qu’un taux de réussite frisant les 100%, après avoir écrémé les meilleurs des autres institutions scolaires.
Derrière tout succès des jeunes, il y a la main des adultes. Les multiples charismes et compétences des pédagogues qui se sont succédé avant et après l’indépendance ont façonné cette jeunesse d’hier pour faire des adultes d’aujourd’hui. La contribution des collèges privés, avec leur ancrage bien étendu dans le tissu socio-académique avant l’avènement du réseau des Academies, des State Colleges ou des State Secondary Schools, est inestimable, littéralement la pierre angulaire dans la construction de la République de Maurice.
En attendant demain, aujourd’hui traite avec dédain ceux qui, hier, ont jeté les bases du système d’éducation. Aujourd’hui, le centenaire Collège Bhujoharry, montrant la voie à d’autres collèges privés, est appelé à saisir le Privy Council de Sa Majesté le roi Charles III pour avoir droit à ce qui lui est dû légitimement.
Les managers des collèges n’ont-ils pas suffisamment plaidé leur cas devant les instances compétentes appropriées ou face à l’opinion publique au sujet des tracasseries en tous genres dont a recours la Private Secondary Education Authority (PSEA) pour le versement des grants à des partenaires historiques ?
Un règlement en Gentlemen de ce bras de fer – qui perdure entre la PSEA, armée de ses pouvoirs du jour, et les collèges, sous le régime de la Grant Formula, avec un palmarès riche en réalisations – apportera la sérénité nécessaire dans le secteur de l’éducation, la clé de demain, avec les ressources disponibles déployées pour s’attaquer aux problèmes les plus urgents de la jeunesse.