C’est, dans une grande mesure, lorsque l’information est inaccessible voire même cadenassée par l’autorité centrale que des spéculations tous azimuts, des amalgames intempestifs sont effectués et des propos malveillants, comprenant insultes et haine raciale, entre autres, tenus sur d’autres supports médiatiques, notamment les réseaux sociaux. Pourtant, la libre circulation de l’information permet de démêler les nœuds administratifs et politiques à divers niveaux et de consolider la confiance des citoyens dans la gestion des affaires du pays.
L’opacité, en revanche, viole les droits humains et corrompt l’État de droit. C’est pourquoi, la Convention des Nations unies contre la corruption, dont Maurice est signataire, préconise des mesures préventives dont la libre circulation de l’information au regard des décisions prises au niveau de l’administration publique et privée. Car tout gouvernement plébiscité par le peuple a pour seul et unique objectif de servir les intérêts publics. Certes, une Freedom of Information Act (FIA) comporte toujours des restrictions comme celles concernant la sécurité nationale ou la confidentialité de l’État mais le verrouillage complet de l’information, comme tel est le cas actuellement chez nous, éveille les suspicions et évoque une crainte pathologique pour la vérité et la transparence, critères qui devraient pourtant déterminer la ligne de conduite de ceux qui ont des comptes à rendre à la population.
Afin de promouvoir justement la libre circulation de l’information, l’Assemblée générale des Nations unies a proclamé la Journée internationale de l’accès universel à l’information le 28 septembre de chaque année, faisant ressortir que l’accès à l’information, la liberté d’expression et la bonne gouvernance sont intimement liés. Il convient de souligner que bien que l’introduction d’une FIA apparaît pour la première fois dans un programme gouvernemental, celui du MSM/MMM, en septembre 2000, la législation ne demeure à ce jour qu’au niveau des déclarations d’intention. Le manifeste électoral de l’Alliance sociale de juillet 2005 reprenait le projet ce « afin d’établir une plus grande transparence et une plus grande responsabilisation (Accountability) de l’autorité politique, du secteur public et privé et des autres parties prenantes dans les affaires de la nation ». Cependant, dans le programme de mai 2010, il s’est tout bonnement volatilisé. Les programmes du MSM de l’Alliance Lepep de 2014 et l’Alliance Morisien de 2019 en font complètement abstraction, ce qui en dit long sur la volonté de transparence du régime en place.
Pourtant, dans un rapport présenté en avril 2013 par un éminent juriste britannique, spécialiste des lois sur les médias, Geoffrey Robertson recommande l’introduction d’une FIA car l’information, fait-il ressortir, constitue d’abord et surtout, un droit et que lorsque les citoyens sont informés, ils sont plus à même de prendre des décisions importantes en connaissance de cause comme, par exemple, celle de choisir leurs représentants à la plus haute instance administrative du pays. Force est de constater que même avec les contraintes qu’il dit parfois rencontrer pour obtenir les informations nécessaires pour rédiger son rapport, le directeur de l’Audit arrive toujours à faire la lumière sur les gaspillages de l’argent de l’État et les manquements dans les procédures officielles au sein des administrations publiques. Cependant, ceux qui expriment des réserves par rapport au FIA n’ont, semble-t-il, aucun intérêt pour un assainissement de la situation alors que ce sont presque les mêmes critiques sur les comptes de l’État qui reviennent d’année en année.
L’information concerne également le paysage audiovisuel, et le contrôle gouvernemental sur les télévisions locales ne fait certainement pas honneur à notre image de démocratie sur le plan international. Geoffrey Robertson avait ainsi recommandé l’introduction de la télévision privée ; or, force est de constater que ce projet qui revient à la surface seulement le temps d’une campagne électorale, est toujours relégué aux oubliettes lorsque vient le temps d’agir. Alors que l’Alliance Lepep en avait même fait un de ses 12 commandements en 2014, le projet s’est complètement éclipsé en novembre 2019. Or, il convient de reconnaître que le processus de libéralisation des ondes ne pourrait jamais être complet sans celle des ondes télévisuelles locales également. Avec la suspension du directeur par intérim de la MBC à la suite de l’agression d’un employé, il est temps de procéder à un profond remue-ménage au sein de cette institution afin de la rendre compatible avec son cahier des charges que constitue la MBC Act.