Les récents cas d’overdose inquiètent non seulement les travailleurs sociaux, mais aussi la police qui estime que des produits potentiellement mortels ont fait leur apparition sur le marché. « Pe met pwazon dan sintetik pou dimoun fime », affirme-t-on du côté de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU). En cinq jours, il y a eu officiellement quatre morts par overdose alors que quelques décès sont jugés suspects.
Le dernier cas de décès par drogue synthétique s’est manifesté à Baie-du-Tombeau au domicile d’un maçon (40 ans), mercredi. Ses proches l’ont découvert inconscient au sol alors qu’il avait des traces de sang à la bouche et au visage. Il a été conduit d’urgence à l’hôpital Jeetoo où il a rendu l’âme quelques heures plus tard. L’autopsie a attribué son décès à une Acute Cerebral and Pulmonary Oedema”. Alors que sa famille avance qu’il a consommé une substance inconnue.
Et pendant le week-end passé, trois autres personnes ont perdu la vie. Un habitant de Cap-Malheureux a recueilli un maçon (23 ans) dans la localité et qui éprouvait des difficultés à respirer dans la rue. À l’arrivé du Samu, un médecin a confirmé son décès. Entre-temps, un agent de sécurité (28 ans) a été retrouvé inconscient sur la plage de Mon-Choisy et conduit à l’hôpital du Nord où il a rendu l’âme peu après. La police a découvert une seringue et deux morceaux de papiers en aluminium vide dans son sac. Et un habitant de Pointe-aux-Piments (41 ans) est décédé dimanche alors qu’il était en observation à l’hôpital depuis deux jours après avoir consommé une substance inconnue. Ses proches avancent qu’il était un toxicomane. Les résultats des examens toxicologiques sont attendus pour déterminer ce qu’ils ont consommé.
Du côté de l’ADSU, on dit noter que certains types de drogue synthétique sur le marché « sont plus puissants et affectent le corps humain et le cerveau rapidement ». Selon un haut gradé de cette unité, il y a quelques années, des cannabinoïdes synthétiques en poudre étaient importés de certains pays comme la Chine. Ces produits étaient travaillés dans des laboratoires clandestins pour être dilués avec de l’acétone et du benzène. Le mélange est alors passé sur des pailles de thé. Or, avec un contrôle ferme à la douane, des produits étrangers se font rares.
« Les trafiquants se sont rabattus sur des produits locaux beaucoup plus dangereux pour le mélange comme des poisons de rat, de l’arsenic, des vaporisateurs contre les insectes, des produits chimique pour l’agriculture, et des substances hallucinogènes entre autres. Il n’y a presque plus de cannabinoïdes dans des drogues synthétiques, mais que du poison », explique-t-on en ajoutant qu’un individu peut acheter un joint/dose de drogue synthétique pour Rs 75 à Rs 100.
Si pour ce qui est de l’effet, il y a de gros risques d’overdose, la police dit aussi noter une montée de la violence sur l’utilisateur qui peut entraîner des conséquences graves pour son entourage. D’ailleurs, un adolescent de 17 ans a frappé des policiers qui tentaient de l’appréhender, mercredi, à Rose-Hill. Une vidéo en circulation le montre enchaîné et essayant de s’enfuir par la fenêtre. Un policier a alors utilisé du gaz lacrymogène pour le calmer.
Si certains ont dénoncé cet acte, il s’avère que le jeune homme a non seulement agressé trois policiers causant effusion de sang, mais il a aussi frappé son père (36 ans) dans l’Inquiry room du poste de police. Le trentenaire a expliqué que son fils est sous l’influence de drogue synthétique et qu’il pourrait avoir une maladie contagieuse à cause de son hygiène de vie. D’ailleurs, le jeune homme a mordu un Cadet Inspector qui est dans l’attente des résultats après un test de VIH. L’ado est admis à l’hôpital psychiatrique de Brown Séquard.
Pour le travailleur social Ally Lazer, « il n’y a pas de volonté politique pour lutter contre le trafic de drogue ». Les autorités viennent avec des mesures Panadol, selon lui, « au lieu de s’attaquer à la source du problème qui est l’enrichissement ». Et de rappeler que « le trafic de drogue est une économie parallèle ». Il estime que deux aspects sont importants dans ce combat, soit la répression et la réhabilitation. « Le côté répression repose sur des institutions comme la douane, la police et le judiciaire. Ils doivent travailler ensemble pour s’assurer une réduction de l’offre et la demande de la drogue », dit-il.
Et concernant la réhabilitation, Ally Lazer préconise des changements comme le protocole pour la distribution de méthadone aux toxicomanes sous traitement. « Il faut s’assurer que cette méthadone n’est pas source de trafic ou encore que cette substance ne se retrouve pas chez le patient. Nous avons eu le cas où un individu a emmené la méthadone chez lui et son petit-fils en a bu et il est décédé. » Pour éviter ce genre de situation dans l’immédiat, le travailleur social demande aux officiers du ministère de la Santé et la police de bien s’assurer que les personnes sous traitement avalent la méthadone.