Drogues : ki sannla pou tini fami ?

« Ladrog fini twa. Fami tini twa. » Une campagne nationale pour décourager les uns et les autres, jeunes comme adultes, de toucher aux drogues, est actuellement visible sur plusieurs supports média publics. On peut y lire ces deux phrases clés. L’idée du message est que les drogues pourrissent nos vies et que, sans le soutien de nos êtres chers, principalement la famille, les accros aux substances nocives et illicites n’arrivent que péniblement à remonter la pente.
Pourtant, ceux qui sont à l’origine de cette sensibilisation font preuve d’un très grave manquement. Cette campagne s’inscrit dans un contexte où, depuis plusieurs mois déjà, d’innombrables parents n’en peuvent plus et sont montés au créneau pour crier leurs souffrances. Parce qu’ils n’en peuvent plus de dire ce qu’ils vivent.
En juin dernier, un rassemblement de papas et mamans de victimes de drogues, Brown Sugar, drogues synthétiques et autres, au collège Lorette de Rose-Hill, avait vu la participation de… centaines de familles ! Les organisateurs, en l’occurrence, l’Ong Lakaz A/Groupe A de Cassis, soutenue par deux citoyennes engagées, Pouba Essoo et Michèle Étienne, figure publique connue et appréciée, n’en revenaient pas qu’en un dimanche matin pluvieux, autant de pères et de mères aient bravé moult obstacles et se soient déplacés des quatre coins de l’île.
Chacun se bousculait au micro pour ce court moment de parole afin d’exorciser ses blessures à l’âme ! L’expérience s’était transformée en exutoire, ô combien espéré et désiré, par ces parents qui en ont ras le bol de subir, au quotidien, les caprices violents, psychologiques et physiques, de leurs propres enfants. Cette situation n’est pas nouvelle. Cela fait plusieurs années en effet que les travailleurs sociaux sensibilisent l’opinion publique et celle des décideurs aux souffrances multiples de centaines de Mauriciens. Ce qui est nouveau, c’est que d’un petit nombre, ces familles se retrouvent désormais des centaines à vivre ces supplices quotidiens.
Et d’ailleurs, les médias pullulent de faits divers style « père tué par son fils », « une fille s’en prend à son papa » et tant d’autres encore. Il se passe rarement un jour sans qu’un incident ayant pour toile de fond la consommation de drogues ne soit étalé au grand jour. Est-ce que ce présent gouvernement s’en soucie ?
Pravind Jugnauth est conscient du problème grandissant. A-t-il donné signe d’une volonté de venir en aide à ces parents ? Se rend-il seulement compte de ce que traversent ces familles ? Que pense-t-il faire pour qu’effectivement « la fami tini twa » ? Jusqu’ici, malgré tout le tapage médiatique par la société civile, le chef du gouvernement s’entête sciemment dans ses sorties auprès des socioculturels et accumule les opérations “koup riban”. Pourtant, ces mêmes parents iront eux aussi voter prochainement… Il doit bien s’en rendre compte, non ? Et ce ne sont pas des allocations qui vont résoudre le problème !
Il y a une vingtaine d’années, un médecin affecté à la AIDS Unit de la Santé, le Dr Renaud Ng Man Sun, avait suscité la réaction des Mauriciens, société civile et politiques, en prédisant que sans une rapide réaction synchronisée et complète face à la montée du nombre d’usagers de drogues par voie injectable (UDVI), chaque foyer mauricien finirait par abriter une personne dépendante des drogues. Les travailleurs sociaux, soutenus par une prise d’action efficace des autorités, étaient parvenus à faire renverser la vapeur.
Mais il y a une décennie, de mauvaises décisions et une aussi mauvaise politique ont, d’une part, ouvert grande la porte à l’entrée massive des drogues synthétiques. Et de l’autre, en matière de traitement, un manque total de vision fait qu’au final, le pays se retrouve avec quasiment une victime dans chaque foyer ! Un scénario d’horreur pour un petit peuple d’un peu plus d’un million d’âmes. Jugnauth fils rectifiera-t-il le tir ? Ou privilégiera-t-il davantage ses “moves” politiques ?
À l’instar de la comparution d’Ashok Subron en cour, cette semaine, pour une affaire remontant à… 2012 ? Seriously ? Prend-on le peuple à ce point pour des dupes ? Si ce n’est pas une tentative de ternir la réputation d’un citoyen engagé, leader d’un mouvement populaire qui a récemment conclu un accord politique avec la plateforme de l’opposition PTr-MMM-ND, cela y ressemble étrangement !

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Husna Ramjanally

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