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Drogues : ces familles qui meurent…

Ce 26 juin marque la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues. Il est important, à notre sens, de bien souligner l’usage du mot « abus » dans le libellé concerné. Depuis la venue de Lalyans Lepep au pouvoir fin 2014, les régimes successifs des Jugnauth, père et fils, ont placé énormément d’accent sur la répression; des budgets à hauteur de plusieurs millions pour contrer les trafiquants. Equipements de dernière technologie, tant pour la police que les prisons. Tout cela a porté des fruits, certes. Permettant à Pravind Jugnauth de se bomber le torse et s’époumoner à l’Assemblée nationale ou devant les micros des médias, se targuant des innombrables saisies et arrestations.
Mais ça, c’est pour épater la galerie. En mettre plein la vue aux chatwas et autres partisans aveuglés, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Car quand on gratte ne serait-ce que légèrement ce superbe tableau de chasse, que découvre-t-on ? Des souffrances atroces, indicibles, inimaginables. L’horreur que vivent des centaines de familles meurtries, torturées, déchirées, désespérées. Leurs rêves déchiquetés. Leurs espoirs de voir leur progéniture mener une vie tranquille balayés.
Depuis une dizaine d’années, les drogues synthétiques et autres substances nocives pourrissent la vie des milliers de jeunes Mauriciens. Que fait l’État pour ces citoyens ? Quels traitements ? Hormis des centres et Ong souvent dépassés par l’ampleur du problème, parce qu’ils n’ont pas la formation nécessaire pour attaquer ce fléau, quelle réponse apporte Pravind Jugnauth à ces familles ? Ou sont-elles invisibles à ses yeux et à ceux de ses ministres, élus et proches ?
Une mère, au comble de sa détresse, souhaitait, il y a peu, s’immoler et mettre le feu à son fils, toxicomane. Qu’est-ce qui peut bien pousser une femme, qui a donné la vie à cet être, qui l’a porté au prix de mille souffrances, à avoir recours à une solution aussi extrême ? Cette mère confiait qu’elle préférait se donner la mort et emporter avec elle cet enfant. Car elle ne pouvait plus supporter de le voir se détruire chaque jour un peu plus, tomber plus bas, et, au passage, les entraîner, elle, sa génitrice, et les membres de leur famille dans cette spirale infernale !
Des drames humains comme celui-là, notre petit paradis en compte malheureusement de plus en plus chaque jour. Qu’est-ce qui est mis à la disposition de ces familles pour les aider ? Les écouter ? Les accompagner et tenter de les sortir de ces enfers ?
Il y a encore une dizaine d’années, il n’y avait pas toute la panoplie des drogues actuellement disponibles chez nous. Les drogues de synthèse avaient fait leur apparition. Le Brown Sugar, dérivé de l’héroïne, produit archi-mélangé et coupé, perdait du terrain face aux drogues synthétiques qui faisaient des ravages. D’une part, le prix pratiqué : avec Rs 25 chacun, à quatre, une dose était acquise et se partageait, tandis qu’il faut débourser jusqu’à Rs 300 la dose de Brown. Pour une unique consommation. Et de l’autre, le “nisa” différent à chaque fois, puisque les ingrédients changeaient régulièrement, des drogues synthétiques ayant cette particularité. La partie était gagnée d’avance.
Jusqu’à il y a encore quelques années, deux composantes de la société mauricienne surtout étaient victimes des drogues. Les travailleurs sociaux engagés sur le terrain multipliaient leurs appels pour réclamer une prise de conscience et action rapide des autorités. Mais plutôt que de leur offrir une plateforme d’explications et de partage d’informations et de connaissances, les autorités préférèrent agir à leur guise. Pas de concertation, ni de dialogue. Résultat des courses ? Les drogues sont entrées dans les écoles et collèges. Et plus personne n’est à l’abri.
Toutes les communautés présentes dans le pays souffrent au même titre. Le message du secrétaire-général des Nations Unies, Antonio Guterres, à l’occasion du 26 juin, résonne très fort dans ce que nous vivons ici. Il écrit : « Mais, surtout, il faut que les pouvoirs publics montrent la voie. À l’époque où j’étais Premier ministre du Portugal, nous avions apporté des solutions à caractère non pénal en cas de possession de drogue à des fins de consommation personnelle, tandis que des mesures répressives s’appliquaient contre les trafiquants et que des ressources étaient réaffectées à la prévention, à la prise en charge et aux mesures de réduction des risques. » Peut-être que Pravind Jugnauth et son gouvernement pourraient s’en inspirer…

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