Samedi 30 mars 2013. La vie des parents de Keshav Ramdharri, Sylvia et Jeffrey Wright, Amrish et Trishul Tewari, Vikesh Khoosye, Simon “Margéot” Henriette, Retnon Navin Sithanen, Rabindranath Bhobany, Vincent Lai et Christelle Moorghen a basculé à tout jamais en ce fatidique “black saturday”. Quand des torrents d’eau déchaînés ont déferlé dans les rues de la capitale, la scène, indescriptible, était certes digne d’un blockbuster américain, d’un film d’horreur ou de SF, au choix. Mais pour les centaines de Mauriciens qui se trouvaient dans la capitale, c’était l’horreur et la panique générale. Ceux qui ont vécu ces heures terribles ne sont pas prêts de les oublier.
Les autorités s’étaient organisées au plus vite pour aider les innombrables Mauriciens piégés dans les différentes artères principales de la capitale, créant des chaînes humaines pour sauver des vies. Mais malgré tout, ces flots meurtriers ont ravi la vie de 11 de nos compatriotes.
Ce mercredi 30, cela fera neuf longues années que ces parents, traumatisés et meurtris, ont engagé des actions légales et civiles. Non pas pour un dédommagement financier, qui, comme ils le répètent régulièrement, « ne compensera jamais ceux de notre chair et de notre sang que nous avons perdu à tout jamais ». Mais pour trouver la paix et faire le deuil. Et surtout, pour épargner à d’autres familles ce type de drames. Pourtant, durant ces neuf dernières années, pas grand-chose, voire presque rien, n’a été réalisé de manière durable et réfléchie en ce sens. Même pas un plan financier pour aider ces familles, car parmi les victimes, bon nombre étaient des “bread earners”.
Le tout récent épisode du 13 mars dernier nous fait réaliser que nous sommes toujours aussi vulnérables face aux “flash floods”, et ce, partout dans le pays ! Ce type d’inondation rapide et soudaine a fait nouvelle victime : le randonneur vacoassien Zahir Ruhomaun, 17 ans, emporté par la montée des eaux alors qu’il se trouvait dans un bassin à Alexandra Falls.
Malgré l’acquisition d’équipements et de technologie de pointe, malgré des formations poussées et régulières sur un élément en perpétuelle évolution – le changement climatique –, force est de constater que ce présent gouvernement préfère persister à bétonner notre pays au lieu d’adopter des alternatives plus “naturelles”, s’inscrivant davantage dans une logique d’harmoniser développement et aménagement du territoire avec les conditions climatiques. Dommage.
Dans la même veine, la mise sur pied d’un High Level Committee, présidé par Pravind Jugnauth en personne, sur la question des violences conjugales, et le nombre croissant de Mauriciennes qui tombent sous les coups de leur conjoint et autres assassins, semble un énième coup d’épée dans l’eau. Mars dernier, à la veille du 8, date à laquelle on observe dans le monde entier la Journée des femmes, chez nous, c’est le meurtre de Dikshita Veerapen, 25 ans, tuée chez elle, à Bambous, par son compagnon, au cours d’une énième dispute, qui avait défrayé l’actualité. Elle s’était écroulée, ne pouvant plus supporter les coups de son compagnon, Vidianand Beeharry, 28 ans.
Ce même mars a également vu les enterrements de Mahima Gunga, 19 ans, poignardée en plein cœur par son grand-père de 72 ans, de Fadila Futtinga, 31 ans, tuée par son mari, Jiten, et de Swaleha Koyratty, 50 ans, étranglée par son époux, Feizal Abdool Mohabuth, 53 ans. Et Kalpana Koonjoo-Shah s’en tire avec son laïus habituel : « Le gouvernement se penche sérieusement sur le problème. Ces meurtres sont chagrinants. Nous accompagnons les victimes… » Idem pour Pravind Jugnauth qui, plus d’une semaine après les “flash floods”, s’est rendu à Vallée-des-Prêtres pour nous sortir que « les pluies torrentielles sont de plus en plus fréquentes et dangereuses » et que « des dispositions sont prises ».
À chaque fois, c’est la même rengaine : des sommes astronomiques sont votées pour l’aménagement de drains, mais les travaux prennent des siècles avant d’aboutir. Par contre, pour ce qui est des travaux du métro, là, comme par magie, les infrastructures sortent de terre en un rien de temps ! Au grand dam des riverains… Demandez aux habitants de Rose-Hill, d’Ébène, de Vacoas et de tous ceux dont les maisons se trouvent sur le tracé du métro !