L’Université des Mascareignes en est à sa sixième année d’existence. Que peut-on dire sur l’évolution de cette institution d’enseignement supérieur ?
Lorsque nous avions démarré en 2016, uniquement trois chargés de cours détenaient un doctorat. Aujourd’hui, nous en avons 25. Il y a six ans, aucun cours de maîtrise n’était offert. L’école doctorale était aussi presque inexistante.
Aujourd’hui, nous avons introduit quatre maîtrises qui n’ont jamais été offertes à Maurice. La première est consacrée à l’Energy Efficiency and Sustainable Development. La deuxième est l’Artificial Intelligence and Robotics, la troisième concerne le Civil Engineering avec spécialisation en Public Infrastructure. La quatrième est une maîtrise en Sustainable Business Management. Toutes ces maîtrises sont offertes en collaboration avec des universités françaises.
Si tout se passe comme nous le planifions, nous offrirons deux nouvelles maîtrises. L’une en santé publique, et une autre en E-Learning en partenariat avec l’université de Caen Normandie. C’est l’une des meilleures universités d’enseignement en ligne. Nous avons déjà une vingtaine de chargés de cours de notre université qui ont démarré leur première année vers cette maîtrise. Nous prévoyons de démarrer ce cours en septembre. Nous lançons ce cours car l’enseignement hybride est utilisé dans toutes les universités. L’enseignement en ligne est important.
Bien souvent, nous attachons beaucoup d’importance aux plateformes sans connaître les options. Ce cours offre une pédagogie très spécifique. Par ailleurs, à l’école doctorale, une dizaine d’étudiants ont terminé leur cours. Une vingtaine d’autres devront le boucler bientôt. Pour le moment, 35% des chargés de cours détiennent un doctorat. D’ici deux ans, le taux dépassera les 50%.
En termes de publications, le nombre et la qualité ont enregistré des améliorations considérables. Nos enseignants-chercheurs ont aussi publié des livres. Nous avons obtenu deux patentes. En fonction des recherches, nous allons dans la bonne direction. Nous nous focalisons sur des recherches qui répondent aux besoins du pays. Nous nous sommes aussi améliorés sur l’assurance qualité dans l’enseignement. Nous avons aussi démarré un BSc en Digital Humanities avec l’université de Limoges. C’est une grande première à Maurice. Ce cours est une fusion entre l’informatique et les langues.
Par ailleurs, avec le Covid-19, nous ne pouvons plus continuer à produire des étudiants qui ont uniquement une connaissance et que des Soft Skills. Nous devons produire des étudiants qui seront des adultes responsables dans la société. Je m’inspire des universités indiennes où j’ai étudié auparavant. Je pense que le sport, la responsabilité sociale et la musique sont très importants. Si tout se passe comme nous prévu, nous comptons aussi introduire un module de Corporate Social Responsibility pour tous les étudiants. Nous songeons aussi à mettre sur pied une école de musique très bientôt.
Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés durant ces cinq dernières années dans la réalisation de vos objectifs ?
Ma philosophie et celle de la présidente du conseil d’administration est de penser hors des sentiers battus. Pour arriver à cela, il faut faire de sorte qu’on puisse faire sortir des gens, des organisations de leur zone de confort. C’est le plus grand défi. Cela nous a pris du temps mais aujourd’hui, nous voyons les résultats.
Votre institution compte aussi des étudiants étrangers. À ce jour, quel est le pourcentage d’étudiants étrangers qui sont à Maurice ?
Le pourcentage des étudiants, principalement de l’Afrique francophone, était de 20 à 25%. Mais avec la pandémie et les restrictions, nous n’avons pas pu recruter des étudiants. Maintenant, je constate que le nombre d’étudiants étrangers commence à augmenter.
Vous avez lancé le projet Green Charging of Electric Vehicles in Mauritius. Qu’est-ce qui a motivé l’UdM pour ce projet ?
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un Smart Sustainable Campus. Nous sommes dans l’énergie renouvelable et le changement climatique. Ce sont deux grands axes où nous aurons beaucoup de projets.
Ce projet cadre bien avec le développement durable. Nous sommes une université qui se focalise sur le développement durable. D’ailleurs, nous avons une faculté qui porte le nom de Sustainable Development and Engineering. L’aspect de durabilité n’a pas été développé pendant longtemps. Maintenant, notre Focus est sur ce sujet.
Croyez-vous que le nombre de prochains diplômés de l’UdM pourra répondre à la demande du marché des véhicules électriques à Maurice ? Aurons-nous les compétences appropriées pour ce type de véhicule ?
Oui, je le pense. Peut-être que cela ne concerne pas directement les véhicules électriques, mais indirectement. L’électrique est vaste. Cela ne concerne pas uniquement les ingénieurs. Nous avons aussi des gestionnaires qui sont concernés. C’est vraiment un domaine vaste.
Comment l’UdM lutte-t-elle contre le changement climatique ?
Nous avons une équipe à ce sujet. Un directeur a aussi été recruté pour tout ce qui a trait à la durabilité. Une personne de chaque faculté se focalise sur le développement durable. Au niveau de notre bâtiment, nous faisons des études sur notre efficacité énergétique. Nous œuvrons aussi pour ne pas utiliser de papier et de bouteilles en plastique. Notre intention est de faire installer des panneaux photovoltaïques sur notre toit ainsi que des éoliennes.