La rixe sanglante qui s’est déroulée en plein jour, à Camp Yoloff, fait évidemment immensément peur ! Sommes-nous toujours dans notre petite île paradisiaque, où l’horreur ne semble pas avoir sa place ? Comment expliquer une telle violence gratuite ? Heureusement, les forces de l’ordre ont été promptes et les responsables de la mort de Goolam Khodabux sont aujourd’hui derrière les barreaux.
Mais ce qui s’est passé à Camp Yoloff n’est pas un incident isolé. Des bagarres, règlements de comptes, échauffourées, accrochages empreints de violences et autres crimes se multiplient. Les colonnes des médias en pullulent. Et nul n’est épargné : enfants, femmes et vieilles personnes sont battus, séquestrés, passés à tabac et laissés pour morts. La terreur s’installe donc lentement, mais sûrement. Mais pas dans nos mœurs; prions de ne pas en arriver là ! Si d’ici quelques années, les politiques, de pair avec les leaders spirituels et la société civile, ne s’y prennent pas à temps, invariablement nous nous retrouverons avec ce type d’agissements barbares à tout bout de champ, et partout ! Faut-il rappeler que notre île est d’une petite superficie ?
Goolam Khodabux, sexagénaire, est mort des suites d’une agression d’une très rare violence sous les coups de sabres assenés par un gang. Tout a été filmé et a circulé sur les réseaux sociaux ! De nombreux citoyens ont pensé qu’il s’agissait des images d’un film. Mais non ! Tout cela s’est déroulé en plein jour et sous les yeux impuissants et incrédules des passants. Laquelle des deux parties qui se battaient est fautive ? C’est ce que l’enquête policière devra déterminer.
Nous nous retrouvons aujourd’hui avec des énergumènes qui font l’apologie de tous types de violences et qui vénèrent les mauvais exemples. La faute à qui ? A une société qui se développe très (trop !) vite, sans veiller à l’épanouissement humain. Et un gouvernement qui ne semble pas comprendre l’importance de décourager ce type de comportements. Les graines d’origine de ces problèmes remontent aux années 80’, avec l’industrialisation rapide de notre pays. Au nom de la modernisation, le développement humain a été occulté. Et voilà le résultat !
Il y a peu, le “Talk of the town” était le lynchage public. Un phénomène hélas grandissant. Du lynchage, donc, certains qui se croient tout permis et intouchables ont franchi un cap supérieur : la baston. À la base, encore et toujours la sempiternelle rengaine: « Donn li enn bon koreksion ! »
Parce que certains croient, à tort évidemment, qu’ils ont le droit de se substituer aux lois et à la justice. Et pourquoi y parviennent-ils ? Parce que nos lois ne sont pas suffisamment sévères ni fermes. Parce que nos décideurs politiques n’ont pas une réelle volonté de combattre ce type de délits. Et parce que nos policiers sont affairés à d’autres tâches moins importantes que de faire preuve d’une extrême vigilance sur des groupuscules qui génèrent des têtes brûlées, des écervelés et des esprits chagrins épris de fausses idéologies et qui ont tout faux, car n’ayant pas eu les bons enseignements dans leurs parcours.
L’idée de « donn li enn bon koreksion » est en passe d’être un peu trop banalisée. Durant la même semaine où Goolam Khodabocus se battait contre la mort à l’hôpital, un enfant de 12 ans a été blessé alors qu’il se trouvait… à l’école. Donc, dans un circuit supposément sécurisé, où se déroulait un Food & Fun Day ! Une enquête est en cours pour comprendre ce qui s’est passé dans cette affaire.
« Donn li enn bon koreksion », c’est aussi ce qui pousse ces maris et conjoints violents, jaloux et possessifs à se faire justice. Et dans un autre paradigme, c’est aussi ce que l’État israélien fait subir aux Palestiniens en guise de réplique à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. La branche armée de la Palestine n’abrite pas des enfants de chœur, c’est clair. Mais cela vaut autant pour l’armée de Netanyahou ! Cette surenchère de tueries et du massacre des Palestiniens n’est-elle pas une réponse démesurée ?
« Violence begets violence », disait Martin Luther King, ajoutant : « We must meet the forces of hate with the power of love. » Sinon, nous sommes foutus…
Husna Ramjanally