Dollars, euros et CO2…

Nespresso, Adidas, BNP Paribas… Trois entreprises parmi d’autres régulièrement mises à l’index pour ce qu’elles imposent à la planète en termes d’émissions polluantes, mais qui auront, comme tant d’autres aussi, depuis changé leur fusil d’épaule. Est-ce à dire que ce dernier est désormais chargé à blanc… ou plutôt à vert ? Rien n’est moins sûr. La réalité est même totalement différente. Si l’on prend ainsi le cas de Nespresso, la compagnie assure avoir atteint la neutralité carbone en ne proposant que des capsules de café 100 % recyclable. Or, dans les faits, plus de 80 % de l’aluminium qui les compose et 60 % du café contenu seraient perdus. Quant au prétendu recyclage, seules six capsules sur dix retourneraient dans les chaînes de production. On est donc loin des prétentions vertes affichées.

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La même logique s’applique pour Adidas, entreprise émettrice de 6 millions de tonnes de CO2 par an, et qui présente ses baskets comme composés à 50 % de matériaux recyclés. Et ce, alors que seule la tige des chaussures en contient. Quant à BNP Paribas, si la banque met en avant l’ouverture de fonds d’investissement « verts » et son intention de diminuer de 80 % ses financements à la production de pétrole, entre autres choses, la réalité est tout autre : non seulement cela ne couvre pas l’ensemble de ses activités de soutien aux énergies fossiles, mais BNP Paribas induirait même l’émission annuelle de 749 millions de tonnes d’équivalent CO2. Soit une empreinte carbone supérieure à celle… de la France.

L’on pourrait évidemment vous parler aussi de TotalEnergies, de Coca-Cola, etc. La liste des entreprises usant de procédés éthiquement indéfendables pour promouvoir leurs produits et services sous le couvert d’une prétendue responsabilité écologique est longue. Désespérément longue… C’est que s’il est un fléau moderne plus pernicieux encore que ceux ayant mené au désastre climatique annoncé, c’est bien le greenwashing.

Autrement dit un moyen finalement peu coûteux de redorer l’image d’une marque en mettant en avant ses attributs verts, et donc d’en booster les ventes et l’adhésion. Un procédé devenu d’ailleurs tellement courant qu’il en devient difficile de discerner le vrai du faux, celui qui s’implique sincèrement dans un changement de paradigme de production et celui à la recherche constante, et par tous les moyens, d’une croissance exponentielle de ses activités.

D’ailleurs, soyons honnêtes : le greenwashing n’est pas uniquement l’apanage des entreprises et autres conglomérats, mais de tous ceux ayant tout simplement intérêt à garder intact notre système d’économie de marché, et donc politiques inclus. C’est d’ailleurs à ce titre que, tout récemment encore, Greenpeace a décidé de poursuivre la Commission européenne devant la Cour de justice de l’UE afin de contester l’inclusion du gaz fossile et de l’énergie nucléaire dans la liste des « investissements durables » de l’UE. Un label quasi hérétique concernant ces deux sources d’énergie, rendant de fait la démarche comparable à du greenwashing, selon l’Ong internationale.

Et l’on peut comprendre pourquoi. Ainsi, bien que la question du nucléaire divise encore, il n’en demeure pas moins que cette source d’énergie produit énormément de déchets, soit pas moins de 23 000 m3 par an, et dont une partie est hautement radioactive, rappelons-le. Quant au gaz naturel, liquéfié ou non, sa facture environnementale est des plus salées. Certes, il génère des quantités bien moindres de CO2 (dioxyde de carbone), mais en contrepartie, son utilisation booste l’émission de CH4 (méthane) qui, s’il reste bien moins longtemps que le CO2 dans l’atmosphère, a un pouvoir réchauffant multiplicateur (près de 25 fois le CO2). Aussi peut-on effectivement se demander en quoi ces deux énergies se sont retrouvées à être considérées comme « propres ».

On le voit, le combat contre le changement climatique est loin d’être gagné, car il suppose de véritables engagements politiques visant à amorcer un virage à 180° de notre système économique. Problème : personne ne veut réellement de cela. D’où ce triste constat que le greenwashing, quoi qu’étant une « solution Panadol », a encore de beaux jours à couler devant lui. Du moins jusqu’à ce que notre civilisation coule à son tour.

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