Avec les débats de mercredi soir à la Chambre des Lords britanniques sur le dossier des Chagos, l’une des premières réactions notées dans des milieux autorisées est l’extrême méfiance de Port-Louis à l’égard de Londres. Avec l’examen en comité du budget 2014 à l’Assemblée nationale constituant la priorité en fin de semaine, l’étude approfondie des débats publiés dans le Hansard de la Chambre des Lords devra précéder tout commentaire officiel sur les propositions formulées par les intervenants. Cependant, dans la conjoncture et compte tenu des rendez-vous cruciaux de l’année prochaine, dont l’arbitrage devant le Tribunal sur les Droits de la Mer, le gouvernement compte exercer une extrême prudence et une vigilance redoublée face à la « last Minute Manoeuvering » des Britanniques.
« Cette décision du gouvernement britannique visant à proposer une nouvelle étude portant sur un éventuel Resettlement des Chagossiens dans leur archipel natal ne représente autre chose qu’un Trojan Horse en vue de déstabiliser les initiatives et procédures pour rétablir Maurice dans ses droits souverains sur cette partie de son territoire démembré unilatéralement avant l’indépendance. Nous devrons nous en méfier », fait-on comprendre dans les milieux bien informés à l’hôtel du gouvernement en cette fin de semaine.
« Cette nouvelle tentative de Feasibility Study de la part du gouvernement britannique ressemble étrangement à la tactique qu’a adoptée l’ancien ministre anglais, David Milliband, avec le Marine Protected Park autour des Chagos mais excluant la base militaire de Diego Garcia. Cela relève du même procédé en vue de créer une démarcation entre les Mauriciens-Chagossiens et les Mauriciens. Nous savons très bien que cet ancien ministre britannique avait cru pouvoir installer un gouvernement chagossien en exil à Crawley en Angleterre », poursuit l’interlocuteur du Mauricien, confirmant du même coup le net refroidissement des relations diplomatiques anglo-mauriciennes.
A ce stade et en attendant les prochaines délibérations de la Chagos Special Cell sous la présidence du Premier ministre Navin Ramgoolam, deux interventions lors des débats de mercredi soir à Londres sur l’avenir des Chagos ont retenu l’attention et ont suscité les premières appréciations à Maurice.
D’abord, les prises de position de Lord Avebury quant à la nécessité d’inclure Maurice à la table des consultations avec les Américains et les Britanniques au sujet des Chagos. Le camp mauricien note avec satisfaction le fait que lors de ces débats devant la Chambre des Lords, Maurice a été présentée comme le « future sovereign power » sur l’archipel des Chagos.
Dans ses critiques des autorités britanniques au sujet du boycott de Maurice, Lord Avebury est allé plus loin en affirmant que « there is an appeal pending in a case brought by Mauritius against the UK under the international Convention on the Law of the Sea, to be heard in mid-2014, which is indirectly about the UK’s failure to consult Mauritius on the declaration of the BIOT as a marine protected area — the motivation for which, as we now know from the WikiLeaks cable, was to make resettlement impossible. »
Les commentaires de Lord Luce, considéré comme étant très sympathique à la cause des Chagossiens depuis des années déjà, sont également classés dans la catégorie positive à Port-Louis. Ses coups de griffe aux violations des « Human Rights Records » des Britanniques dans le traitement des Chagossiens avec l’exil des années 60 sont appréciés.
La prise de position de Lord Luce sur le volet de la souveraineté devra également faire l’objet d’analyses approfondies au niveau de la cellule speciale. « After all, when we eventually decide — as we will at some point — that sovereignty over the British Indian Ocean Territory should be handed back to the Mauritians, it will be fundamental for them. It is essential that they are regarded as a vital player in any Chagossian solution », soutient Lord Luce.
Toutefois, dans ces mêmes milieux autorisés à l’hôtel du gouvernement l’on ajoute qu’il ne faudra pas s’attendre à de commentaires officiels compte tenu de l’échéance de l’année prochaine pour l’arbitrage du Tribunal des Droits de la Mer. « Il faut savoir que chaque mot ou encore chaque réaction de Maurice sur le dossier des Chagos est suivi avec attention et décortiqué par le Foreign and Commonwealth Office. Nous ne comptons nullement offrir des armes aux Anglais dans ce combat pour la souveraineté », ajoute-t-on.
Par ailleurs, intervenant lors de l’examen en comité du budget 2014, hier, et suite à des interpellations de l’opposition, l’Attorney General Satish Faugoo a indiqué que les Legal Fees des conseils légaux américains et britanniques pour le compte de Maurice sur le dossier des Chagos est de l’ordre de £ 2 millions environ jusqu’ici.
La dotation des Legal Fees dans le budget de 2013 était de Rs 96,8 millions, dont seulement Rs 4 millions pour les appels devant le Privy Council. Pour 2014, les allocations pour les honoraires légaux sont de Rs 79,7 millions, dont le même budget de Rs 4 millions pour les appels devant le Conseil Privé.
DIPLOMATIE ET RELATIONS BILATÉRALES : Chagos, méfiance entre Port-Louis et Londres
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