Les dés sont jetés. Non, il n’est pas question, encore moins l’ambition, de révéler qui des blocs politiques s’apprêtant à contester les prochaines élections législatives, dont la date n’est que la prérogative constitutionnelle de l’Outgoing Prime Minister, constituera le prochain gouvernement, issu des urnes, pour présider aux destinées des Mauriciens pour les cinq prochaines années au plus. Déjà, les formations politiques sont en ordre de bataille avec en ligne de mire la fête du Travail, réappropriée unilatéralement par les politiques aux dépens des travailleurs, et se transformant en un sondage grandeur nature pour ces prochaines consultations populaires.
Avec l’amendement constitutionnel du gouvernement MMM-PSM de juin 1982, le Mauricien ayant atteint l’âge adulte peut dormir sur ses lauriers, car les élections législatives doivent impérativement être organisées à intervalle de cinq ans. Ce qui n’est nullement le cas pour les municipales, figées depuis une dizaine d’années déjà. Probablement pour des raisons légitimes aux yeux du pouvoir, privant un électeur sur deux du droit encore plus légitime de vote.
Historiquement, depuis le scrutin du 7 août 1967 se prononçant sur l’indépendance, les Mauriciens seront appelés aux urnes pour la 12e fois, soit la moyenne d’une fois chaque cinq ans en dépit de l’épisode du renvoi des élections générales devant se dérouler en 1972. De quoi être fier d’être Mauricien, car la participation des citoyens demeure le fondement de la démocratie, premier principe fondamental. Avant que les clameurs électorales ne gagnent en intensité, au point d’emporter tout un chacun dans un tourbillon inflationniste de mots, pour ne pas dire d’invectives, volant au ras des pâquerettes, des voix se font entendre pour faire le point en vue d’ennoblir la démocratie mauricienne. D’abord, Genderlinks Maurice ne compte nullement lâcher le morceau et réclame une meilleure représentation féminine, que ce soit dans les travées de l’hémicycle et au sein du Council of Ministers. Cette ONG n’a pas tort d’en faire son cheval de bataille à la veille des élections.
Après chaque scrutin démocratique, Maurice se retrouve à la traîne des pays de la Southern African Development Community (SADC) au titre de l’émancipation politique conjuguée au plus que parfait féminin. Pourtant, sur chaque deux inscrits sur les registres de la Commission électorale, il y a forcément une électrice. Puis, depuis 18 ans, Rezistans & Alternativ, même au risque de se retrouver dans les souliers de cet illustre personnage de Miguel de Cervantes, Don Quichotte, poursuit sa croisade politique en vue d’un toilettage de la Constitution visant à éliminer cet héritage colonial sous forme d’obligation de cette déclaration ethnique sur le Nomination Form de la Commission électorale pour se retrouver sur le bulletin de vote lors des élections législatives. Deux éléments intrinsèques entrant dans le processus de Nation Building de la République. Mais surtout et avant tout valorisant le principe d’égalité dans une démocratie et éliminant toute forme de discrimination sur la voie du citoyen au libre accès à ses droits fondamentaux. Dans ces deux cas de figure susceptibles de projeter la démocratie dans une autre sphère de l’exercice des Droits de l’Homme, le temps de la campagne électorale qui s’annonce s’avère nullement propice, aux yeux des principaux protagonistes sur le terrain, pour corriger ces anomalies flagrantes mais prises pour de l’argent comptant.
Très peu d’indications que d’ici le Jour J du scrutin, les amendements nécessaires seront proposés et adoptés, tenant en ligne de compte ces revendications. Oui. Les sociétés démocratiques fonctionnent sur la base de l’état de droit. Ou encore, les lois d’une nation s’appliquent de la même manière à tous et toutes. Tout le monde doit respecter les règles du jeu, impliquant que les droits et libertés et les processus démocratiques soient respectés et entretenus.
Mais dans un autre cas spécifique, l’autorité politique ne pourra faire abstraction d’une revendication, qui fait autant de bruits. Dans l’obligation de faire réenregistrer sa Sim Card, le citoyen mauricien se demande si un principe de base en démocratie et Droit de l’Homme, à savoir la présomption d’innocence du citoyen, n’a pas été transgressé.
Dans sa stratégie de lutte contre la prolifération du fléau de la drogue et d’identifier les cerveaux derrière le commerce de la mort opérant dans l’anonymat, les autorités ont cru nécessaire d’appliquer une mesure passe-partout sans distinction aucune. La Cour suprême a pour mission de conclure si ceux qui prêtent des intentions antidémocratiques au pouvoir ont raison ou tort.
Et dans la règle du jeu, le judiciaire s’est toujours présenté comme le dernier rempart contre toute dérive et la démocratie ne pourra sortir grandie, même avant les prochaines élections générales…