DENIS PATRICE LEBON
Mauriciennes, Mauriciens, entendez-vous le murmure qui enfle au lointain, cette clameur qui grandit au rythme des vagues de nos côtes ? C’est la voix de celles et ceux qui, las d’être silencieux, réclament le pouvoir d’écrire eux-mêmes les règles démocratiques de leur nation. Il est temps d’agir, de se lever comme un seul homme et d’exiger que cette voix devienne un cri : celle du Référendum d’Initiative Populaire Constituant (RIPC), l’outil démocratique par excellence en vue des prochaines législatives, englobant toutes les réformes que tous les partis politiques pourraient proposer.
À l’heure où Maurice s’apprête à renouveler ses élus, une question brûle les lèvres : comment rendre la démocratie véritablement vivante, participative et directe ? Comment permettre à chaque citoyen d’influer sur la politique nationale, sur les lois qui régissent leur quotidien et sur la Charte fondamentale qui conditionne l’avenir des générations à venir : la Constitution ?
Une réponse, portée par les vents du changement, est le Référendum d’Initiative Populaire Constituant (RIPC). Depuis l’indépendance, notre «démocratie», bien que stable, a souvent donné l’impression de s’être embourbée dans un cadre institutionnel roide, avec des cycles électoraux se succédant sans que les fondamentaux constitutionnels ne soient véritablement questionnés. Si elle a su préserver la paix sociale et promouvoir un certain développement économique, elle a aussi enfermé la voix des citoyens dans une temporalité limitée aux périodes électorales. Les élections générales, tous les cinq ans, apparaissent comme de rares moments d’expression, après lesquels l’écho des urnes se dissipe dans les méandres des compromis parlementaires.
Mais est-ce suffisant ? Est-il acceptable que nous, Mauriciens, ne soyons impliqués dans les choix cruciaux de notre nation qu’à travers la lenteur des cycles électoraux ? La réponse est évidente et cinglante : non. La démocratie n’est pas un instrument passif, se contentant de répartir le pouvoir entre une poignée de représentants tous les cinq ans. Elle doit être une force vivante, où chaque citoyen a le droit inaliénable de façonner directement l’avenir de son pays.
C’est ici que se présente l’outil citoyen de réappropriation ultime : le RIPC, une idée à la fois simple et révolutionnaire, animée par l’ambition de redonner aux citoyens le pouvoir de réformer leur propre Constitution. Ce référendum, tel qu’il est pratiqué dans divers pays — mentionnons l’Uruguay, la Bolivie, la Croatie, la Lituanie, le Liechtenstein, sans oublier des exemples plus proches de nous comme le Kenya, les États fédérés de Micronésie, les Palaos, les îles Marshall et surtout, la Suisse, où il est en vigueur avec succès depuis 1891 — permet aux citoyens désireux d’intervenir sur des questions politiques de proposer des modifications à la Constitution, moyennant de rassembler le nombre requis de signatures. En attendant que ce seuil soit atteint, les citoyens sont incités à s’informer et à débattre. Si la proposition recueille ledit seuil escompté, l’ensemble des Mauriciens est appelé à voter. Si la majorité est favorable, celle-ci est inévitablement mise en œuvre. Ce mécanisme transforme les citoyens en véritables acteurs du changement, capables d’amorcer des réformes directement, sans avoir à passer par les filtres traditionnels des partis politiques. La mise en place du RIPC est techniquement aisée ; il s’agit essentiellement de volonté politique et d’une majorité confortable (3/4) au sein de l’Assemblée nationale. Il n’existe donc aucune raison valable de différer son instauration. C’est pourquoi, pour tout politicien à Maurice se déclarant démocrate, il doit être de sa prérogative absolue de le soutenir !
Vox populi…
Imaginons un instant l’application de cette logique à l’île Maurice : nous, citoyens de cette nation insulaire que nous aimons tant, serions en mesure de proposer, de signer et de voter des amendements à notre propre Constitution à travers un processus foncièrement populaire, sans avoir à attendre que se réalisent les promesses de campagne incertaines ou des décisions parlementaires opaques. Nous pourrions ainsi établir un cadre constitutionnel bien plus en phase avec les réalités et aspirations de notre époque. Ce processus constituerait une véritable renaissance démocratique, une réinvention de tout notre système politique, où la souveraineté du peuple mauricien ne se limiterait plus à l’élection de ses représentants, mais s’étendrait à la révision même des fondements constitutionnels.
Évidemment qu’avant toute réforme constitutionnelle majeure, il est essentiel de consulter la population et d’évaluer les impacts dans le contexte mauricien. Le RIPC offrirait aussi des avantages notables, notamment une participation citoyenne renforcée, permettant aux Mauriciens de s’impliquer activement dans les décisions politiques et dans la modification de sa Constitution, mais jouirait également d’une légitimité accrue, émanant directement du peuple, contribuant ainsi à la stabilité politique et sociale. Le RIPC agirait autant comme un contrepoids aux abus de pouvoir, permettant à la population de corriger des orientations politiques nuisibles ; il assurerait une adaptation plus rapide de la Constitution aux évolutions sociétales, garantissant qu’elle demeure pertinente et représentative.
Par ailleurs, il sensibiliserait les citoyens aux enjeux constitutionnels et encouragerait leur participation active aux divers aspects de la vie politique. En diversifiant les opinions, il offrirait également un espace pour des idées alternatives, enrichissant ainsi le débat politique dans un système qui accorde actuellement plus de place au culte de la personnalité qu’aux grands enjeux déterminants pour les décennies à venir.
Examinons quelques exemples concrets : que se passerait-il si un groupe de citoyens proposait un amendement constitutionnel pour garantir des droits environnementaux plus stricts, parce que leur mémoire collective refuse de faire l’impasse sur le tragique épisode du Wakashio ? Ou si un autre groupe souhaitait consolider les droits des oubliés de la société ; réviser de manière indépendante les limites géographiques des circonscriptions électorales pour éviter le gerrymandering ; introduire la représentation proportionnelle intégrale avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête, afin de garantir la stabilité politique, contrairement à notre système électoral actuel, qui repose sur le vote majoritaire uninominal à un tour et qui ne garantit nullement une meilleure représentation des forces en présence ; mettre en place la révocation évolutive des élus, soumis à des indicateurs clés de performance publique, tels que la réalisation de projets, le respect des engagements, la transparence dans la gestion des fonds publics, etc., permettant ainsi qu’en cas d’échelon critique atteint sur trois trimestres consécutifs, la révocation automatique soit déclenchée ; garantir la souveraineté territoriale et numérique de Maurice en protégeant les citoyens contre les intrusions extérieures ; approuver des lois assurant la transparence des finances publiques et l’accès à l’information ; instaurer des lois défendant le bien-être animal ;
créer un cadre législatif en faveur d’une économie permacirculaire et contre le gaspillage ; établir des mécanismes formels de participation civique, tels que des assemblées citoyennes et des conseils consultatifs, pour une meilleure co-construction des politiques publiques ; développer une médecine d’avant-garde intégrant des technologies d’intelligence artificielle (IA) et de génomique, grâce à des stratégies de santé prédictive ; moderniser le système judiciaire en incorporant des plateformes numériques pour régler les litiges mineurs et adopter une approche de justice restaurative ; restructurer le secteur touristique pour le rendre entièrement durable, avec l’assimilation des communautés locales dans le développement touristique ; créer une autorité d’audit numérique capable de surveiller en temps réel, via des technologies blockchain, la transparence et la traçabilité de l’utilisation des fonds publics et les activités des institutions gouvernementales ; ou encore, faire passer une loi exigeant que la population mauricienne soit consultée par voie référendaire chaque fois que sa Constitution est susceptible d’être amendée. Ces interrogations, souvent reléguées au second plan par des agendas politiques chargés, pourraient soudainement devenir des priorités nationales, portées par la seule volonté populaire et soutenues par l’outil démocratique redouté des dirigeants politiques, pour peu qu’ils en soient raisonnablement informés : le RIPC. Ce dernier incarne une forme de démocratie directe où les citoyens reprennent solidement les rênes du pouvoir. Ils ne se contentent plus d’attendre que les changements viennent d’en haut, mais les exigent, les provoquent et les mettent en œuvre eux-mêmes. C’est là tout le sens d’une démocratie véritablement participative, directe, qui cristalliserait comme jamais auparavant la locution latine : vox populi, vox Dei.
Pour l’inscription du RIPC dans les manifestes et programmes électoraux
À l’aube des élections législatives prévues le 10 novembre prochain, il devient déterminant que chaque formation politique s’approprie le RIPC et l’incorpore avec conviction dans son manifeste et son programme. Cette intégration n’est pas seulement une opportunité, mais une responsabilité essentielle pour façonner l’avenir démocratique de notre nation. Car, qu’y a-t-il de plus démocratique que de permettre aux Mauriciens de redéfinir eux-mêmes les règles régissant leur existence ? Le RIPC devrait devenir l’étendard de tous les partis confondus prétendant défendre l’intérêt général et la souveraineté populaire mauricienne.
Pourquoi n’est-ce toujours pas le cas ? De quoi et de qui ont peur les politiciens mauriciens ?
« Si oule mo vot ou, mwa mo oule kapav desid par ek pou mo mem ek sa Referendum Inisyativ Popiler la
Si ou met sa Referendum Inisyativ Popiler la dan ou program elektoral, mo pou konsider pou kitfwa vot pou ou
Si asterla ou dir mwa ou pa pou kapav ekrir sa nwar lor blan dan ou program elektoral pou ninport ki rezon ou bizin konpran ki mo pa pou kapav met lakrwa kot enn politisyen ki pa soutenir sa Referendum Inisyativ Popiler la. »
Qui sont ceux qui s’opposeraient au RIPC ? Sérieusement, ne voient-ils pas que c’est le peuple qui serait gagnant ?
N’ayez pas peur du peuple mauricien et offrez à mon île natale la liberté qu’elle mérite ; son peuple souverain l’attend. Les Mauriciens désespèrent tant de pouvoir participer directement à l’éclosion véritablement démocratique de leur île. Le RIPC est ce moyen indiscutable de leur conférer le pouvoir de décider sur des questions qui les touchent profondément. Ils pourraient ainsi s’impliquer sans avoir à manifester chaque triste matin, dans la limite de la législation en vigueur ou à parcourir les rues sinueuses de la capitale, lorsqu’ils se comptaient à près de cent cinquante mille âmes désespérées et dégoûtées de voir leurs voix ignorées et balayées d’un revers de main par leur ex-premier ‘sinistre’.
Ceci étant, chaque citoyen doit prendre conscience que la démocratie directe n’est pas uniquement un droit, mais un devoir aux lourdes responsabilités. La possibilité de proposer et de voter des amendements à la Constitution implique une vigilance assidue, une éducation civique renouvelée, une mobilisation active. Le RIPC ne peut réussir que si nous tous sommes prêts à nous informer rigoureusement, à débattre énergiquement, à proposer des réformes profondément réfléchies et à participer pleinement dans la vie politique de notre pays. C’est ici que réside la véritable révolution : dans la prise de conscience que la démocratie n’est pas un état statique, mais bien un processus en constante évolution où chaque citoyen est le garant.
Il est grand temps, pour toutes les formations politiques, de prendre leurs pleines responsabilités et d’inscrire le RIPC dans leurs manifestes et programmes électoraux. Il est grand temps, pour tous les Mauriciens, de réclamer, de revendiquer et d’exiger, à hue et à dia, ce pouvoir qui leur est incontestablement dû.
L’avenir de notre démocratie en dépend cruellement. Ne laissons pas cette veine inouïe nous filer entre les doigts.