Quel dénominateur commun entre le meurtre, toujours pas élucidé de Soopramanien (Kaya) Kistnen, chef agent de Pravind Jugnauth, et les coffres-forts de l’ancien Premier ministre et leader du Parti travailliste Navin Ramgoolam ? Question pour un champion ? Non, la réponse est toute simple : l’obsession (maladive) de Pravind Jugnauth à l’égard de son principal adversaire politique !
Mardi dernier, lors de la PNQ de Shakeel Mohamed sur ce crime énigmatique, Pravind Jugnauth n’a trouvé d’autre parade que d’orienter le débat sur… les coffres de Navin Ramgoolam, l’argent qui s’y trouvait, les ragots du genre de ce qu’en a pensé le leader du MMM, Paul Bérenger, etc. Tout, donc, sauf des éléments de réponse et du concret pour éclairer le peuple sur l’enquête autour de la disparition tragique et incompréhensible de l’ancien homme fort du MSM sur le terrain dans la circonscription No 8 !
Comment expliquer cette idée fixe de Pravind Jugnauth envers Navin Ramgoolam ? À quoi rime cette manie, ce harcèlement presque, de toujours en revenir au même point de départ : les coffres de Ramgoolam ! Quand ce ne sont pas les sous que ceux à ses bottes y ont trouvés, Pravind Jugnauth se délecte à déchiffrer (jouissivement, il nous semble) la liste de produits médicaux à usage privé. Et très souvent, cela s’est produit à l’Assemblée nationale, où devraient avoir priorité respect, intelligence, bonnes manières et pratiques ! Que dalle !
Qu’est-ce qu’on ne doit pas entendre ? La moindre sortie, chaque prise de parole, chaque opportunité constitue pour Jugnauth Jr une aubaine de raviver les mémoires sur l’argent trouvé. Que la station de radiotélévision nationale, sans aucune honte ni amour propre, s’empresse de soutenir avec ses images capturées. Des images servies en boucle, et avec des ralentis… Relevant d’aucun principe journalistique qui soit, mais bien de fanatisme politique, de partisanerie et de médiocrité ! Et dire que cette agence gouvernementale se permet le luxe de taxer chaque Mauricien Rs 150 chaque mois pour ça ! C’est dégoûtant.
Tout cela n’est pas digne d’un Premier ministre. Alors qu’il aurait dû se concentrer sur un comportement qui lui ferait honneur, Pravind Jugnauth cède (trop souvent) à ces excès qui le rabaissent dans les yeux du peuple. « Zéro classe ! » entend-on dire l’autre. Tandis que le pays sombre dans une ambiance fortement empreinte d’insécurité, de peur et de frayeur, le chef du gouvernement n’a d’autre chat à fouetter, semble-t-il.
La situation de plus en plus dégradante du Law and Order dans le pays, avec des échéances électorales, qu’elle soit partielle ou générale, ne devrait-elle pas interpeller un Premier ministre digne de ce nom ? En leader de l’opposition appliqué et citoyen responsable qu’il est, Shakeel Mohamed a tenté, justement, de susciter une réaction positive de Pravind Jugnauth sur cette question cruciale par le biais de ce crime non résolu. Mais il faut croire que celui pour qui Soopramanien Kistnen multipliait les efforts dans sa circonscription, de même que ses deux colistiers, Leela Devi Dookun-Luchoomun et Yogida Sawminaden, n’éprouvent que peu d’égards envers le disparu.
Cela fait déjà plus de trois ans que l’agent principal du MSM au No 8, Soopramanien Kistnen, a été retrouvé mort, le corps partiellement calciné. Autant de temps depuis que les avocats constitués autour de la plateforme commune connue sous le nom des Avengers font pression. Les procédures via le Judiciaire suivent leur cours, mais quid de la police ? Qu’est-il donc arrivé à ce père de famille pour disparaître ainsi en emportant ses secrets ? Quelles informations détenait-il et sont-elles à l’origine de sa disparition brutale ? Le mépris affiché par Pravind Jugnauth mardi au Parlement, en évoquant des « fabrications » et autres « karne laboutik », est très blessant. Pas uniquement pour Simla Kistnen et son fils, mais pour tous les Mauriciens sensibles, qui ont du coeur et qui sont fiers de leur pays. Et ils sont nombreux.
D’aucuns soutiennent qu’il ne fait plus bon vivre ici. Nombre de nos jeunes, dont les plus brillants, s’exilent. Ces jours-ci, le baromètre est encore plus bas. Non pas à cause de l’hiver, mais bien parce que crimes, vols avec violences, rixes, règlements de comptes et autres formes d’attaques se conjuguent au quotidien. Dans sa tour d’ivoire, Pravind Jugnauth en a-t-il écho ?
Husna Ramjanally