Décès de David Gaiqui : Une thrombose coronaire aiguë, la cause du décès

Le CPMO, le Dr Gungadin n’a rien remarqué des orteils cassés (« broken toes) du défunt, dont avait fait état la veuve en Cour

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Une nouvelle séance de l’enquête judiciaire pour faire la lumière sur le décès de David Gaiqui, en mai 2020 dans des circonstances troubles, a eu lieu devant la Cour de district de Port-Louis hier. Le Chief Police Medical Officer, Dr Sudesh Kumar Gungadin, a affirmé que la cause du décès est une thrombose coronaire aiguë. Il maintient qu’il n’a pas remarqué les orteils cassés (broken toes) du défunt, dont avait fait état sa veuve en Cour.
Le Chief Police Medical Officer, a été appelé à la barre des témoins, où il a répondu aux questions de Me Muhummud Bhatoo, représentant du Directeur des Poursuites Publiques (DPP). Il a expliqué qu’il avait pratiqué l’autopsie sur le corps de David Gaiqui le 11 mai 2020 à l’hôpital Dr. Jeetoo. Étaient présents, le chef-inspecteur Caunhye et le Dr Satish Boolell. Il avait soumis son rapport le 15 mai 2020.
Le Dr Gungadin indique que David Gaiqui était décédé d’une thrombose coronaire aiguë. Il explique que l’artère coronaire gauche était complètement bouchée par un caillot sanguin récemment formé, ce qui a conduit à une diminution du flux sanguin vers le cœur, provoquant la mort. Il a maintenu en Cour qu’il s’agissait de la seule cause du décès de David Gaiqui. Dans le même contexte, il a expliqué que ce dernier avait déjà subi un infarctus dans le passé.
Des morceaux du cœur et de l’artère coronaire ont été envoyés au laboratoire pour un examen microscopique, qui a confirmé la présence du caillot sanguin.
Me Bhatoo (MB) : Y a-t-il eu une cause externe à ces conditions ?
Dr Gungadin (SG) : Cette thrombose n’a pas été causée par un facteur externe. Ce sont les conditions du corps qui en sont la cause.
MB : Le Dr Boolell était présent à cette autopsie ?
SG : Oui. Il est d’accord avec mes conclusions.
MB : Le. Dr Boolell a émis un rapport ?
SG : Je ne sais pas.
Me Bhatoo a ensuite abordé les blessures relevées au visage du défunt, dont le Dr Gungadin a fait état dans son rapport.
Le médecin a fait ressortir que ces blessures se trouvaient du côté droit du visage, et résultent d’une chute du défunt, suivant une perte de conscience, avec son visage absorbant l’impact. Il a avoué qu’il est au courant que David Gaiqui avait été admis à l’hôpital Dr. Jeetoo environ une semaine avant sa mort, où il avait subi un traitement pour un ulcère à sa jambe gauche. Lors de l’autopsie, il avait d’ailleurs décelé une prothèse chirurgicale à la cheville gauche.
Me Bhatoo avance que le 10 mai 2020, David Gaiqui avait été vu au volant de sa fourgonnette sur les images CCTV, alors qu’il avait quitté son domicile à Pailles et se dirigeait vers l’hôpital Dr Jeetoo. Le policier qui avait passé en revue ces images, le PC Boodhoo, avait déposé en Cour à l’effet qu’il lui semblait que le conducteur agissait normalement. Le Dr Gungadin a déclaré que certains arrêts cardiaques arrivent silencieusement, et qu’une personne souffrant de cela peut ainsi conduire normalement.
Orteils « cassés »
L’avocat du Parquet a ensuite confronté le médecin légiste à la déposition en Cour de Roselle Gaiqui, la veuve de David Gaiqui. Cette dernière avait récupéré le corps à la morgue de l’hôpital Dr Jeetoo le 11 mai 2020, une fois l’autopsie pratiquée. Elle avait expliqué en Cour que son mari se plaignait de douleurs à l’estomac le 10 mai 2020, avant de se rendre à l’hôpital. Le Dr Gungadin a confirmé que ces douleurs et l’évanouissement sont reliés à la cause de décès.
Roselle Gaiqui avait aussi remarqué des « marques » et du sang coagulé sur le visage, les deux yeux, les oreilles et la bouche et que du sang suintait de ces orifices. Elle avait aussi fait état que les orteils étaient « cassés ».
MB : Le sang coagulé s’accorde avec une chute sur le visage ?
SG : Oui.
MB : Le suintement de sang de ces orifices est normal pour un cadavre ?
SG : Selon les blessures dont j’ai fait état dans mon rapport, il y avait des abrasions aux sourcils, le côté droit de la bouche et les paupières. Le sang peut suinter quelque temps après une autopsie.
MB : Vous avez remarqué les orteils cassés (« broken toes ») ?
SG : Non. Le Dr Boolell n’a rien remarqué non plus.
La magistrate Naazish Sakauloo a ensuite posé des questions au Dr Gungadin.
Magistrate : Pouvez-vous situer les blessures dans le temps ?
SG : Ils dataient de moins de 24 heures. Les abrasions ont été produites lors du frottement du corps avec une surface rugueuse, résultant de la chute.
Magistrate : Des particules ont été décelées dans le corps indiquant le type de surface rugueuse ?
SG : Non, aucun corps étranger n’a été décelé.
Magistrate : Vous dites que ces blessures résultent d’une chute. Sur quoi vous basez-vous pour affirmer cela ?
SG : Sur le « pattern » des blessures. C’étaient toutes des blessures mineures sur le côté droit du visage, sauf pour une petite abrasion qui se trouvait sur le côté gauche du visage.
Magistrate : Ces blessures auraient-ils pu être causées par autre chose qu’une chute ?
SG : Non.
Magistrate : Sur quoi vous basez-vous pour dire qu’il avait fait une chute ?
SG : Je me suis basé sur le « pattern » des blessures. Si elles avaient été causées par d’autres moyens, le « pattern » serait différent, dont des blessures dans d’autres endroits du corps.
Magistrate : Pouvez-vous élaborer sur le lien entre la cause du décès et les douleurs à l’estomac et l’évanouissement?
SG : Un arrêt cardiaque peut commencer par des douleurs à la poitrine, qui s’étend ensuite à d’autres endroits du corps [Il donne une liste de ces endroits]. Il est normal qu’une personne souffrant d’un arrêt cardiaque se plaigne de douleurs à l’estomac.
Magistrate : Pouvez-vous élaborer sur le type d’arrêt cardiaque ?
SG : Le défunt avait déjà eu un autre arrêt cardiaque dans le passé. Il vivait avec cette condition.
La magistrate Sakauloo a alors mis fin à la séance. Cette affaire reprendra le mardi 6 mai prochain.
Une photo de David Gaiqui, nu et enchaîné à une chaise dans les locaux du CID de Curepipe, avait fait la une de l’actualité en 2018. Il avait été provisoirement accusé de vol par la police, mais cette affaire avait été rayée par le DPP par la suite. David Gaiqui avait alors logé une plainte civile contre la police et l’État, réclamant Rs 50 millions pour traitement inhumain et dégradant.
Il avait ensuite été retrouvé mort le 10 mai 2020, apparemment sur le parking de l’hôpital Dr Jeetoo. Sa fourgonnette avait été retrouvée à quelque distance de cet hôpital. L’autopsie avait officiellement conclu à une thrombose coronaire. Le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) avait par la suite ordonné une enquête judiciaire devant la Cour de district de Port-Louis pour faire la lumière sur cette affaire, enquête qui avait débuté le 17 février 2023.

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