Vishal Shibchurn est le troisième détenu interrogé par la Major Crime Investigation Team (MCIT) dans le cadre de l’enquête sur le décès de Jean Cael Permes (29 ans). Tout comme Kusraj Lutchigadoo et Siddick Islam, il a confirmé avoir entendu des cris en provenance de la cellule No 1 de La-Bastille dans l’après-midi du 5 mai, où Jean Cael Permes a été retrouvé mort. Il dit également avoir vu certains Prison Officers courir dans le couloir, après quoi, dit-il, « il y a eu un silence ». Sa déclaration est en contradiction avec celle du garde-chiourme qui avait découvert le corps de la victime, qui avait affirmé n’avoir « pas entendu Permes se plaindre ».
Si les versions des trois détenus semblent corroborer, les enquêteurs de la MCIT souhaitent toutefois établir s’il n’y a eu ou non « exagération » de leur part. Dans ce contexte, l’équipe de l’ASP Seebaruth s’intéresse à la relation qu’entretenait Siddick Islam avec Jean Cael Permes suite à une enquête pour blanchiment d’argent entreprise par l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) en lien avec Ricardo Agathe. L’épouse de Jean Cael Permes, Chianah Permes, a pour rappel acquis une Audi décapotable, qui avait appartenu à Naserah Vavra, la compagne de Siddick Islam.
Le véhicule avait été repeint et sa plaque d’immatriculation changée sans l’aval de la National Transport Authority. La voiture se trouvait chez Khalil Ramoly, beau-frère de Naserah Vavra. La MCIT tentera ainsi d’établir si Siddick Islam n’utilise pas la mort de Jean Cael Permes pour régler ses comptes personnels. Idem pour Kusraj Lutchigadoo, qui s’est plaint de sa détention à La-Bastille depuis longtemps et avait demandé à être transféré.
Les enquêteurs ont par ailleurs demandé à la direction de La-Bastille la permission de visiter les cellules des trois « témoins » afin de s’assurer qu’ils pouvaient réellement entendre du bruit en provenance de la Special Protection Cell No 1. Ils s’intéressent aussi aux circonstances ayant entraîné la mort de Jean Cael Permes. Ainsi se demandent-ils pourquoi le matelas de la victime, qui se trouvait dans sa cellule à La Bastille, était trempé, les enquêteurs n’écartant pas la possibilité que Permes ait pu être victime de « waterboarding », considéré comme une forme de torture, en plus d’être physiquement agressé.
La prochaine étape pour la MCIT sera l’interrogatoire des gardiens qui étaient de service à La Bastille dans l’après-midi du 5 mai. À l’instar de celui qui était responsable du monitoring des caméras de surveillance, et qui a éteint les appareils avant l’arrivée du van transportant Jean Cael Permes de la prison de Beau-Bassin à La-Bastille. Sauf que ce Prison Officer a omis d’éteindre la caméra braquée sur lui et que ses actions ont ainsi pu être enregistrées.
Par ailleurs, un habitant de Grand-Gaube, âgé de 42 ans, a porté plainte à la police pour infraction à l’Information and Communication Technology Act (ICTA). Ce « job contractor » avance avoir logé le 13 janvier une « precautionary measure » après être tombé sur une vidéo dans laquelle Jean Cael Permes faisait des allégations à son encontre et sur sa profession, l’accusant ainsi d’être impliqué dans un trafic de drogue. Le 9 mai, le plaignant affirme que ses amis l’ont informé que ces mêmes vidéos circulaient sur Facebook et qu’elles avaient été partagées par deux proches de Permes. Ce dernier étant aujourd’hui décédé, le quadragénaire avance que des internautes ont fait des commentaires désobligeants, et qui lui porteraient préjudice. Il dit ainsi craindre pour sa sécurité ainsi que celle de sa famille. Une enquête policière a été initiée à ce sujet.